Va-t-on se décider à sauver l'école publique en brisant les tabous et en réhabilitant le principe de l'égalité des chances ?

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Les r?formes de l'?cole publique, soutenues par plusieurs dizaines milliards de dirhams chaque ann?e, n'ont servi ni ? faire de cette ?cole un lieu d'apprentissage et d'excellence, comme elle devait l??tre, ni ? redonner confiance aux parents marocains en l'avenir de cette ?cole. Des enfants qui y entrent pour apprendre ? lire, ? ?crire et effectuer des calculs, au niveau du primaire, se trouvent apr?s des ann?es toujours analphab?tes ou presque, malgr? un cartable de plus en plus lourd et un co?t de plus en plus exorbitant pour les familles.

Derri?re des artifices et un discours qui s?enracine dans le populisme, administration, lobby et forces politiques tentent de faire semblant d?avoir retenu la col?re du discours royal sur la question de l?enseignement, mais s??chinent en r?alit? ? faire du surplace.

?Ceux et celles dont les parents sont capables de leur faire dispenser un soutien ? la maison ou en mesure de leur payer des cours de soutien, dispens?s par leurs propres enseignants parfois, s'en sortent mieux et r?ussissent ? apprendre ce que l'?cole ne leur permet pas de comprendre. Ils peuvent m?me b?n?ficier de bonus? et se voir class?s parmi les premiers. Plusieurs ?coles priv?es, tr?s mal encadr?es, ne font pas mieux et comptent sur les parents pour se substituer ? l'enseignant ou sur les cours de soutien pour atteindre des r?sultats qui ne refl?tent pas leur niveau r?el. Publique ou priv?e, l'?cole marocaine est gangren?e par la corruption. L'alarme d?clench?e par Transparency Maroc a ?t? oubli?e. L'administration entretient l'amn?sie des responsables politiques et encourage leur laxisme pour que rien ne bouge.

Avec des manuels scolaires archa?ques et de plus en plus lourds, l'enseignement? fondamental est de plus en plus charg?. Le pire c'est que les mati?res enseign?es ? ce stade sont ax?es sur l'identitaire transformant l'?cole en un lieu d'endoctrinement et de mobilisation pour le jihad et non plus une institution pour ma?triser les connaissances modernes et se doter des capacit?s permettant de trouver un emploi et de contribuer au d?veloppement du pays. L'islamisation du livre scolaire a ?t? intensifi?e par une perc?e remarqu?e des islamistes, les plus obscurantistes parfois, au sein du corps enseignant, rendant l'?cole marocaine en un lieu de d?formation et d?ali?nation. Les nuls et les paresseux, ne comprenant rien ? l'Islam, trouvent dans cette islamisation accentu?e de l'?cole une opportunit? pour masquer leur incomp?tence et leur d?faillance p?dagogique. Les inspecteurs p?dagogiques, sens?s ?valuer le travail des instituteurs et des professeurs et remettre l'?cole sur les rails, sont souvent indisponibles. Une partie de ce corps quitte la classe pour s'adonner ? d'autres activit?s plus lucratives ou profite de sa situation pour jouir d'une retraite avant l'heure.? Beaucoup d'?l?ments de ce corps ont acquis la r?putation de corrompus sans que personne ne vienne mettre fin ? leurs crimes contre nos enfants. On retrouve m?me parmi eux des ?l?ments qui b?n?ficient du soutien de l'administration et des syndicats.

Des ?coles priv?es leurs consacrent des enveloppes, exig?s aux parents avec des frais scolaires fantaisistes et de plus en plus chers valid?s par le ministre de l'?ducation nationale! D'autres? ?l?ments se disputent le livre scolaire qui rapporte gros o? se lancent dans la publication des livres scolaires parall?les, bourr?s de fautes parfois, utilis?s pour les cours de soutien. La d?faillance de l'administration est flagrante ? ce niveau.

L'?cole publique, qui doit favoriser l'?galit? des chances et ouvrir aux enfants des couches d?favoris?s l'ascenseur social, est devenue un outil pour maintenir? et approfondir les in?galit?s et? renforcer ?la s?gr?gation sociale. L'Etat a certes une responsabilit?, parce qu'il a ?chou? ? mettre au point une r?forme audacieuse et adapt?e ? l'?volution en cours dans le monde et ? mettre fin ? une situation d'anarchie, mais ?galement l'administration, de moins en moins attach?e ? la rectitude, la gestion de plusieurs acad?mies le prouve?; le corps enseignant qui se montre moins disponible ? d?fendre l'?cole publique, les syndicats qui recrutent ou? soutiennent parfois les paresseux, voire les vils et les pourris, le nombre des syndicats dans le secteurs de l'enseignement d?passe les 22 , dont quelques uns sont form?s d?escrocs?; les parents qui ne se montrent pas exigeants?; les intellectuels qui n'ont pas d'enfants ? l'?cole publique et ne se pr?occupent nullement de son avenir?; des ONG qui? trouvent le sujet moins attrayant pour leurs bailleurs de fonds? ont tous leur part, non n?gligeable, de responsabilit? dans la situation lamentable de l'?cole publique. Une situation qui expose le pays ? tous les dangers ? long terme. Le nombre des jihadistes en Syrie, estim? ? 1500, n'est qu'un indicateur de ce que l'?cole publique, dans son ?tat actuel, peut produire. C'est une ?cole qui combat la vie et la connaissance scientifique, glorifie la mort et amplifie la frustration et le sentiment du blocage. Pire le sentiment d'appartenance ? une nation, le Maroc, qui devait ?tre enracin? par l'?cole est combattu au profit d'une appartenance vague ? un monde islamique inexistant dans la r?alit?.

Un d?bat national, qui ne soit pas dict? par la recherche de rentes, doit ?tre ouvert aujourd'hui pour r?habiliter l'?cole publique. Ce d?bat ne sera constructif que s'il s'attaque aux sujets devenus tabous. Parmi ces sujets, l'enseignement des mati?res identitaires et leur poids. Les langues de l'enseignement des mati?res scientifiques et l'orientation vers les branches scientifiques. L'enseignement des langues. Le nombre des mati?res ? enseigner dans chaque cycle. Le nombre des livres scolaires et leur qualit?. La relation entre le secteur public et le secteur priv?. L'?valuation des enseignants. La formation et la formation continue. L?organisation des examens. La lutte contre la corruption. Le r?le des parents et des ONG... Le conseil sup?rieur de l'enseignement doit lui-m?me, pour affirmer son utilit?, briser les tabous en lan?ant un d?bat de qualit? et sans concessions sur ce qui fait la qualit? de l'enseignement ailleurs et ne le fait pas ici. Le d?bat sur la ??Darija?? est ? clore, parce qu'il est un d?bat improductif. Les exc?s des uns ont ?t? attaqu?s par les autres? produisant un conservatisme frileux.

Les r?actions au parlement, et dans une certaine presse,? ? l'annonce de l'adoption d'un baccalaur?at international incitent tous les marocains concern?s, en premier lieu les parents, ? intervenir et ? s'investir. Les islamistes, et avec eux des op?rateurs du priv? dont les int?r?ts p?cuniaires sont le moteur, en intensifiant leur pression risquent de maintenir l'?cole publique dans la d?faillance, alors qu'aucun d'eux n'a d'enfant dans une ?cole publique. Beaucoup d'islamistes sont des op?rateurs dans le secteur de l'enseignement priv?, y compris le chef de gouvernement et des ministres, et n'ont aucun int?r?t ? ce que l'?cole publique sorte de sa crise. Leur r?sistance ? l'ouverture de l'?cole publique? sur le monde est aussi une r?sistance contre l'?galit? des chances et pour le maintien d'un syst?me social creusant les disparit?s et renfor?ant la s?gr?gation. Il y a comme un consensus ? un certain niveau pour que la pauvret? soit h?rit?e? de g?n?ration en g?n?ration d?une m?me lign?e. Les islamistes comme les gauchistes auparavant vendent aux pauvres des discours auxquels ils ne croient point pas eux-m?mes. L?anglais est certainement le choix id?al pour une meilleure ouverture sur le monde et sur la connaissance, les Fran?ais l'ont bien compris en? adoptant en 2013 une loi autorisant l'enseignement en Anglais, mais il faut s'y pr?parer ? tous les niveaux. La langue fran?aise demeure ? ce jour notre langue d'ouverture sur le monde et sur les nouvelles connaissances, l'espagnol ?tant en recul dans le nord du pays. C'est une contrainte qu'il faut g?rer avec prudence et en perspective? de l'adaption ? un monde en ?volution.

Il ne faut pas oublier que le secteur de l'enseignement au Maroc ?volue toujours? dans le sch?ma pr?par? par PriceWaterHouse, command?e par la Banque Mondiale, qui a recommand? qu'on dispense un enseignement priv? de qualit? pour les enfants de l'?lite, ? l'image des ?coles fran?aises, et laisser l'?cole publique pour les enfants des autres couches sociales, les indig?nes dans un langage ancien.? La Banque Mondiale a abandonn?, entre temps, ce sch?ma attaqu?e par le PNUD depuis le d?but des ann?es 1990, mais il parait que les privil?gi?s d? ici ne pr?tent aucune attention ? ce changement qui ne les arrange pas. Le maintien de ce sch?ma aujourd'hui est contraire aux droits de l'Homme et donc ? la constitution.

Les enfants des Marocains ont le droit ? un enseignement de m?me qualit?. Les plus intelligents et les plus m?ritants, quelque soit leur origine sociale, r?gionale ou leur couleur de peau, doivent ?tre encourag?s et accompagn?s pour mettre leur intelligence au service de leur pays. Ils doivent ?galement b?n?ficier des m?mes conditions pour acc?der ? l'emploi, public ou priv?, et aux responsabilit?s et finir avec une tendance accentu?e ? privil?gier ceux et celles issus des familles influentes.

La r?forme de l'?cole publique ne supporte pas le laxisme, les calculs politiciens aveugles et les pressions des int?r?ts. Elle ne supporte pas non plus les consensus mous. Les r?sultats de la charte, pourtant ambitieuse, sont riches en enseignements.

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