Rapport annuel de l’ONU sur le Sahara Marocain : L’ère des rumeurs

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Le “draft” avancé du rapport annuel très attendu du secrétaire général de l’ONU sur le Sahara devrait être soumis au conseil de sécurité aujourd’hui. Sur la base des recommandations de ce rapport, l’ONU décidera de renouveler le mandat de la MINURSO le 30 avril prochain.

Selon des sources bien informées, le projet de rapport devrait être soumis aux membres du Conseil de Sécurité aujourd’hui, vendredi 7 avril 2017. Une procédure normale, qui a lieu tous les ans, donnant lieu à d’âpres négociations au niveau du Conseil de Sécurité et des parties prenantes au conflit.

Ce rapport sera le premier de Guterres nouveau secrétaire général de l’ONU depuis le 1er janvier dernier. Un rapport qui intervient dans un contexte de tensions importantes entre le Maroc et le Polisario concernant la région de Guergarate, zone tampon entre les frontières du Maroc et la Mauritanie.

Attention aux rumeurs !

Citant des sources « bien informées », certains médias ont affirmé que Guterres aurait refusé de partager son rapport avec la France et le Maroc. Faux ! Mais surtout impossible. Le Secrétaire Général de l’ONU étant en partie au service du Conseil de Sécurité (CS), mais fait ce rapport pour ce même conseil.

La France étant un membre permanent du CS, il est tout simplement impossible pour Guterres de prendre pareille décision. De ce fait, une question se pose avec beaucoup d’acuité. Sommes-nous en présence d’une veine tentative de distiller le doute par quelque partie que ce soit ? Une chose est sûre, en cette période sensible, toute information douteuse devrait susciter la méfiance des médias.

Programme de travail du Conseil de Sécurité pour le mois d’avril

Renouvellement des tensions entre le Maroc et le Polisario

Les tensions se sont nettement accrues entre les parties, lorsque le Maroc a envoyé des forces de sécurité pour débarrasser la région des contrebandiers et construire un mur de trois kilomètres. Le Polisario avait riposté en envoyant, à son tour, des hommes armés pour stopper ce projet.

La tension a atteint des niveaux alarmants en décembre et janvier derniers lorsque les éléments du Polisario ont commencé à entraver le trafic de camions marocains transportant des marchandises vers la Mauritanie et le reste de l’Afrique subsaharienne. Cette action, qui viole l’accord de cessez-le-feu de 1991 a poussé le roi Mohammed VI à s’entretenir au téléphone avec Antonio Guterres, le 26 février dernier, afin que celui-ci mette fin à cette « situation inacceptable menaçant le cessez-le-feu négocié par l’ONU et compromettant la stabilité dans la région de Guergarate ».

Guterres avait lui aussi exprimé sa préoccupation quant à la situation dans cette région et avait appelé le Maroc et le Polisario à faire preuve de retenue maximale et à éviter de prendre des mesures susceptibles d’intensifier les tensions dans la région. Il avait également exhorté les parties à « retirer sans réserve tous les éléments armés de la bande tampon dès que possible, afin de créer un environnement propice à la reprise du dialogue dans le cadre du processus politique mené par les Nations Unies ».

Alors que le Maroc a immédiatement retiré ses forces de sécurité, le Polisario, lui, a décidé de garder ses éléments armés dans la région au mépris de l'accord de cessez-le-feu signé en 1991 et de l'appel lancé par le secrétaire général de l'ONU, jusqu’à il y a une semaine. Suite à la convocation de Guterres, le Polisario a dû rempiler la queue entre les jambes.

Ces tensions font du rapport de cette année, un tournant important dans cette affaire. Les risques de reprise du conflit armé sont réels, dans une région minée par le terrorisme. Une recrudescence des hostilités rendrait la région plus fertile pour les jihadistes d’AQMI et de l’EI. Ceci n’impactera pas que le Maroc, mais l’ensemble des pays de la région, à commencer par l’Algérie.

 

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