France : Une opinion publique divisée face à la hausse des frais d’inscription

5437685854_d630fceaff_b-

466
Partager :

En début de semaine, le gouvernement français annonçait l’augmentation des droits d’inscription dans les universités et écoles supérieures françaises pour les étudiants étrangers non européens. La mesure a eut l’effet d’un tsunami en France et ailleurs. Détails

Baptisé « Stratégie d’attractivité pour les étudiants internationaux », le plan compte paradoxalement parmi ses mesures une augmentation vertigineuse des droits d’inscription qui seront désormais fixés à 2.770 euros en licence, contre 170 euros actuellement et 3.770 euros en master et doctorat, contre 243 euros en master et 380 euros en doctorat jusqu’à présent.

Depuis l’annonce du premier ministre Français Edouard Philippe, lors des Rencontres universitaires de la Francophonie, les français sont divisés. Il y a ceux qui dénoncent une fermeture des portes de la France aux étudiants étrangers, et d’autres, qui applaudissent une mesure qui prend désormais en compte les étudiants français, au lieu de permettre une gratuité payée par le contribuable français.

Sauf que, les premiers concernés par cette mesure seront les étudiants originaires des pays francophones du Maghreb et d’Afrique, à leurs têtes les Marocains suivis des Algériens, des Tunisiens, des Sénégalais et des Ivoiriens. Cette hausse concernerait donc environ 100 000 personnes.

Du côté de Matignon, on a tenu à assurer que ces droits exigés ne représentent que le tiers voire moins du coût réel de la formation dispensée. Béatrice Khaiat, Directrice générale de Campus France, a quant à elle déclaré : «  Quels que soient les pays d’origine, les étudiants font partie de l’élite. Ceux qui décident d’étudier à l’étranger constituent l’élite de l’élite. Sur le sol français, chacun dépense en moyenne 14 000 euros par an. Et la quasi-totalité ont l’habitude de payer pour étudier ». « Partout ailleurs dans le monde, des frais supplémentaires sont demandés aux étudiants étrangers», a-t-elle poursuivie, ajoutant que «la quasi-gratuité à la française n'est le plus souvent pas un critère lorsqu'ils choisissent notre pays.»

L’aspect pécuniaire de la formation dispensée aux étudiants étrangers en France a été aussi évoqué par Edouard Philippe qui a affirmé, dans un tweet, largement repris et commenté dans les réseaux sociaux. Selon lui, « un étudiant étranger fortuné qui vient en France paye le même montant qu’un étudiant français peu fortuné dont les parents résident, travaillent et payent des impôts en France depuis des années. C’est absurde et injuste ».

Jean-Pascal Gayant, professeur de sciences économiques à l’université du Mans, a applaudi le nouveau plan du gouvernement le qualifiant même de « petite révolution qui met fin à un tabou dans l’enseignement supérieur ». Dans une tribune publiée dans un journal français, l’universitaire affirme que le financement de la formation des étudiants étrangers repose sur des «ressources magiques » qui sont en réalité les impôts et taxes des contribuables français, « sans aucune réciprocité de la part des pays extracommunautaires ».

Par ailleurs, selon Le Monde, « les propositions annoncées par le premier ministre semblent surtout avoir vocation à faire le ménage dans le groupe de ceux qui viennent traditionnellement et qu’on accueille davantage en sciences humaines que dans les disciplines scientifiques à haut potentiel ». « Difficile de parier qu’il en sera de même, demain, avec l’augmentation des frais d’inscription qui se prépare », déplore le journal.

Déjà que les difficultés pour obtenir un visa, trouver un logement finissent par décourager nombre d’étudiantes et d’étudiants étrangers. Ces étudiants « ne vont-ils pas se tourner vers d’autres pays, plus accueillants, en Europe ou en Amérique du Nord ? », s’alarment, dans une tribune le sociologue Eric Fassin et le philosophe Bertrand Guillarme.

 

lire aussi