Amnesty International : une détérioration globale des droits de l’Homme

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Les années s’écoulent, mais la situation des droits de l’Homme n’a pas l’air de s’améliorer. Compte rendu du dernier rapport d’Amnesty International sur les droits de l’Homme.

Amnesty International vient de publier ce mercredi 22 février son dernier rapport, dans lequel elle fait un état des lieux global. Le bilan est sombre plus que jamais et la prolifération de la haine semble être le maître mot dans le monde. En France, pays des droits de l’Homme, les libertés semblent être en péril. L’état d’urgence décrétée depuis plus d’un an constitue une véritable menace aux droits les plus fondamentaux. L’Italie a durci cette année sa politique à l’égard des migrants et réfugiés, et aux Pays-Bas le profilage ethnique pratiqué par la police continue à semer l’inquiétude. Quid du Maghreb arabe ? Les quelques lois progressistes adoptées ont-elles vraiment apporté de la couleur à la situation dramatique ?

Les droits de l’Homme au Maroc, encore un long chemin à parcourir...

Le rapport d’Amnesty International a relevé une certaine dégradation des libertés au Maroc. « Cette année encore, les autorités ont poursuivi des journalistes et des détracteurs du gouvernement qui n’avaient fait qu’exercer pacifiquement leur droit à la liberté d’expression », a affirmé AI dans son rapport. L’ONG relève également que les autorités marocaines resserrent de plus en plus l’étau sur les organisations de défense des droits de l’Homme. « Des défenseurs des droits humains et des militants étrangers ont été expulsés ou se sont vu refuser l’entrée sur le territoire » ajoute Amnesty.

L’ONG internationale a également critiqué le système judiciaire du Maroc, qui a certes poursuivi le processus de réforme concernant essentiellement le code pénal, ceci-dit les modifications apportées « ne remédient pas aux lacunes importantes du code actuel concernant, entre autres, la peine de mort et les restrictions injustifiées de la liberté d’expression et de religion. »

En dépit des restrictions qui pèsent toujours lourd sur la liberté d’expression, le royaume a réalisé des avancées notables en matière de droits de l’Homme. L’ONG rappelle qu’un nouveau code de la presse, adopté en août dernier, avait éradiqué les peines d’emprisonnement pour l’exercice de la liberté de presse. Le gouvernement marocain a, pour sa part, adopté une loi pour lutter contre la traite des êtres humains.

Dans ce même esprit, le roi Mohammed VI a annoncé, en décembre 2016, une nouvelle vague de régularisation de migrants sans papiers. Au Maroc, « les réfugiés ont accès aux droits fondamentaux et à des services de base, dont l’éducation. Les Syriens enregistrés auprès du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ont reçu des documents les protégeant de l’expulsion, sans qu’une décision soit prise sur leur statut définitif », note également le document.  

L’Algérie n’échappe pas à la règle…

Selon le rapport d’Amnesty, les autorités algériennes continuent de restreindre la liberté d’expression, d’association, de réunion et de religion. Le rapport mentionne également que des défenseurs des droits humains ont été poursuivis dans le cadre de procès inéquitables. Amnesty International a également rappelé les expulsions arbitraires de réfugiés et migrants qui ont suscité l’indignation de beaucoup de pays et associations œuvrant pour les droits de l’Homme. Rappelons que durant cette période, des responsables algériens avaient accusés les réfugiés d’être source de violences et de maladies. Des stéréotypes xénophobes injustifiables au 21ème siècle.

Par ailleurs, le rapport mentionne une liberté d’expression qui fait défaut relatant des personnes ayant fait l’objet de poursuites pénales et des médias fermés parce qu’ayant critiqué le gouvernement. De même, selon le rapport toujours, il y a un réel problème de liberté de religion et de conviction et le système judiciaire souffre également de plusieurs lacunes.

Le rapport d’Amnesty International dénonce, de surcroît, le silence algérien concernant les camps de Tindouf. L’Algérie continue toujours de couvrir les crimes odieux commis par le Polisario dans ces camps, dans une transgression proéminente des droits de l’Homme.

En Mauritanie la liberté d’expression, c’est de la poudre aux yeux !

En Mauritanie, la détérioration de la situation des droits de l’Homme préoccupe de plus en plus Amnesty International. Dans son nouveau rapport, l’ONG note que « des lois – notamment celles relatives à l’ordre public, à la rébellion et à l’appartenance à une organisation non reconnue – ont été utilisées pour engager des poursuites à motivation politique contre des opposants du gouvernement et des défenseurs des droits humains, en particulier des militants luttant contre l’esclavage. » Le gouvernement mauritanien semble mener une répression accrue contre ces militants en raison de leur engagement contre cette pratique séculaire.

La liberté d’expression se porte très mal à l’heure actuelle dans ce pays où les journalistes et les bloggeurs écopent toujours de lourdes peines de prison. Le cas de Mohamed Mkhaïtir, condamné à mort pour apostasie à cause d’un article qui critique les inégalités sociales en Mauritanie, illustre concrètement la réalité brutale de ce pays.

Plus triste encore, l’esclavage, pourtant aboli officiellement depuis plusieurs années en Mauritanie, continue tout de même de sévir avec la connivence des autorités. La discrimination bat également son plein dans ce pays, où des groupes ethniques comme les Haratines et les négro-mauritaniens sont exclus de la vie politique et sociale, n’ayant même pas le droit d’obtenir une carte d’identité.

Pendant ce temps en Tunisie, discrimination et violences sexuelles contre les femmes

Les remarques d’Amnesty sur la Tunisie ne diffèrent pas tellement de celles sur l’Algérie ou encore la Mauritanie. Là également, l’ONG internationale mentionne la restriction des droits à la liberté d’expression et de réunion par les autorités.

Amnesty déclare que les femmes font toujours l’objet de discriminations dans la législation et dans la pratique et ne sont pas suffisamment protégées contre les violences liées au genre. Le rapport accuse également le pays de violences sexuelles et de discrimination religieuse et ethnique sans parler des détentions arbitraires et des tortures.

Par ailleurs, l’ONG affirme également que des tribunaux ont prononcé des condamnations à mort même si aucune exécution n’a eu lieu depuis 1991. Toutefois, le rapport ne semble pas rendre justice aux avancées démocratiques et en matière des droits de l’Homme, réelles, qui ont eu lieu en Tunisie ces dernières années.

Le constat est donc accablant. Le rapport d’Amnesty International a rendu compte d’une situation dramatique des droits de l’Homme dans le monde. Le déferlement de la haine à l’échelle internationale est effréné. Beaucoup de personnes continuent à payer cher le prix de leurs opinions ou de leurs appartenances religieuses et ethniques. La planète semble basculer, de plus en plus, vers l’intolérance et la violence.

 

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