La DG du FMI recommande la création de plus d’emploi et la redynamisation de l’ascenseur social

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La directrice g?n?rale du FMI Christine Lagarde a eu droit ? un traitement sp?cial lors de sa visite au Maroc. Ce qui est tout ? fait normal, non seulement parce qu?il s?agit d?une personnalit? influente au niveau mondial, et au niveau de son pays la France, mais ?galement parce qu?il s?agit d?une amie du Maroc.

La DG du FMI a eu un programme charg? au cours de son passage au Maroc, en route vers la capitale jordanienne Amman. Elle a ?t? re?ue par le roi, le chef du gouvernement, le ministre de l??conomie et des finances, le gouverneur de BAM, le CESE et l?UIC.

Pour Christine Lagarde, cette visite au Maroc constitue une ?tape lui permettant d?exposer les conclusions du nouveau rapport du FMI sur le monde arabe en transition, y compris le Maroc, qui doit faire l?objet d?un d?bat ? Amman. Il est aussi une ?tape lui permettant de discuter avec les responsables marocains les perspectives de coop?ration avec le FMI ? la veille de l?expiration du d?lai d?octroie de la ligne de pr?caution et de liquidit?.

Dans un discours prononc? au CESE Lagarde a exprim? une certaine satisfaction des politiques ?conomiques men?es au Maroc en d?clarant que ???Les pays comme le Maroc recueillent les fruits de leurs efforts de diversification et de promotion des exportations et de l'investissement public. On le voit notamment dans les secteurs ? forte valeur ajout?e comme les industries automobile, a?ronautique et ?lectronique.?? , ajoutant que ?ces progr?s ?? sont d'autant plus impressionnants que la conjoncture ext?rieure n'a pas aid? et que, dans certains pays, les tensions internes s'accentuaient sur le plan ?conomique, social et financier??, ?mais tout en indiquant que ces progr?s restent fragiles.

Si la responsable du FMI a insist? sur la stabilit? ?conomique qui ?? reste une priorit? absolue.?? car ?? Les d?rives budg?taires, l'endettement effr?n?, la mont?e de l'inflation ou l'?rosion des r?serves de change ne feraient que freiner le progr?s et p?seraient en premier lieu sur les plus d?munis.??, elle a n?anmoins introduit une nuance de taille en indiquant que ?? la stabilit? ?conomique en elle-m?me n'est pas suffisante. Les pays arabes en transition font face aujourd'hui ? une crise de l'emploi aux effets d?vastateurs. Le taux de ch?mage global est de 13 % en moyenne. Chez les jeunes, il a plus que doubl? et s'?l?ve ? 29 %! Un niveau parmi les plus ?lev?s au monde. Depuis 2010, le nombre de personnes sans emploi a augment? de 1,5 million.??

Cette donn?e d?mographique et sociale a ?t? centrale dans son analyse car elle la voit d?terminante du fait que la proportion de jeunes dans la population? qui arrivent chaque ann?e sur le march? du travail est la plus forte au monde. Cette jeunesse peut ?tre, selon Lagarde, ?une chance ou une malchance, mais tout en affirmant que? ??toute une g?n?ration pourrait partir ? la d?rive et ?tre marginalis?e, d?chue de sa dignit?, d?poss?d?e de sa place dans la soci?t? ? une g?n?ration ? perdue ?. Partant de ce constat, la DG du FMI arrive ? la conclusion que ??? les d?fis pour la prochaine ?tape de la transition sont clairs : Comment trouver les moyens de cr?er les emplois n?cessaires pour r?pondre aux aspirations d'une nouvelle g?n?ration. Comment cr?er une ?conomie prosp?re et dynamique, porteuse de d?bouch?s pour tous.??. La r?ponse est simple ?? Il faudra doubler la croissance, aujourd'hui voisine de 3 %, et aussi faire en sorte qu'elle cr?e bien plus d'emplois qu'aujourd'hui??, mais la tache est ?? ardue??.

?Christine Lagarde est pass? par la suite aux recommandations,? contenues dans le ?r?cent rapport ?du FMI sur le monde arabe.

Sur le plan ?conomique, elle recommande de revitaliser les PME du secteur formel. Elle a mis l?accent surtout sur la structure industrielle actuelle ?qu?elle trouve ??quelque peu d?s?quilibr?e, avec un petit nombre de grandes entreprises dans le secteur formel, et une multitude de petites unit?s dans le secteur informel. Cette situation n'est pas id?ale.??. Ce d?s?quilibre vient du fait que ?le secteur formel est domin? par quelques grandes entreprises publiques, souvent ? l'abri de la concurrence ? la faveur d'un r?seau d'influences et de relations politiques, ce qui r?duit l'incitation ? innover et ? rester comp?titif. A l'autre extr?me ??un vaste secteur informel form? d'une constellation de petites entreprises.??? Le taux d'informalit? est tr?s ?lev?. Cette informalit? comporte des co?ts manifestes : moins de technologie, moins de capital, moins de main-d'?uvre qualifi?e et moins d'investissement, ce qui entra?ne une moindre productivit? et une perte de comp?titivit?. ? l'heure actuelle, le nombre d'entreprises qui se cr?ent est insuffisant et celles qui existent manquent d'opportunit?s pour croitre et prosp?rer.

Sur le plan social, la DG du FMI pr?vient ??le sentiment est fort que la classe moyenne perd du terrain. Ce sentiment a anim? le soul?vement de la r?gion : les gens ordinaires supportaient de moins en moins la stagnation de leur niveau de vie et la perte d'opportunit?s ?conomiques.??, le Maroc sort perdant ? ce niveau,? ??Dans beaucoup de pays, tels que l'?gypte, la Jordanie ou le Maroc, la part de la classe moyenne dans la richesse sociale est plus faible aujourd'hui qu'elle ne l'?tait durant les ann?es 1960, et la position relative de la classe moyenne ne s'est pas am?lior?e depuis les ann?es 1990, alors m?me que la croissance pendant au moins une dizaine d'ann?es ?tait nettement sup?rieure ? celle observ?e aujourd'hui. Permettez-moi ici de parler franchement : les dividendes de la croissance ont bien trop souvent profit? aux riches en laissant bien trop de personnes sur le c?t?.??. Elle recommande de donner aux ?? citoyens les moyens de gravir l'?chelle sociale pour s'affranchir de la pauvret?, rejoindre la classe moyenne et poursuivre leur ascension. Ils doivent veiller ? ce que les fruits de la prosp?rit? soient partag?s plus largement et plus ?quitablement.??. ?L?ascenseur social en panne depuis des ann?es doit red?marrer sans tarder, une soci?t? ?de classes moyennes est ? la fois stable et entreprenante.

Restructurer l??conomie et ?largir les classes moyennes ne passe pas par un Etat envahissant, selon Lagarde, l'Etat doit, plut?t, ?? se retirer de certains secteurs et s'impliquer dans d'autres. Il doit offrir moins de subventions g?n?ralis?es et plus de dispositifs de protection sociale de base pour les plus d?sh?rit?s. Il doit surtout r?duire son r?le d'employeur pour devenir davantage un r?gulateur impartial et efficace dont le r?le principal est de promouvoir un environnement propice ? l'?panouissement du secteur priv?, la v?ritable source g?n?ratrice d'emplois. Car si le secteur public se retire, le secteur priv? aura l'espace pour cro?tre??

Dans le m?me ordre d?id?es, Lagarde recommande? de ??de prendre les bonnes d?cisions de politique budg?taire et de faire en sorte que les d?ficits n'entra?nent pas une augmentation de la dette publique qui menacerait la stabilit? structurelle.?? ?? de red?ployer les d?penses publiques au profit des investissements dans les infrastructures et les ressources humaines, par exemple en r?duisant les subventions universelles, notamment les subventions ?nerg?tiques aux effets pervers, et en accroissant les d?penses consacr?es ? la sant?, ? l'?ducation, aux dispositifs de protection sociale cibl?s et ? l'investissement public.??, le Maroc est donn? comme exemple de r?ussite ? ce niveau.

Au del? de la stabilit? macro?conomique,? la DG du FMI recommande d?agir sur trois fronts : ??promouvoir un environnement propice au secteur priv?, cr?er des emplois pour les jeunes et appliquer les r?gles avec impartialit?.??

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