Ce qu’il faut retenir de la résolution 2351 sur le Sahara Marocain

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La crise de Guergarate ayant opposé le Maroc et le Polisario a officiellement pris fin avec la résolution 2351 adoptée par le conseil de sécurité à l’unanimité de ses membres, ce vendredi 28 avril. Lors d’une conférence de presse qui a eu lieu le samedi 29 avril, à laquelle nous étions présents, le ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale, Nasser Bourita, a déclaré que l’initiative marocaine d’autonomie, présentée par le royaume en 2007, a été de nouveau confortée par cette résolution adoptée par le conseil de sécurité. Conclusion d’une année de bataille diplomatique.

Lors de la conférence de presse, Bourita a rappelé le début du conflit qui remonte au 16 août dernier alors que le Maroc avait entamé des opérations d’asphaltage entre Guergarate et la Mauritanie, le Polisario déployait ses éléments armés dans cette zone pour stopper l’opération. Il a ajouté que le Polisario pensait que le Maroc allait céder à la provocation « et du coup impacter son retour au sein de l’Union Africaine ».

Malheureusement pour le Polisario, le Maroc a regagné l’UA le 30 janvier dernier et entamé une offensive diplomatique menée par le roi Mohammed VI. Elle débute lorsque le roi appelle Antonio Guterres pour l’alerter sur le danger que représente la présence d’éléments armés dans la zone, rappelle le ministre. Après un communiqué de Guterres faisant part de sa préoccupation quant à l’accroissement des tensions à Guergarate, le Maroc retirait ses éléments de cette zone de conflit. Bourita a indiqué à cet effet que « le fait que le Polisario se soit retrouvé seul à Guergarate signifiait que cette crise était devenue un problème entre lui et l’ONU ».

Les fruits de la stratégie diplomatique marocaine relatés par Nasser Bourita

C’est le 28 avril dernier que le conseil de sécurité a finalement voté la résolution 2351 sur le Sahara préconisant une solution politique et pressant le Maroc et le Polisario à une reprise des négociations de paix sans définir sur quelles bases précises celles-ci devraient être engagées.

Dans cette résolution, le conseil de Sécurité prend note encore une fois de la proposition marocaine en se félicitant des efforts « sérieux et crédibles » consentis par le royaume pour aller de l’avant vers un règlement définitif du conflit artificiel autour de la marocanité du Sahara, a noté Nasser Bourita, estimant qu'il s'agit là « d'un élément fondamental ».

« La résolution du conseil de sécurité est très claire à ce sujet, il existe une dynamique créée depuis 2007, elle constitue aujourd’hui une référence et une base de travail pour l’ONU sur cette question », a fait observer le responsable marocain. Et de souligner que grâce aux actions menées par le roi Mohammed VI, le Maroc a contribué grandement à la création de l'atmosphère de sérénité dans laquelle se sont déroulés les débats au sein du conseil de sécurité.

Plusieurs paramètres contenus dans le rapport du secrétaire général de l'ONU et la résolution du conseil de sécurité rejoignent les éléments de la position marocaine, a fait remarquer Nasser Bourita, précisant que la résolution onusienne réaffirme, clairement, les paramètres du processus politique tels que définis depuis 2007.

Ainsi, pour le conseil de sécurité, ce processus doit être guidé par le « réalisme et l’esprit de compromis », comme en témoigne son appel à ce que les efforts déployés depuis 2006 et les nouveaux développements intervenus depuis soient pris en considération, et ce en faisant preuve de réalisme et d’un esprit de compromis, a expliqué le ministre. Le compromis suppose que chaque partie se départisse de ses positions initiales, a relevé le ministre, précisant que le Maroc en a donné la preuve à travers l’initiative d’autonomie, tandis que les autres parties doivent faire preuve de la même logique de réalisme et d’esprit de compromis en s'éloignant de tout ce qui est "irréalisable et irréaliste".

La nouvelle résolution met l'accent sur la dimension régionale du conflit autour de la question du Sahara marocain, en demandant aux pays voisins de coopérer clairement avec l’ONU et de s’impliquer plus résolument pour mettre fin à l’impasse actuelle et progresser sur la voie d’une solution politique, a poursuivi le responsable marocain. Le conseil de sécurité rejoint ainsi l’appel du secrétaire général de l’ONU en soulignant que « l’Algérie et la Mauritanie peuvent et doivent prêter un important concours à ce processus », a noté Bourita, ajoutant qu'il s'agit là d'un « fait nouveau » dans la résolution onusienne. La responsabilité des pays voisins, en particulier l'Algérie, est soulignée sans équivoque dans cette résolution, comme elle a été évoquée de manière très claire dans le rapport du secrétaire général de l’ONU, a-t-il relevé. Il ne s'agit plus d'une « contribution optionnelle ou volontaire », mais d'une « obligation de s’impliquer dans la recherche » d'une solution définitive à ce conflit artificiel, a dit le ministre. Pour Bourita, la dimension régionale a été clairement évoquée par le conseil de sécurité en considérant que la solution politique à ce différend, qui n'a que trop duré, et le renforcement de la coopération entre les pays membres de l’Union du Maghreb Arabe (UMA), contribueront à la stabilité et à la sécurité de la région. En leur faisant obligation de contribuer à ce processus, le conseil de sécurité a mis les pays voisins devant leurs responsabilités, a-t-il souligné, affirmant que le concours de l'Algérie doit se hisser au niveau du rôle qu'elle a joué dans la création de ce conflit.

En dépit des tentatives des autres parties de dévier l'attention du processus politique, en cherchant vainement à soulever, comme ce fut le cas lors des dernières années, un débat sur les droits de l’Homme, les ressources naturelles et le mandat de la Minurso, le conseil de sécurité a prouvé encore une fois qu'il est conscient que le processus politique reste la clé de toute solution à ce conflit artificiel, a-t-il ajouté.

Il est important aujourd’hui qu’il y ait ce recentrage sur le processus politique et éviter de dresser des obstacles pour détourner l’attention et dissimuler un manque d’engagement des autres parties, a insisté le ministre, précisant que l'absence dans la résolution onusienne de toute référence à la « pleine fonctionnalité » de la Minurso, contrairement à l'année dernière, prouve que cette question n’est plus d’actualité pour le conseil de sécurité grâce à l’interaction entre le royaume et le secrétariat général de l’ONU.

La responsabilité de l'Algérie dans le recensement des populations des camps de Tindouf a été de nouveau pointée du doigt par le conseil de sécurité, tout en insistant sur la nécessité de prendre des mesures concrètes pour la mise en oeuvre de cette opération, a noté le ministre, qui a relevé qu’il s'agit là d'une nouveauté par rapport aux années précédentes.

Bourita a, par ailleurs, salué la position de Washington, réaffirmée par la nouvelle administration américaine, au sujet de la proposition marocaine d’autonomie, qualifiée de "sérieuse, crédible et réaliste", tout en soulignant qu'elle représente une "approche potentielle pour satisfaire les aspirations de la population du Sahara à gérer ses propres affaires dans la paix et la dignité".

La même position a été réitérée très clairement par la France et le Sénégal, a ajouté le ministre, faisant remarquer que « trois pays issus de trois continents convergent vers cette proposition d’autonomie ».

L’adoption à l’unanimité de la résolution 2351 sur le Sahara est une victoire pour la diplomatie marocaine, fruit d’une offensive diplomatique royale jamais réalisée dans l’histoire du Maroc. Le nouveau secrétaire général de l’ONU semble, lui, plus décidé à trouver une solution viable à cette situation épineuse, surtout que le Polisario est en train de montrer des signes d’agitation à cause de l’attitude  frénétique de Brahim Ghali.

Vague de mécontentement à Tindouf, preuve d’un camouflet pour le polisario

Des jeunes des camps de Tindouf ont appelé à un sit-in pour manifester contre les « concessions » de l’administration du Polisario, notamment le retrait de la zone tampon de Guerguarate. Ce sit-in des jeunes de Tindouf serait prévu pour ce mercredi 3 mai devant le secrétariat général du front séparatiste, selon le site « Futurosahara », réputé être proche de Lamine Ould El Bouahli, opposant de Brahim Ghali. Par ailleurs, cette information a été supprimée quelques heures après sa publication.

Ce sit-in va également être l’occasion de protester contre la décision du conseil de sécurité de ne pas inclure les dossiers «des droits de l’Homme» et l’ «exploitation des richesses» du Sahara dans la résolution 2351. Et ce, contrairement à la satisfaction exprimée par le département de Lamamra après l’adoption de la résolution, considérée comme un véritable « succès diplomatique pour la cause sahraouie ».  Pourtant ce même département qui a tout fait pour voir ces éléments inscrits dans le rapport.  D’ailleurs, a ce sujet, l’ambassadeur Français à l’ONU a été très clair, “il y a plusieurs façons de promouvoir les droits de l’Homme” a-t-il déclaré aux journalistes dans les couloirs de l’ONU avant une réunion du Conseil de Sécurité. A cet effet, il a rappelé que dans le cas du conflit qui oppose le Maroc à l’Algérie, “il y a aussi d’autres façons de le faire”.  

Nous sommes donc en présence d’un camouflet pour le polisario, malgré les revendications Algériennes, fruit d’une diplomatie royale d’une précision chirurgicale.

 

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