RNI : Le mi-mandat d’Aziz Akhannouch

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Des instants de recueillement pour le RNI à Rabat où il a tenu, dimanche 27 janvier, une session ordinaire de son conseil national baptisée "Omar Bouaida", en hommage à la mémoire de ce membre fondateur, fils du résistant Ali Bouaida

Passé l’hommage frappé du sceau de l’émotion par Moahmed Oujar, un autre vieux de la vieille, ce fut au président du rassemblement, en verve et visiblement en forme, de faire le bilan des activités du parti, une sorte de bilan de mi-mandat pour Aziz Akhannouch, élu en 2017 pour un mandat de quatre ans, pour dire que son parti (re)trace imperturbablement son chemin en perspective des législatives de 2021.

Le RNI, annonce-t-il, a déjà engrangé plus de100.000 adhérents et table à terme sur 200.000 encartés. A cette fin, il est déjà sur la mise en pace d’une vaste campagne de communication et de recrutement. Trop ambitieux ? Sans doute. Mais le président du RNI compte sur, outre sa propre force d’attraction, sur l’apport ses organisations parallèles que le parti a réussi à mettre sur pied ou à faire revivre en moins de deux ans.

Mais le moment fort de cette session restera incontestablement la sortie du président du RNI contre son allié de la coalition gouvernementale, coupable à ses yeux de la forte et irrésistible grogne  des commerçants. Aziz Akhannouch ne s’est pas, en effet, gêné à prendre à parti son allié au gouvernement. Sans ambages, le ministre de l’Agriculture s’en est pris chef du gouvernement et à son prédécesseur responsables à égalité de la série de grèves que les commerçants viennent de faire vivre au Maroc une ambiance de pression qu’aucune autre grève n’a été en mesure de faire ressentir au pays.

Pour le chef de file du RNI, l’équation ne souffre pas l’ambigüité : C’est sous l’autorité du chef du gouvernement que le projet de loi a été élaboré et validé avant de prendre son cours parlementaire. Et pour mieux enfoncer le clou il rappelle que c’est le parti de Saadeddine El Othmani, le PJD, qui préside la commission des finances en charge d’examiner le projet de loi avant de le soumettre à l’adoption de la chambre des représentants.

Dans son réquisitoire, Aziz Akhannouch ne laisse aucune ouverture à son partenaire pour se défausser sur la coalition gouvernementale dans son ensemble des tensions créée par « la question des facturations » qui a suscité l’émoi de ce nœud gordien des circuits économiques marocains. Entre autres griefs, le président du RNI reproche au chef du gouvernement d’avoir entériné des dispositions sans consultation aucune des premiers concernés, les commerçants.

Sans rien renier de la responsabilité de sa formation dans la situation survenue à l’occasion de l’adoption de la loi des finances, le président du RNI a reproché à Saadeddine El Othmani la confusion des genres en indiquant qu’il ne lui appartenait pas de débattre les déclarations des responsables des partis de la majorité en conseil du gouvernement dédié aux affaires publiques : Les déclarations des responsables des partis membres de la majorité ont leur cadre, les réunions de la majorité. Pour mieux illustrer ses critiques le ministre de l’agriculture a précisé que si les autres membres du cabinet venaient à commenter les déclarations des membres du PJD à leur propos, une semaine n’y suffirait pas. Il faisait par là référence sans doute aux récentes déclarations du chef du gouvernement, dans le cadre d’une activité interne de son parti en évoquant de «comportements qui éloignent encore plus le citoyen de la politique», faisant sans doute allusion à la position du RNI sur la question de la facturation électronique. El Othmani aurait tacitement accusé le RNI de «s’approprier les réalisations du gouvernement et de rejeter la responsabilité de ses échecs sur les autres alliés».

Ce qui n’empêche pas Aziz Akhannouch d’aborder en confiance le futur de son parti et ses alliances à venir. « Nous irons seuls aux élections », a-t-il clamé pour bien signifier, même s’il est trop tôt pour le dire, qu’il n’envisageait aucune alliance préalable aux élections. Seuls les résultats du scrutin détermineront son attitude à l’égard des coalitions possibles. Cette position est de nature à calmer, en principe, les frayeurs du PJD qui craint de faire face à un « conglomérat » de partis en 2021à l’instar de ce qui s’est produit sous la présidence de Salah Eddine Mezouar. Pour rappel, l’actuel « patron des patrons » avait incorporé RNI dans une alliance de 7 partis, appelé G7, sous la conduite de PAM, et qui s’est terminé en eau de boudin.

Aziz Akhennouch n’est pas ainsi loin et le dit, de croire que les rumeurs qui anticipent les alliances de 2021 sont destinés à enrayer « la machine victorieuse » qu’est en train de mettre en marche le RNI, manœuvres, pense-t-il certainement, qui ne peuvent provenir que de la formation qui craint le plus la montée en puissance de son parti, le PJD en l’occurrence.

 

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