Décès d’un non-voyant : Une responsabilité accablante

5437685854_d630fceaff_b-

1286
Partager :

Bassima Hakkaoui ne peut pas se cacher derrière l’ensemble de l’exécutif pour justifier l’inertie. Elle est en charge de ce dossier depuis 6 ans et elle ne l’a pas fait bouger d’un iota, malgré les mobilisations successives des organisations concernées

Le drame qui s’est passé dans les locaux du ministère de la solidarité, dirigé par Bassima Hakkaoui, depuis 2012, ne peut être considéré comme un simple accident. Des non-voyants ont organisé un sit-in en haut de l’immeuble et dans les caves du ministère. Sur le toit, le mur de protection étant très peu élevé, il y avait donc danger, vu la nature de l’handicap. L’occupation des locaux est illégale, partout dans le monde. La ministre aurait dû demander l’évacuation par la force publique. Elle ne l’a pas fait par peur du déchainement médiatique.
Maintenant elle a un mort sur les bras. Sa responsabilité politique est engagée sur le fond du problème. L’accès des handicapés à la fonction publique est plus que problématique. Pourtant le gouvernement Youssoufi avait fait voter une loi en 1997, qui réserve 7% des postes aux personnes à besoins spécifiques. Mais depuis 21 ans, les décrets d’application ne sont toujours pas publiés et donc la loi n’est pas appliquée. C’est ce que dénonce justement le mouvement des non-voyants, dont les membres les plus actifs sont surdiplômés.

Bassima Hakkaoui ne peut pas se cacher derrière l’ensemble de l’exécutif pour justifier l’inertie. Elle est en charge de ce dossier depuis 6 ans et elle ne l’a pas fait bouger d’un iota, malgré les mobilisations successives des organisations concernées. Son rôle, dans ce dossier, est celui du plaidoyer et de la proposition. Plaidoyer auprès de la primature, pour faire sortir les décrets d’application, auprès du ministère de la fonction publique pour
les faire appliquer. Elle ne l’a pas fait, répondant à chaque fois que ‘’c’était compliqué’’. Ceux qui trouvent leur métier de ministre ‘’compliqué’’ peuvent rendre les ‘’clefs’’.
L’émoi suscité par la mort d’un jeune non-voyant, demandeur d’emploi, met ce dossier au devant de la scène médiatique. On peut imaginer que la ministre en profite, pour en faire une priorité. Les cadres de son ministère pourraient s’atteler à faire des propositions, pour faire appliquer la loi. C’est ce que l’on peut attendre d’elle, en tant que ministre chargée de ce dossier. Elle n’a pas réussi à faire avancer la revendication de l’école inclusive non plus, c’est-à-dire le droit des enfants handicapés à intégrer l’école publique. Sur la question de l’handicap, son bilan est nul.

En tant que membre du gouvernement, elle doit développer sa capacité d’écoute et de négociation. Avant le sit-in avec occupation des locaux, il y a eu plusieurs réunions au ministère avec les représentants des non-voyants. Si ceux-ci ont choisi un mode de protestation extrême, c’est parce que les négociations n’aboutissaient pas.
Aujourd’hui, les responsabilités étant établies, il faut prendre ce problème à bras le corps, pour que la loi soit appliquée dès le prochain concours d’accès à la fonction publique, après vingt ans d’attente. Si tel est le cas, le jeune défunt ne sera pas mort pour rien, même si sa mort est accidentelle, et déplorable.

lire aussi