Harcèlement sexuel : féminisme ou puritanisme

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Dans ce texte paru dans le journal Le monde et signé par 100 femmes, dont certaines sont connues et reconnues, des choses dites sont vraies et d’autres peuvent paraître injustes. Mais la grande partie du texte est clairement anti-puritanisme et plaide pour que la liberté sexuelle puisse avoir de longs jours devant elle, afin que les extrémismes religieux ne puissent pas exister et se dresser à travers ce féminisme proéminent, trop renflé

Le féminisme n’est pas « la haine des hommes » selon le texte. La haine des hommes, dites-vous ? C’est sûr que là, les cent femmes ont vu juste, car « le puritanisme qui est apparu dans l’affaire Weinstein » est d’une austérité, d’une pruderie extrême envers les femmes, victimes, forcément victimes, mais coupables et complices du machisme dès lors qu’elles se refusent à l’ultra féminisme.

Néanmoins, il va sans dire que cette « haine de la sexualité » dont le texte parle suscite chez certains, un émoi, voire du renoncement, car ce « dégoût » de la sexualité est naturel et humain lorsqu’on a été violée ou agressée sexuellement. D’ailleurs, les explications de Catherine Deneuve, l’une des figures françaises et signataire de ce texte, vont dans ce sens, elle s’excusera auprès de ces victimes et uniquement auprès d’elles.

Le texte n’en est que plus légitime et approprié après ces excuses. D’ailleurs, il s’agit dans cette tribune de rendre à la femme son statut de femme et non de simple féministe réduite à cet état de féministe. En vérité la polémique « me too » et « balance ton porc » risque de réduire l’émancipation des femmes et produire les effets contraires de ses objectifs : faire renaitre la misogynie et le phallocentrisme, et mener à un retour au temps où les femmes ont été « de petites choses sous l’emprise de phallocrates démons comme au bon vieux temps de la sorcellerie » selon la tribune.

C’est un «climat de société totalitaire » que dénonce ce texte, une société où la vertu des femmes est telle qu’on ne touche pas à son innocence, où elles sont victimisées à l’aide de dénonciations publiques et où les hommes s’excusent vingt ans plus tard de la possibilité qu’ils aient eu un comportement déplacé.

Ainsi, une femme qui dirige une équipe professionnelle peut, selon le texte, « jouir d’être l’objet sexuel d’un homme, sans être une « salope » ni une « vile complice du patriarcat ». «La liberté d’importuner » irait « de pair avec la liberté de dire non à une proposition sexuelle », n’y a-t-il pas de mots plus justes que ceux-là pour défendre la liberté d’être et de se sentir femme.

« Nos filles » doivent pouvoir « vivre pleinement leur vie sans se laisser intimider ni culpabiliser ». En outre, pour permettre aux femmes de prendre de la hauteur et peut-être même un peu pour leur permettre de garder la tête froide et pour dédramatiser leur conscience sexuelle, le collectif va jusqu’à parler des « accidents » qui touchent le corps d’une femme et qui « n’atteignent pas forcément sa dignité ». Ils ne doivent d’ailleurs pas nécessairement faire d’elle une victime perpétuelle, si durs soient-ils parfois, ces « accidents » : nous ne sommes pas réductibles à notre corps.

Certains opposants à ce texte ont été plus qu’agressifs et impulsifs dans leur réaction. Leur réponse à cette tribune a même parfois flirté avec le dédain. Par exemple, Leïla Slimani, auteur de « sexe et mensonge, la vie sexuelle au Maroc », aurait accusé, selon le magazine Telquel,  le texte de ne pas être « assez pertinent », et d’être « approximatif, en termes d’écriture ». C’est en quelque une sorte de terrorisme intellectuel et l’imposition d’un politiquement correct fondant les relations entre les femmes et les hommes qui sont en train de se mettre en place, dommageable pour des relations sereines entre les deux sexes.

Pour ne pas pinailler d’avantage sur un sujet qui aurait du être rapidement tranché, en faveur de la liberté sexuelle, et par conséquent en faveur de cette tribune dont l’écriture est pleine de bon sens, disons simplement que le mot de la fin devrait plutôt revenir à ces cent femmes signataires du texte, ne serait-ce que pour promouvoir plus d’équité entre les femme et les hommes.

 

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