L’Antithèse d’Abdelillah - Corruption : qui porte le chapeau ?

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couv-corruptiion Qu?elle soit petite ou grande, la corruption est un VOL. Ou bien on vole l?Etat, ou bien on vole le droit d?un autre citoyen Comment un ph?nom?ne moralement condamn? par tous les r?f?rentiels religieux, la?cs, moraux et l?gaux, peut-il persister, se propager, et hypoth?quer le d?veloppement et le progr?s d?un pays?? En apparence tout le monde rejette la corruption?! Mais dans la r?alit?, la tentation du corrupteur demeure forte pour ne pas se soumettre ? la loi, ou pour obtenir un avantage ill?gal moyennant le paiement d?un ??pot de caf頻. De m?me, la tentation du corrompu d?obtenir de l?argent facile reste forte tant qu?elle n?est pas contrecarr?e par un risque de perte tr?s ?lev?. Les corrupteurs et les corrompus transcendent toutes les cat?gories sociales et agissent en agents ?conomiques rationnels?: Ils comparent le gain obtenu ? l?esp?rance math?matique de la perte. Tant que la premi?re est sup?rieure ? la seconde, les agents seront tent?s par la corruption. Lorsqu?une personne devant payer une p?nalit? -suite ? une faute commise- pr?f?re soudoyer l?agent d?autorit? charg? de la collecte, elle agit rationnellement dans un processus ??gagnant-gagnant-perdant??. Le perdant ici ?tant l?Etat et la collectivit?, c?est-?-dire l?ensemble des citoyens. C?est aussi les situations o? le corrupteur souhaite b?n?ficier d?un avantage en termes de temps de traitement de son dossier, ou en termes de passe-droit, et il verse une corruption au d?cideur en charge de son affaire. C?est aussi un processus ??gagnant-gagnant-perdant??, mais le perdant ici c?est le citoyen auquel on a retir? la priorit? dans le traitement du dossier?; ou encore le citoyen qu?on a priv? arbitrairement d?un droit ? la justice. Ceci dit, la tentation de verser du bakchich pour l?obtention d?un privil?ge est beaucoup plus forte que celle d?en recevoir pour accorder ledit privil?ge?! La premi?re responsabilit? incombe donc au corrupteur. Il est extr?mement rare qu?un agent d?autorit? demande ? un automobiliste une corruption ? la place du proc?s. C?est tr?s souvent l?inverse qui se produit. En cons?quence, cette nouvelle forme de d?lation qui permet aux agents d?autorit? de filmer les citoyens fautifs et corrupteurs, et de les p?naliser, constitue aussi un moyen de r??ducation du citoyen, abstraction faite de la l?galit? de la d?marche. Les cons?quences de la corruption deviennent beaucoup plus dramatiques dans le cas des march?s publics, de la fraude fiscale assist?e, et de tous les processus par lesquels des op?rateurs ?conomiques obtiennent de grands avantages financiers ou monnayables, en contrepartie d?enveloppes cons?quentes ou gr?ce ? des relations familiales ou d?all?geance. Pour ?tayer ce propos, il faut savoir que le chaos ?conomique que vit la Gr?ce aujourd?hui provient fondamentalement de plusieurs d?cennies de corruption, de tricherie et de fraude fiscale. Cependant, quoi qu?on puisse penser des citoyens, l?Etat demeure le principal responsable?de la diffusion de la corruption. Cette responsabilit? commence d?j? avec la mise en place de lois d?connect?es par rapport ? la r?alit? socio?conomique. Lorsque l?Etat fixe des taxes, des taux d?imposition et des p?nalit?s trop ?lev?s, les agents ?conomiques (individus et entreprises) sont incit?s ? frauder. Le protectionnisme farouche favorise la contrebande. Pour ?tre respect?es, les lois doivent ?tre r?alistes et applicables. Lorsque les processus administratifs sont trop longs et compliqu?s, les agents sont incit?s ? soudoyer les administrateurs pour activer leurs dossiers. Lorsque l?Etat accorde des privil?ges ou avantages sp?cifiques ? des personnes sp?cifiques, il envoie un message n?gatif ? tous les ?chelons de la soci?t?. Et lorsque l?Etat se montre cl?ment envers des personnalit?s impliqu?es jusqu?au cou dans des affaires de corruption, de conflits d?int?r?t ?vidents, ou de d?tournement de fonds, il donne un signe ? l?ensemble de la soci?t? comme quoi ce n?est pas si grave que ?a. Je ne suis pas particuli?rement friand de la culpabilisation de l?Etat de tous les maux de la soci?t?. Mais dans ce cas pr?cis, si la corruption affecte le climat de la gouvernance, et sape la l?gitimit? de l?Etat, c?est que celui-ci assume l?enti?re responsabilit? dans la lutte contre ce fl?au. S?il ne r?ussit pas, il doit r?viser les r?glements, les lois, les proc?dures, les modalit?s de gestion et tous les aspects qui contribuent ? la prolif?ration de la corruption. Qu?elle soit petite ou grande, la corruption doit ?tre assimil?e ? un VOL. Corrompre c?est voler. Ou bien on vole l?Etat, ou bien on vole le droit d?un autre citoyen, ou le droit d?une autre entreprise, ou encore on vole un privil?ge auquel on n?a pas droit, ou on vole l?ensemble de la communaut?. Mais, plus grave que le vol, la corruption est n?gativement corr?l?e avec la croissance ?conomique et le d?veloppement. Toutes les ?tudes macro?conomiques y aff?rentes le confirment. La corruption fausse le jeu de la concurrence, et entraine la faiblesse de la productivit? globale des facteurs de production. Ne pas pendre cette d?g?n?rescence sociale au s?rieux c?est compromettre l?avenir du Maroc et le progr?s de ses futures g?n?rations.

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