Roi Mohammed VI : « l’ère d’une Afrique passive qui pâtit de son environnement est dépassée »

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Le roi Mohammed VI a souligné l'impératif de reconfigurer les priorités stratégiques de la Communauté internationale en reconsidérant l'apport de l'Afrique

« A la lumière des récents développements et des avancées reconnues du Continent, il est primordial que notre Continent soit au centre d'un échiquier mondial redessiné et qu’il se fasse entendre sur la scène internationale », a affirmé le roi dans un message aux participants à la réunion annuelle de la "World Policy Conference", qui tient sa dixième édition, à Marrakech.

L’Afrique est ouverte à des partenariats multidimensionnels couvrant les domaines institutionnels et politiques, économiques, sociaux et environnementaux, aussi bien que les sphères liées à la prévention de la radicalisation et à la lutte contre le terrorisme, a fait observer le Souverain, soulignant qu'en conjuguant le potentiel de la coopération Nord-Sud et les expériences des uns et des autres, les décideurs peuvent construire une coopération plus solide, plus réaliste et surtout plus équitable.

Le roi, qui s'est dit persuadé que, en étant soudée, solide et pragmatique, l'Afrique pourra se positionner dans un tel processus, a fait part de Sa satisfaction de la volonté commune d'aboutir à une plus grande intégration entre pays africains. Cette intégration, a précisé le Souverain, nécessite que l’ensemble des intervenants, publics et privés se saisissent avec pragmatisme de toutes les opportunités et qu’ils répondent solidairement aux défis et aux menaces.

Notant que l’ère d’une Afrique passive qui pâtit de son environnement complexe est dépassée, le roi a relevé qu'une Afrique qui s’engage se substitue à une Afrique qui subit, et que les potentialités et les atouts du Continent sont mieux exploités et appréhendés quand une croissance à forte intensité rejaillit sur l’ensemble de la population.

Le roi s'est dit en outre convaincu que le continent se dirige résolument vers la prospérité et se transforme rapidement selon son propre modèle, notant toutefois que pour préparer le futur des jeunes générations africaines, les efforts doivent être canalisés et les objectifs arrêtés fermement poursuivis.

« Au-delà des partenariats traditionnels, Sud-Sud ou Nord-Sud, toujours plus nombreux et plus dynamiques, Je vous invite à réfléchir à de nouveaux cadres d'échanges et de partenariats, au service d’un meilleur avenir à nos populations », a appelé le roi dans ce message.

Faisant remarquer que les avancées indéniables et reconnues de l’Afrique ne sont pas passées inaperçues et ont été suivies avec un intérêt croissant par la Communauté internationale, le roi a insisté sur le fait que la voie vers la prospérité est un processus complexe et de longue haleine et que les grandes aspirations des citoyens, notamment africains, ne peuvent se concrétiser qu'à travers des programmes de développement humain et économique inclusifs qui s'inscrivent dans une dimension régionale ou continentale.

Dans ce contexte, le Souverain, en tant qu'africain convaincu, a plaidé une nouvelle fois pour l’accompagnement de cette Afrique qui a su se forger sa propre destinée, à la faveur de réformes structurelles audacieuses engagées, à moyen et long termes, dans de multiples secteurs.

"Il est de notre devoir de promouvoir des stratégies novatrices et des politiques ambitieuses, fondées sur les succès d’ores et déjà acquis et s’inspirant d’initiatives mondiales réussies, adaptées à la diversité de nos réalités sociales, économiques et culturelles", a souligné le Souverain, ajoutant qu'il est aussi question de renforcer le fonctionnement des institutions, de conforter la bonne gouvernance et d'améliorer substantiellement la qualité de l'utilisation des fonds publics.

Le message royal note également que la richesse de l’Afrique en capital humain constitue, aujourd’hui, une opportunité unique pour son développement et relève que la jeunesse africaine participe pleinement à une transformation économique vertueuse du Continent, et doit de ce fait être perçu comme un atout majeur du continent. Le roi a insisté à cet égard sur l'importance de l'élaboration et la mise en œuvre de politiques judicieuses en matière d'éducation, de formation professionnelle et de santé, de nature permettre une meilleure insertion de jeunes dans le tissu socio-économique, notant que ces initiatives se traduiront par une croissance accrue, inclusive et soutenue, qui engendrera création d'emplois et augmentation de productivité.

Le roi a également souligné l'impératif de valoriser pleinement les ressources naturelles du continent et oeuvrer pour la transformation du secteur agricole, et la mise en place de passerelles et de synergies avec son pendant industriel en vue de créer des emplois.

« La transformation de l’agriculture africaine devra s’opérer à tous les niveaux, de la production primaire à la valorisation agro-industrielle. Elle permettra de mieux exploiter le potentiel agricole considérable de notre Continent, en l'occurrence ses terres arables, et de pallier les difficultés socio-économiques subies par les acteurs de ce secteur, difficultés liées notamment à une productivité relativement faible », a expliqué le souverain.

Le roi a évoqué aussi les aspirations des Africains à une « révolution verte », soulignant que ce souhait repose sur le renouvellement profond des technologies, des modes de production, adapté au contexte africain et au changement climatique.

A cet égard, le Souverain s'est dit heureux de voir que les engagements pris par le Maroc, en vue d'accélérer la croissance agricole et de réaliser un développement durable en Afrique, contribuent utilement à satisfaire, à l’échelle continentale, les besoins alimentaires de tous les Africains.

Le roi a relevé, d'autre part, que l’industrie africaine manque encore de compétitivité, notant que ses deux principaux défis sont le développement d'activités innovantes et la formation d’une main-d'œuvre qualifiée.

En même temps que l'investissement privé, a souligné le souverain, des formes nouvelles de financement et de partenariats doivent graduellement se développer afin de favoriser la multiplication de projets porteurs de transformation et d'accélérer leur rythme d'exécution.

Et de conclure qu’il est urgent de régler définitivement et avec pragmatisme le manque d'infrastructures sur le continent africain, relevant que là où sont établis des routes, des connections et des réseaux, le développement passe et la précarité disparaît.

 

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