La grève de lycéens : La graine des révoltes

5437685854_d630fceaff_b-

853
Partager :

La grève s’est appuyée sur la précipitation du ministère de l’Education Nationale dans la réorganisation des horaires scolaires à la lumière de la nouvelle heure légale instaurée dans la même hâte. Il fera ensuite marche arrière avec un empressement égal. Il finira en se défaussant sur les Académies

Le plus dangereux dans les grèves lycéennes est qu’elles prennent rapidement racine avant de s’installer dans la durée et l’habitude. Les groupes organisés et encadrés font le reste

Par Naïm Kamal - Cela fait des années qu’on n’a pas vu des lycéens et des collégiens dans la rue. En 1965, année des émeutes sans précédent de mars, ce sont eux qui ont mis le feu aux poudres. Depuis et jusqu’au milieu des années 70, le Maroc était devenu abonné aux grèves des élèves qui donnaient de l’ampleur au mouvement estudiantin, à l’époque limité à la seule ville de Rabat qui abritait l’unique université marocaine (Mohammed V). Rarement, pour ne pas dire jamais, ces mouvements n’ont pas été manipulés.

Si les émeutes de 1965, que l’on qualifie abusivement de spontanées, étaient fortement influencées par l’Union Nationale des Forces Populaires et l’Union Marocaine du Travail, les grèves qui vont marquer la fin des années 60 et le début des années 70 seront marquées par une remarquable agitation de l’extrême gauche avant que les islamistes n’entrent en scène pour contrer « les athées ». Ils passeront par la suite dans l’hostilité au régime, leur parrain qui les a beaucoup aidés à prendre pied.  

Après l’année blanche  (70 – 71), l’action lycéenne et estudiantine était devenue moins générale, sporadique et peu régulière dans le temps. Or ce que l’on est en train de voir aujourd’hui à travers les lycées du pays ressemble par son ampleur à ce que l’on voyait dans ces années là.

La caractéristique de ces actions, aussi bon enfant que dangereuses, étendues dans le temps et l’espace, touchant presque toutes les familles sur l’ensemble du territoire,  est qu’elles prennent prétexte de rien et s’étendent à tout. La grève en cours s’est appuyée sur la précipitation et l’improvisation absurdes du ministère de l’Education Nationale dans la réorganisation des horaires scolaires à la lumière de la nouvelle heure légale instaurée par le gouvernement dans la même hâte aberrante. Le soir même le département de l’Education annonçait un nouvel horaire. Il fera ensuite marche arrière avec un empressement égal après la rencontre avec les parents d’élèves. Il finira en se défaussant sur les Académies et sur les décisions locales au cas par cas.

Le plus dangereux dans les grèves lycéennes est qu’elles prennent rapidement racine avant de s’installer dans la durée et l’habitude. Les groupes organisés et encadrés font le reste. Ils vont utiliser à fond les cotés les plus sympathiques du mouvement, l’insouciance, l’ignorance par bonne foi, l’inconscience  et le goût de l’aventure pour l’emmener sur les sentiers de l’aventurisme. La compétition entre les courants, actuellement plutôt d’obédience islamique, entrainera généralement une bonne dose de surenchère politique qui risque à terme de le transformer en graine de révolte si ce n’est de révolution.

lire aussi