L’audiovisuel public, une histoire de professionnels et de saine gestion

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L’audiovisuel est un secteur aussi stratégique que l’armée ou la police. A ces deux piliers de la défense du pays, on ne demande pas de faire des profits ou de générer des bénéfices, mais d’assurer la sécurité intérieure et extérieure du pays

La Cour des comptes vient d’épingler l’audiovisuel public : Trop de dépenses pour un résultat, disons pour être gentil, mi-figue mi-raisin. 2m s’en tire mieux que la SNRT. C’est en grande partie grâce à la chaîne de la SOREAD que ce que l’on appelle par euphémisme le « pôle public » arrive à retenir encore entre quarante et cinquante pour cent d’audience. Le reste s’envole entre les chaînes arabes, religieuses et non religieuses, et les télévisions françaises et espagnoles. Reviennent alors les sempiternelles questions : Que faire d’un « pôle public » qui n’a réussi ni à produire la dynamique qu’on attendait de lui ni à créer les synergies qu’il promettait ? Faut-il privatiser 2M pour réduire les dépenses de l’Etat dans ce secteur, sachant que la chaîne de Aïn Sbâa était déjà privée avant que l’Etat ne la récupère pour la sauver de l’écran noir ? Le Maroc peut-il se permettre deux chaînes généralistes au moment où l’on attend encore, et que le public appelle de tous ses vœux, la libéralisation de l’audiovisuel entamée à moitié par celle de la Radio qui n’est pas partout probante en termes de qualité ? Mon intention n’est pas de répondre à toutes ces questions. Tous ceux qui se considèrent peu ou prou « spécialistes » de la question ont chacun sa religion en la matière. Ce qui est certain c’est que globalement le public marocain n’est pas content de « ses » chaînes.

Il y a un constat qui ne date pas d’aujourd’hui : Le marché national de la publicité n’est pas assez large pour permettre à l’audiovisuel de se développer et de prospérer. C’est l’une, mais (j’insiste) pas la seule, des raisons qui ont fait avorter la première tentative de libéralisation. Autrement dit, il ne faut pas rêver et croire que les chaînes que compte le pays peuvent un jour atteindre l’autosuffisance et se passer du soutien de l’Etat. L’information c’est de l’argent, beaucoup d’argent, et la production d’une grille des programmes de qualité un rayon excessivement budgétivore. C’est une réalité avec laquelle il faut se résoudre à compter. Je vais énoncer une évidence qui va sans dire, mais qui va mieux en la disant. L’information, la communication, les émissions participent de la confection de l’opinion publique et du façonnement et de l’entretien du lien social et national. Il suffit de se remémorer le funeste rôle qu’a joué la chaîne qatarie Aljazeera dans la préparation et le déclenchement du « printemps » arabe pour s’en convaincre définitivement. Même si la webosphère et les réseaux sociaux viennent le concurrencer sur ce terrain, l’audiovisuel « classique » garde, et pour longtemps encore, toute sa puissance qui en fait un secteur aussi stratégique que l’armée ou la police. A ces deux piliers de la défense du pays, on ne demande pas de faire des profits ou de générer des bénéfices, mais d’assurer la sécurité intérieure et extérieure du pays. Le reste est une question d’Hommes, de stratégie, de professionnalisme, de qualification et de vision ainsi que de gestion saine.

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