Moulin Rouge

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Par Naïm Kamal - « D’abord il y a le désir, puis la passion, ensuite le soupçon, la jalousie, la colère, la trahison […] La jalousie, oui, la jalousie... te rendra démon... » (Moulin Rouge de Toulouse-lautrec)

Chère Amina. Pardonne-moi si je m’adresse à toi par ton petit nom. Si je le fais, c’est parce que ton patronyme me pose problème, je ne sais comment le saisir. Ma’e El-aynayne, est-ce l’eau des deux sources ou celle des yeux ? Où est le dilemme ? me diras-tu.

Dans le premier cas, on est à l’Origine du monde et à la condition sine qua non de la fécondité, qu’elle soit celle des êtres ou de la terre. Les deux vont de pair et s’entrelacent à perpétuité. Relis le Coran voir, et tu verras que j’ai raison.

Dans le second, on est dans le lacrymal, fort malheureusement, souvent de larmes chaudes. La bêtise humaine étant incommensurable, je comprendrais que tu en verses quelques unes aujourd’hui. Mais que te veut-on à Paris, à bras ouvert comme pour accueillir la vie, prête au décollage devant le mythique Moulin Rouge, encore une histoire d’eau, de terre et de grain à moudre ?

Moi je t’en veux. Je t’en veux si et seulement si. Si et seulement si ta photo en maillot de bain deux pièces dépareillées, sortant des eaux fraîches de l’océan, est authentique. Cacher tes atouts dans des atours de voiles et de rêche et terne tissu, c’est franchement dommage. Ni Dieu ni ses serviteurs n’approuveraient. Enfin je parle de ses serviteurs perméables à la lumière.

Vois-tu chère Amina, crois-tu que Dieu, dans son infinie omniscience, pour autant que l’infini puisse être défini, a créé l’homme, et bien sûr de sa septième cote la femme, nus pour s’amuser à les voir se démener pour s’habiller ou savoir comment devoir s’habiller ?

Crois-tu celui auquel il suffit de dire aux choses d’être pour qu’elles soient, incapable de livrer au monde sa créature clés en main, fin prête au débats et aux ébats ? L’omnisachant, en même temps qu’il nous a créés, a créé autour de nous, ou nous autour d’eux, le soleil, la lune, les astres, les planètes et ne leur a point ordonné de se vêtir ou de se travestir. Pourquoi ?

Pour qu’ils continuent de briller, de scintiller, d’illuminer, d’éclairer, de faire rêver les poètes. Imagine si Dieu avait voulu que le soleil se voile, notre système solaire ne serait qu’obscurité. Et à quoi ressemblerait la lune accoutrée en none islamiste ? A un astre éteint.  

Avant de conclure, je voudrais que tu m’excuses si je te tutoie. Ce n’est pas par familiarité comme le veut l’usage de la langue française, mais par rejet de la distanciation aristocratique du vouvoiement, même s’il t’es dû parce que tu nous viens de la noble famille de cheikh Ma’e El-aynayne. Et par respect.

Des amis qui croient te connaitre m’ont assuré qu’au fond de toi-même tu vis ta foi en bonne complicité avec la laïcité qui n’est pas athéisme, mais liberté. Pour moi, tout ce qu’on dit autour de toi n’est qu’inutile ergotage. Ça passera. Mais j’aimerais te dire que l’hermétisme vestimentaire n’est que la face visible d’un hermétisme autrement plus grave.

Celui qui touche les neurones, les synapses et tous les circuits de l’intelligence qui mènent à la lumière. Crois-moi, ce n’est pas à la Chambre des représentants, quand tu vocifères, malheureusement avec talent, contre le système, que tu es dans la vraie croyance de l’au-delà. Mais c’est à Paris, devant le Moulin Rouge ou à Place Vendôme, que tu es le plus près de la Vérité.

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