Décès de Fatima Ait Ettajer, la mère courage des anciens détenus politiques

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couv-oum-fatma Son t?moignage ? la t?l?vision avait boulevers? les Marocains Mi Fatima est d?c?d?e ce jeudi 13 novembre. Elle s?en est all?e discr?tement comme elle a toujours v?cu. Fatima Ait Ettajar-Semlali est partie ? jamais. Et ce sont tous les anciens d?tenus politiques et rescap?s des ann?es des ann?es de plomb qui se sentent aujourd?hui orphelins. ??D?c?s de notre ch?re m?re de tous les d?tenus politiques des ann?es de plomb Mi Fatima??, ??Mi Fatima, notre m?re courage est d?c?d?e??, ??Adieu ? la m?re de tous les anciens d?tenus??. Toute la nuit, les hommages et les messages de compassion ont circul? sur les r?seaux sociaux t?moignant du parcours exceptionnel d?une femme, m?re d?abord et avant tout, qui a v?cu les ann?es de braise de l?autre c?t? des barreaux et du miroir. Fatima Ait Ettajer a toujours eu une conscience politique. Avec la d?tention de son fils l?avocat Hassan Semlali ?aujourd?hui pr?sident de la Fondation Driss Benzekri pour la d?mocratie et des droits de l?Homme- elle est au plus pr?s confront?e ? l?arbitraire et l?injustice. Hassan, le fils qu?on lui a pris pour le jeter en prison en 1974 faisait partie du groupe Serfaty. Son fils n?est pas le seul. Des centaines de jeunes militants qui ont r?v? de d?mocratie et de libert? ont subi les affres de la disparition forc?e, la torture et la condamnation ? des si?cles de prison. A sa fa?on, c'est-?-dire avec un courage rare, elle choisit de se battre, de mettre en commun ce d?sespoir qui se fait force, de transformer l?inqui?tude et la col?re sourde en mobilisation. Elle prend attache avec les familles qui vivent le m?me calvaire de la d?tention d?un fils, un fr?re, un p?re dont le seul crime a ?t? l?engagement politique. Ces familles sont un peu partout dans le Maroc qu?elle sillonne?: Marrakech, Tanger, Casablanca, Nador, T?touan. Mi Fatima tisse son r?seau avec une incroyable t?nacit?. A ce moment pr?cis, disait-elle avec la m?me ?motion des premiers jours de disparition de son fils, elle ne savait pas s?il ?tait toujours en vie. Les familles s?organisent. La r?sistance aussi. Fatima Semlali est l??me du mouvement. Alors que leurs fils ou proches sont mis au secret et soumis ? la question dans des commissariats, essentiellement derb Moulay Chrif ? Casablanca, les familles r?clament la tenue de proc?s publics pour que cessent le calvaire de la d?tention arbitraire. Drap?e de dignit? et v?tue d?une simple djellaba Dans ce pays, les femmes ont toujours ?t? aux premi?res lignes de la r?sistance et des combats. Mi Fatima fait partie de ces femmes. Elle est l? quand les familles des disparus observent une gr?ve de la faim pour que leurs proches puissent enfin b?n?ficier d?un proc?s. Elle est encore l? quand toutes les m?res priv?es de leurs fils emprisonn?es organisent un sit in ? Rabat, devant la mosqu?e As Sounna o? elles psalmodient le Coran une mani?re forte d?appeler au secours de leurs enfants entr?s dans une s?v?re gr?ve de la faim qui va durer plus de 40 jours. Ce sont en ces circonstances douloureuses que la militante Saida Menebhi perdra la vie en cessant de s?alimenter. Fatima Ait Ettajer est toujours l?, en sit in devant le minist?re de la justice, la pr?fecture, le tribunal. Avec toutes les autres m?res qui ont os? briser le silence pour d?noncer la r?pression et l?arbitraire, elle passe r?guli?rement la nuit au commissariat avant d??tre rel?ch?e. Mi Fatima est de tous les proc?s, de toutes les audiences, de tous les pr?toires. Drap?e de dignit? et v?tue d?une simple djellaba, elle hantera longtemps la conscience de ces juges qui ont dit l?injustice. A K?nitra, les portes de la maison de Mi Fatima sont grandes ouvertes aux parents et proches des d?tenus politiques, devenant ainsi une sorte d?annexe de la prison civile de la ville. Les surveillances polici?res, les intimidations, les visites ???tranges?? comme elle se plaisait ? les appeler, n?auront pas eu raison de la d?termination d?une m?re qui , ? travers l?amour qu?elle porte de son fils, a aim? passionn?ment la libert?, la justice, la d?mocratie. En 2005, les Marocains ont d?couvert Mi Fatima ? la t?l?vision. Son t?moignage sur les souffrances des familles de d?tenus politiques avait boulevers? les Marocains. Gr?ce aux auditions publiques organis?es par la commission V?rit? marocaine que pr?sidait le d?funt Driss Benzekri, elle a t?moign? avec ses mots ? elles et une rare ?motion. Elle a racont? simplement, ? voix basse, parfois avec humour- cette forme polie du d?sespoir- ce qu?a ?t? sa vie et celles de toutes ces centaines de familles dont les enfants ont ?t? tortur?s avant d??tre emprisonn?s. Elle a d?crit ces moments de solitude, d?inqui?tude, de col?re aussi. Elle a dit et redit la douleur des m?res, des ?pouses et des s?urs et leur peur de ne pas voir revenir un fils, un mari, un fr?re. Elle ?voque ces femmes r?pudi?es sans autre forme de proc?s e parce que leurs fr?res est en prison. Elle a dit aussi toute sa fiert? d??tre la m?re de tous ces anciens d?tenus politiques. Ce jour-l? Mi Fatima a fait pleur? tous ceux et celles qui ont travers? les ann?es de plomb et de braise. Elle a aussi fait pleurer ces Marocains qui ne savaient pas. Aujourd?hui, ce sont tous ces enfants adopt?s dans la d?tention et la revendication qui la pleurent. Repose en paix Mi Fatima

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