La jeunesse et le lien social au Maroc, le désarroi

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Les jeunes entre 20 et 35 ans sont menacés par le chômage, la pauvreté, l’exclusion, et pour mieux réussir leur intégration, ils doivent agir dans le sens d’une action éducative opérée d’en bas, c’est-à-dire venant d’eux-mêmes (Associations, stages etc.) et doivent s’établir de manière plus concrète dans les secteurs suivants : l’action social- A travers le tissu associatif, le travail social, le milieu professionnel en général, la culture, la société et la santé

Les mutations sociales, elles existent, mais ne sont pas toujours en faveur de la jeunesse marocaine. Des diplômes sont proposés, des entreprises ouvrent leurs portes, mais le niveau n’est pas toujours très satisfaisant. Les formations et les postes proposés ne sont pas en adéquation avec les attentes de la société. Les nouveaux emplois sont mal rémunérés, et l’accessibilité même, à des postes clés n’est réservée qu’à une minorité. Le taux de chômage est donc, en milieu urbain, de 41,5% chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans et de 23,2% chez les 25-34 ans. Une réalité injustifiée, lorsqu’on sait que le taux de chômage n’est que de 9,1% pour les 35-44 ans et de 4% pour les 45 ans et plus. (Recensements de 2017)

Sans entrer dans la définition de ce qu’est dans le monde le véritable sens de l’analphabétisme en se limitant à son sens premier, le grand taux d’analphabétisme des femmes- 14,8% pour les jeunes filles contre 7,2% pour les garçons, d’après les recensements de 2014- témoigne d’une grande négligence des pouvoirs publics, et malgré le fait que les voies s’élèvent, les initiatives aidant de façon concrète le pays sont absentes, le gouvernement ne propose rien de limpide et d’utile à la bonne marche à ces institutions que sont l’école, l’économie, la justice, la politique et la religion.  Pis, la réforme de l’éducation nationale est en panne depuis plusieurs années et personne ne semble en mesure de la faire démarrer.

L’exclusion est le bien le mieux partagé. L’égalité d’accès aux emplois publics, la participation à la gestion de la cité, l’élaboration d’une politique culturelle, pour ne citer que ces exemples, figurent parmi les grands déficits de la politique de l’Etat. La pauvreté chez les jeunes est plus discriminante qu’elle ne l’était autrefois, car il y a moins d’intervenants qui aident au développement du niveau de vie et au bien être. Aussi, malgré les actions visant à intéresser les jeune à la vie publique, qui restent largement insuffisantes, les jeunes sont les moins nombreux à aller voter, car ils ne se sentent pas investis, ni concernés par la politique et les enjeux des affaires publiques marocaines. Il en découle un délitement du lien social, et une régression de l’impulsion des jeunes sur le mouvement de la société.

Or, le lien social est un élément à préserver chez cette communauté, car ce lien représente la découverte de soi, l’insertion dans la société, la prise en charge de soi, l’autonomie, l’indépendance et, enfin, la préservation de la cohésion sociale et de l’unité nationale.

Au Maroc, 81% des jeunes de 18-25 ans vivent au sein du foyer parental. La jeunesse marocaine n’est pas encore autonome, et ne possède pas encore les moyens de se prendre en charge.  Elle en devient une charge pour les familles et un fardeau explosif pour l’Etat et la société

Il faut donc que le gouvernement investisse dans des chantiers  de nature à offrir l’épanouissement dont a besoin la jeunesse, mais à l’horizon rien ne semble indiquer qu’à court ou moyen terme les pouvoirs publics soient en mesure d’offrir des perspectives rassurantes et pérennes. L’horizon n’est pas très net et l’ambiance est au scepticisme et au pessimisme dans un quotidien où la débrouillardise semble la règle.  

Dans ce système, qui, il faut le dire, ne date pas d’aujourd’hui, aucune catégorie sociale n’est épargnée. Les pauvres, avec une palme pour les femmes et les jeunes, notamment quand ils sont  issus du milieu rural, sont les victimes privilégiées de ce « à vau l’eau », mais la démoralisation n’épargne pas non plus les classes moyennes. A ce niveau là, La pauvreté réapparaît dans les esprits encore plus que dans les faits.

C’est peu de dire que la situation est grave et sérieuse. La jeunesse marocaine vit le calvaire d’une atmosphère foncée par le désordre, la confusion- pour ne pas dire l’agitation.

L’identité même du jeune est touchée, lorsque le sentiment d’appartenance à un espace (une ville ou un pays) n’est pas assez consolidé ; pourtant, l’identité est le socle de la pensée, de la projection dans l’avenir, elle est l’ouverture sur autrui et aide à la construction d’une nation prospère.

Là où le bat blesse aujourd’hui c’est que tout le monde peut produire le bon diagnostic, décrire l’état des lieux, une compétence sûre qui n’a d’égale que notre inaptitude à offrir des alternatives et des moyens et voies d’en sortir.  Autant dire qu’il y a une forme de désarroi qui s’est emparée des esprits.