La critique n’est pas donnée à n’importe quel révolté !!

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couv-philosophie La pens?e critique acquiert sa pertinence quand elle se construit un espace propice dans le processus de production th?orique, intellectuelle et culturelle. Ce titre est inspir? d?une des phrases du penseur Abdelk?bir Khatibi, qui a d?di? sa vie intellectuelle ? consid?rer que la t?che th?orique, historique, voire politique de la pens?e critique consiste dans le questionnement des ?vidences, ou ce qui semble ?tre comme tel, le d?voilement des effets de la doxa, l??branlement des cadres de r?flexion et de d?bats qui visent la standardisation des esprits, l?ali?nation des volont?s, les limitations des espaces de libert?, l?oubli de soi dans les mondes de la consommation et des ?motions. L?histoire des id?es philosophiques nous enseigne, aussi, que le questionnement est un acte r?flexif qui suppose une certaine distance entre ce qui existe et ce qu?on pr?tend que le r?el ??peut?? ?tre. Cette distance, selon Francis Wolff, entre l??tre et le possible constitue la premi?re condition de l?activit? philosophique. Les philosophes qui ont fond? la pens?e critique moderne et contemporaine, tels que Kant, Marx, Nietzsche, Heidegger, Adorno, Habermas, Foucault ou Derrida, ont pu produire une compr?hension originale de la responsabilit? historique du questionnement et de la critique. Quelque soient les diff?rences de visions, d?approches et d?objectifs, ces philosophes ont mis l?accent sur l?importance de la critique- quels que soient sa forme, son niveau et sa s?mantique- aussi bien comme ?criture de l?histoire que comme objet de questionnement. Ainsi, la pens?e critique est habit?e par l?angoisse du temps et de l?histoire, car le penseur ou le philosophe se trouve interpell? par les questions du temps, de l?espace, de l?homme, du politique et du corps. C?est ainsi que la pens?e critique elle-m?me est sujette ? la critique. Elle habite toutes les instances de la philosophie moderne, comme elle constitue un des fondements de la pens?e. Elle est expos?e au doute, aux tentatives diverses de d?l?gitimation, aux attaques l?accusant de d?mission ou de se contenter du r?le de m?diation ou d?ex?g?se des ?uvres des philosophes et des ?crivains. Cependant, il semble que la critique existe, originellement, dans le jeu du langage, dans les mouvements, les regards et les actions, fruits de travail de distance susceptible de produire la diff?rence. Ainsi, toute activit? pourrait ?tre critique quand elle ??peut?? engendrer un nouveau sens capable de modifier la signification d?un texte ou d?une relation quelconque. La pens?e critique acquiert sa pertinence et sa fonctionnalit?, m?rite son appellation quand elle s?arrache ou se construit un espace propice dans le processus de production th?orique, intellectuelle et culturelle, en tant que pens?e interrogative, d?monstrative et ? la recherche du sens. La critique fut toujours une question critique ? tel point que pour Fran?ois Lyotard le terme critique devient superflu quand il s?agit de tout discours qui r?fl?chit effectivement. Si la critique a constitu? un des fondements de la pens?e des Lumi?res ? c?t? de la Raison pour distinguer le vrai du faux ou d??tre ??un tribunal?? chez Kant, la pens?e contemporaine a transform? la critique en un mode de pens?e, de comportement, voire en relation sociale ? travers laquelle elle acquiert des habilet?s cognitives capables de produire un savoir en continuel ?veil. L?histoire de la critique, en tant qu?acte de r?fl?chir sur l??tre, a produit des modes r?f?rentiels diff?rents, de la critique normative, acad?mique ou id?ologique, depuis Kant qui consid?re la critique comme une condition constitutive de toute pens?e, en passant par la critique radicale de l??conomie politique pour r?aliser le changement social chez Marx, aux formes de d?senchantements r?volutionnaires qui ont permis le maintien de ce qu?Adorno nomme ??la dialectique n?gative??, jusqu?aux ouvertures d?constructives de Derrida. Deux modes de critiques se sont consacr?s dans l?histoire de la pens?e philosophique. Une critique kantienne ou qui s?inspire des textes kantiens qui ont constitu? un mouvement th?orique d?terminant dans la philosophie et dans l??laboration conceptuelle de la critique. Elle se distingue par l?importance qu?elle octroie aux cat?gories de pens?e et ? la connaissance ? partir de sa v?racit?, son exactitude et sa valeur cognitive. Une critique marxienne qui insiste sur la mobilisation des facult?s de la Raison pour diagnostiquer la r?alit? historique, sociale et politique, d?voiler les m?canismes de domination et d?exploitation inh?rents aux structures sociales, ?conomiques et politiques. Ces deux modes de critique ont une pr?sence dense dans l?histoire de la pens?e critique, qui se renforce et se renouvelle dans les milieux philosophiques quand les philosophes s?en inspirent et proposent des synth?ses innovantes de ces deux ouvertures th?oriques et conceptuelles. Cet effort se r?alise quand le penseur critique r?ussit le travail de reconstruction de la critique cognitive, ?pist?mologique et de la critique historique et sociale, et quand il interroge les id?es re?ues, la doxa et d?voile les formes de domination, d?ali?nation et d?exploitation qu?engendrent les rapports sociaux dans la soci?t? capitaliste. De Kant ? Derrida, en passant par la ??th?orie critique?? dans sa premi?re p?riode avec Horkheimer, Adorno, Marcuse ou avec Habermas et Honneth, on trouve des textes th?oriques qui ont pu accomplir une synth?se vivante des deux traditions critiques kantienne et marxienne. Ils ont pu faire de l?histoire des id?es, des concepts, des modes de critique et des logiques de discours des moyens th?oriques susceptibles de mener une pratique critique des institutions, des pouvoirs et de la soci?t?. D?un autre c?t?, la pens?e critique a connu, ? travers son histoire, des formes d?in?galit? en termes de pr?sence dans les diff?rends champs th?oriques. En d?pit de l?expansion vertigineuse des courants qui mobilisent les facult?s de la perception, provoquent les ?motions et l?imaginaire, brouillent, dans les faits, les capacit?s de la conscience (ou de conscientisation) et les capacit?s du regard critique, malgr? les bouleversements techniques, ?conomiques et m?diatiques que le temps du monde cr?e ? tout moment, on peut observer que les facult?s cognitives de comprendre l??tre humain, la r?alit? sociale, les m?canismes du pouvoir, toute forme de pouvoir, sont d?une force, d?une pertinence et d?une richesse incontestables aujourd?hui. C?est ce que d?montre l?accumulation illimit?e des savoirs, des techniques d?investigation et de recherche dans les domaines de l?histoire, l?anthropologie, l?art et les sciences humaines, ? l?exception , peut-?tre, de la ??science ?conomique?? et les ??sciences politiques?? qui sont consid?r?es, par la plupart des penseurs critiques, comme deux types de production de pouvoir, en proposant des discours apolog?tiques, de l?gitimation beaucoup plus qu?ils ne proposent une pens?e critique qui d?range l?ordre institutionnel et interroge les r?alit?s sociales et politiques.

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