Agenda Africain : Le Maroc au-devant de la scène

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Un observatoire africain de la Migration et un poste d’envoyé spécial de l’Union Africaine chargé de la migration, voici les propositions phares du roi Mohammed VI, champion de la question migratoire au sein de L’UA. Retour sur la présentation de son agenda africain

Le Maroc reprend sa place africaine et la consolide. Après l’attribution au Maroc d’un siège au sein du Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA, le Roi a présenté l’Agenda Africain pour la question migratoire.

Le Maroc cimente son siège

Le Maroc est revenu au « sein de sa famille institutionnelle africaine » déclare le roi Mohammed VI par le biais de son discours (prononcé par El Othmani). En effet, le royaume reprend son siège au sein de l’UA, un siège poussiéreux et déserté depuis bien longtemps. Une vacuité qui a laissé place aux ronces du Polisario, nous égratignant et nous irritant au sein d’une organisation trop longtemps sous-estimée. En termes d’influence, de cohérence et de légitimité l’UA a encore un long chemin à parcourir avant de concrétiser son essence panafricaine. Mais l’union reste une fondation propice aux dialogues, aux échanges inter-diplomatiques et à la communication, la discipline reine du 21e siècle. Le renouvellement stratégique de la diplomatie est à saluer ainsi que la continuité de l’offensive diplomatique au sein de l’UA contre notre auto-proclamé rival politique l’Algérie. Deux concrétisations de la nouvelle politique étrangère au sein de l’UA ont pris place sous nos yeux.

Premièrement, le gain d’une place au sein du Conseil de paix et de sécurité de l’UA. Fruit d’une vraie partie d’échec diplomatique entre le Maroc et l’Algérie, cette dernière ayant tenté d’utiliser la Tunisie comme proxy, afin de contrecarrer la candidature marocaine (des tractations détaillées exhaustivement par nos confrères de Telquel). Une place au sein du CPS est de grande valeur pour le royaume, particulièrement dans les interactions avec les pays africains au centre de conflit, comme le Mali ou la Guinée-Conakry, avec qui nous pourrons échanger sur nos intérêts communs.

Deuxièmement, la désignation par Alpha Condé du roi Mohammed VI en tant que champion de la question migratoire en Afrique. Question fondamentale en Afrique vis-à-vis des relations intra-africaines et intercontinentales. Une conférence ministérielle sur la migration a eu lieu plus tôt ce mois-ci, amorçant le processus de coopération interafricaine autour de la problématique migratoire en Afrique. Conférence durant laquelle Nasser Bourita avait annoncé la présentation d’un Agenda Africain par le souverain.

El Othmani, représentant Mohammed VI, a prononcé le discours royal. Un discours qui a debuté par un usuel témoignage de soutien au nouveau président en exercice de l’UA pour 2018, le Président Paul Kagamé, ainsi qu’un temoignage de respect et d’amitié envers le Président sortant Alpha Condé et Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’UA, qui pour rappel avait été mis en garde l’année dernière par le Ministre des affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, l’appelant à ce que « le travail de la Commission ne soit pas instrumentalisé pour servir des agendas qui pollueraient l’action de l’Union ».

Agenda africain : L’union fait la force

Un agenda africain qui se veut « inclusif et participatif » mais surtout « flexible, évolutif et non juridiquement contraignant », voici les lignes directrices de l’Agenda Africain selon Mohammed VI.

Le roi procède ensuite à une déconstruction du mythe migratoire africain, souffrant d’une image dégradée et en dégradation continuelle, il évoque plusieurs données essentielles faisant front à la conception actuelle des maux associés à la migration africaine. Ainsi il est rappelé que 85% des revenus des migrants restent dans les pays hôtes et que 80% de la migration est intra-africaine et non intercontinentale.

La démarche est fondée sur « des politiques nationales, sur une coordination sous régionale, une perspective continentale et un partenariat international ». Tout en mettant en exergue des points essentiels tels que « la sécurité, la légalité, la régularité, l’ordre et le respect des droits humains » et ainsi modifier le paradigme migratoire le faisant passer d’un fardeau à « un pilier de la Coopération Sud-Sud ».

Le discours jusque-là axé sur des aspects conceptuels, propose la création d’un Observatoire Africain de la Migration dont le travail devra être « basé sur le triptyque comprendre, anticiper et agir ». Cet observatoire aura pour mission le développement, l’observation et l’échange d’informations entre pays africains afin de mieux maîtriser les flux migratoires. De plus, la création d’un poste d’envoyé spécial de l’UA chargé de la migration, est aussi proposée. Un envoyé spécial ayant pour rôle la coordination des politiques migratoires des pays de l’Union. Enfin, le roi suggère une instruction du processus d’élaboration du Pacte Mondial pour des Migrations sûres, ordonnées et régulières par l’Agenda Africain pour la Migration.

Le monarque conclut sur sa volonté d’action efficace et surtout d’action collective, l’union étant la « clef du succès » et la coopération interafricaine « la voie ».

 

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