Le réenchantement de l’Etat et les limites de la représentation

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afaya

On a souvent dit, durant la d?cennie ?coul?e, que l?Etat national est en crise ? cause des effets de la mondialisation. Des d?bats, dans toutes les disciplines des sciences humaines, se sont engag?s pour pronostiquer sur le devenir de l?Etat-Nation. Partager entre ??l??tatisme?? et ??l?anti- ?tatisme??, ceux qui r?clament ??moins d?Etat?? et ceux qui exigent ??plus d?Etat??, alors que d?autres sollicitent un ??mieux Etat??. D?inspiration lib?rale ou n?o-lib?rale, les p?cheurs du retrait de l?Etat se voient embarrass?s avec la crise que traverse le monde apr?s le 11 septembre, les d?r?glements ?conomiques du capitalisme financier depuis le d?but de 2008 et les menaces grandissantes sur la s?curit? des pays dans le pourtour m?diterran?en. L?Etat f?d?ral am?ricain, par exemple, se voyait oblig? de mettre sous tutelle publique des institutions financi?res priv?es mis en danger par la crise des subprimes.

L?Etat providence ne revient pas en force ? cause de la crise ?conomique, mais aussi ? causer de la violence, de tout genre ?terrorisme, r?voltes des banlieues, des r?gions marginalis?e, des groupes qui r?clament ??le droit d?avoir des droits??, ainsi que des formes de d?sint?grations sociales, et plus particuli?rement de la crise profonde de la repr?sentation.

Le paradoxe du politique, actuellement, r?side dans la d?sacralisation de tout ce qui est ?tatique et le r?enchantement des r?les r?gulateurs de l?Etat en dehors de toute approche ??essentialiste?? de l?Etat comme ??consciences de la soci?t頻, organisation des liens sociaux, expression de la ??volont? collective??, instrument du bien g?n?ral? ??gardien de l?ordre social?? ?etc. En dehors de ces consid?rations classiques, la mont?e des r?gionalismes, des particularismes, des revendications ethniques et linguistiques, impose ? l?Etat de reconsid?rer ses r?les dans le sens de la r?conciliation, l?arbitrage et la r?gulation, mais aussi ? r??quilibrer ses dispositifs, g?rer les tensions internes qui les traversent et att?nuer les contradictions qui caract?risent certaines de ses actions particuli?rement face ? ces revendications. L?Etat, m?me le plus d?mocratique, est complexe, ses instances de d?cisions sont multiples et ses dispositifs sont loin d??tre gouvern?s d?une fa?on homog?ne. L?Etat, comme disait G?rard Duprat,? ??n?est plus ? proprement parler une entit? coh?rente travaillant lucidement sur elle-m?me pour produire des effets calculables sur la soci?t?, mais une sorte de civilisation instable des relations changeantes de pouvoir, diss?min?es dans tout le corps social??.

L?Etat d?cide, d?apr?s les politologues, il r?glemente, r?gularise afin de r?guler les luttes et les tensions qui traversent la soci?t?, en se basant sur des dispositifs normatifs que ses diff?rentes instances produisent selon une r?partition r?fl?chie des fonctions et des objectifs.

Toutefois une ambigu?t? flagrante s?est install?e entre la d?mocratie et le lib?ralisme politique. Celui-ci? est un syst?me qui se fonde sur une constitution consensuellement ?tablie, qui garantit l?organisation? d??lections ??libres et transparentes??, la s?paration des pouvoirs qui g?rent l?Etat de droit?; prot?ge les libert?s fondamentales, et permet une alternance r?elle entre les ?lites, au niveau local aussi bien que sur le plan national. Or, la somme de ces conditions, en fait, r?f?rent au ??lib?ralisme constitutionnelle?? qui peut traduire des choix d?mocratiques sans pour autant les incarner. Car la d?mocratie suppose, en plus de ces imp?ratifs institutionnels et politiques, des droits essentiels, ?conomiques, sociaux et culturels.

On assiste ? une ??croissance?? du discours lib?ral, de tendance constitutionaliste, et une r?gression de la d?mocratie, aussi bien dans les pays d?mocratiquement avanc?s que chez ceux qui tentent de l?exp?rimenter ou de l?implanter en d?pit du poids inhibant des diff?rentes formes d?autoritarisme.

Les nouvelles formes d?in?galit? dont les signes commencent ? se manifester, de mani?res de plus en plus flagrantes, dans le monde comme au Maroc, ne se r?duisent pas seulement ? l??conomique et au social, mais s??tendent aux in?galit?s dans l?acc?s ? la participation ? la chose publique et ? la comp?tence aussi. Il devient de plus en plus difficile de reconstruire le contrat social ou des valeurs communes sans horizon collectif ou m?me de s?engager dans un projet r?formiste sans une animation politique de la d?mocratie dans un cadre r?ellement repr?sentatif soutenu par une v?ritable? strat?gie participative capable de pallier aux d?ficits et aux d?rapages des ?lites issues de la repr?sentation.

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