Les auditions de la CSMD, la politique autrement

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Les images des dirigeants des partis politiques reçus par les membres de la CSMD marqueront les esprits. Il ne s’agit plus de remise de « mémorandums » dans les salons feutrés des cabinets dont le contenu sera plus ou moins connu, mais d’audience publiques avec diffusion des papiers remis. L’ambiance semble conviviale mais le sujet est grave : connaître la vision de nos élites politiques sur le futur du Maroc. C’est un des premiers dividendes de la constitution et de la démarche de la Commission, « obliger » les corps intermédiaires à décliner leurs programmes s’ils sont disponibles ou se débiner à défaut. Maintenant c’est acquis, chaque organisation dans le futur va porter une attention soutenue à l’aspect programmatique, il y va de sa crédibilité.

Cette réflexion s’impose à la lecture de ce qui a été publié sur le sujet jusqu’à présent et qui souligne quelques premiers constats. La grande majorité des papiers si ce n’est la totalité n’a pas cerné la problématique du « modèle de développement », d’où des réponses inappropriées ou partielles. 

Un modèle de développement doit d’abord se fixer un objectif, dans le cas d’espèce la réponse est évidente : améliorer le bien être du citoyen. La notion de «  bien être » n’est pas sujet à interprétation ou à lecture subjective, elle est composée d’éléments matériels et immatériels mesurables. Le marocain comme tout être humain souhaite être utile à lui même et à la société en exerçant un métier qui lui assure un minimum de confort, assurer à ses enfants un enseignement de qualité, disposer d’un habitat conforme à ses besoins, avoir une couverture sanitaire, se nourrir convenablement et enfin se mouvoir dans un environnement sain et sécurisé.  

L’atteinte de cet objectif dans les meilleurs délais en optimisant les moyens disponibles exige une équipe dirigeante rompue à la gestion moderne de l’administration publique aidée par un environnement législatif et juridique clair et performant.

Les mémorandums se devaient de répondre à trois questionnements pour être exhaustifs dès lors qu’il  y a unanimité sur l’objectif : quelle démocratie et quelle gouvernance pour assurer la meilleure des gestions ? Quels choix économiques pour assurer la meilleure qualité de vie au citoyen ? Le marocain est porteur d’une histoire et d’une culture, comment en faire des atouts pour favoriser  son inclusion dans la société et améliorer notre contribution à la civilisation universelle ?

Rares ont été les mémorandums qui ont cerné l’ensemble de la problématique, à l’exception du travail méritoire de l’association Damir, bien qu’en voulant trop en dire a commis quelques « hors sujet ».

Les contributions des partis politiques et des associations ont apporté des réponses partielles à ces questionnements. C’est le cas du RNI et MNP qui ont préféré se focaliser sur quelques secteurs économiques, l’Istiqlal a présenté un programme gouvernemental avec quelques oublis de taille : l’habitat, le tourisme et la culture, le PPS a privilégié le volet politique avec un programme économique classique et centralisateur, l’USFP s’est contenté de rappeler ses principes et enfin le PJD est demeuré vague tout en mettant en avant les valeurs conservatrices. Les syndicats ont rappelé leurs revendications catégorielles.    

 Les corps intermédiaires auront l’occasion d’enrichir leurs propositions puisque un nouveau round est prévu.

Reste à trouver la réponse à un autre grand questionnement. Une fois la CSNMD ayant fait la synthèse des propositions et ayant sorti le « meilleur » document de synthèse possible qu’est ce qui va faire la différence entre les partis politiques au moment des élections ? Cette question semble sérieusement préoccuper certains observateurs. Pourtant la réponse coule de source, au mieux  l’électeur portera son choix sur le parti qui présentera la meilleure déclinaison/application des choix stratégiques retenus, les meilleures équipes et les engagements chiffrés à réaliser, au pire il suivra les vendeurs de chimères qui veulent profiter de sa bonne foi. 

Les partis politiques étaient loin de se douter que l’invitation du Roi à réfléchir et à proposer de nouvelles solutions aux problèmes de développement allait aboutir à un changement de paradigme quant à la manière de faire la politique.

Voilà un point de gagné pour le Maroc 

 

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