Tensions à la frontière Maroco-Algérienne

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Coincé dans un no man’s land sans accès ni à l’eau ni à la nourriture, un groupe d’une cinquantaine de ressortissants syriens a été refoulé par la police marocaine alors qu’il  tentait de franchir illégalement les frontières du royaume.

Face à l’urgence de la situation, le ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale a réagi en dénonçant les comportements des autorités algériennes vis-à-vis de ces migrants. Le communiqué a ainsi rappelé « la responsabilité politique et morale à l’égard de cette situation », tout en notant que « le drame humanitaire que vivent ces populations syriennes ne devrait pas constituer un élément de pression ou de chantage dans le cadre de l’agenda bilatéral ».

Le MAEC dénonce la connivence des autorités algériennes

Pour Rabat, il est clair que les autorités algériennes ont « autorisé » le groupe à atteindre la zone frontalière. « En raison des conditions météorologiques actuelles et des distances parcourues, ces personnes ne pouvaient se déplacer à travers le territoire algérien sans être notifiées ou interceptées par les autorités de ce pays », explique la même source.

Ce n’est pas la première fois qu’Alger tente d’expulser des migrants vers le Maroc. Ce drame ravive d’ailleurs le souvenir des réfugiés subsahariens abandonnés à leur tour dans ce no man’s land entre les frontières des deux pays. Pire encore, ils avaient été transporté du sud de l’Algérie vers cette zone. Le communiqué indique dans ce sens qu’« il est immoral et contraire à l’éthique de manipuler la détresse morale et physique de ces personnes, pour semer le trouble au niveau des frontières maroco-algériennes ».

Selon le site d’information local Figuig News, les migrants syriens sont « arrivés depuis la zone dite Taghla, de la route d’Ameslou, celle qui permettait aux Figuiguiens d’accéder à leurs jardins avant que l’Algérie ne confisque ce territoire ». Le portail électronique rapporte également l’état de délabrement dans lequel vivent ces personnes depuis qu’elles se sont retrouvées bloquées dans cette zone tampon, indiquant par la même occasion que ce groupe se composait de femmes enceintes, d’enfants en bas âges et de vieilles personnes.

La même source fait savoir que mercredi 19 avril, les migrants syriens ont réussi à atteindre le quartier Baghdad situé au sud-est de Figuig, où ils ont été accueilli et aidé par les habitants de la ville, mais après une heure de répit, ils ont été reconduis dans la zone tampon. « L’armée algérienne les y attendait en formant une chaîne humaine armée et motorisée leur barrant la route et tirant dans l’air ! Derrière eux, les Marocains les empêchaient de retourner au Maroc », précise Figuig News.

Cette situation, qui a provoqué l’émoi de la population Figuiguienne, risque de tourner au drame, surtout avec la hausse des degrés de température. Les conséquences, quelles qu’elles  soient, devront donc être assumées par les autorités algériennes qui essayent de se « débarrasser » de ces migrants en les laissant s’échapper vers les frontières marocaines.

Le Maroc, pour sa part, assume pleinement, ses responsabilités à l’égard des populations syriennes. L’hôpital militaire installé au camp Al-Zaatari en Jordanie, prodigue quotidiennement des centaines de prestations médicales aux réfugiés syriens. De même, un effort substantiel a été consenti par les autorités marocaines pour régulariser la situation de milliers de syriens se trouvant sur le territoire marocain. 5.000 personnes ont, ainsi, bénéficié de la première phase de régularisation et plusieurs centaines ont obtenu le statut de réfugiés.

Par ailleurs, le ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale tiendra des réunions avec des ambassades et organisations internationales accréditées au Maroc, afin de les sensibiliser à cette situation et leur expliquer son contexte précis, conclut le communiqué.

Alger convoque l’ambassadeur du Maroc

Après la convocation de l’ambassadeur algérien par le ministère marocain des Affaires Étrangères, le samedi 22 avril, c’est au tour d’Alger de convoquer l’ambassadeur du Maroc, Lahcen Abdelkhalek, pour lui exprimer « le rejet catégorique des graves accusations » portées par les autorités marocaines.

Dans un communiqué, le ministère des Affaires Étrangères algérien a relevé avoir convoqué l’ambassadeur du Maroc le dimanche 23 avril, pour lui faire part du rejet de ces « allégations mensongères » et afin de lui « démontrer le caractère totalement infondé de telles accusations qui ne visent qu'à nuire à l'Algérie à laquelle sont grossièrement imputées des pratiques étrangères à son éthique et à ses traditions d'hospitalité bien établies ».

Malgré le caractère de récidive de ce genre de situations, Alger s’obstine à nier sa responsabilité tout en accusant le Maroc de manquer à son devoir de solidarité, dans une tentative vaine de changer la vérité des faits.

« L’attention de la partie marocaine a été attirée sur le fait que les autorités algériennes compétentes ont constaté à Béni-Ounif (Béchar), le 19 avril 2017, à 3 heures 55, une tentative d’expulsion vers le territoire algérien, en provenance du territoire marocain, de 13 personnes, dont des femmes et des enfants. En outre, au cours de la même journée,  à 17 heures 30, il a été constaté, à ce même poste frontalier, l’acheminement par un convoi officiel des autorités marocaines de 39 autres personnes, dont des femmes et des enfants, en vue de les introduire illégalement en territoire algérien», note le ministère de Ramtane Lamamra.

Au moment où l’Algérie veut imputer, coûte que coûte, la faute de ce qui se passe dans cette zone tampon au royaume, une cinquantaine de Syriens, ayant tout fait pour fuir les affres de la guerre civile, sont toujours bloqués sans vivres dans le désert.

 

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