La parité face au miroir

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Je sens les hommes. Pour une fois, les rôles s’inversent et c’est moi, la femme, qui curieusement mate

Je pousse la porte de ce salon de coiffure pour hommes, façade ni trop épurée pour être hors de portée de ma bourse, ni négligée au point de me faire craindre un mauvais service. Le commerce avait pignon sur rue sur une grande artère de la ville, pas de soucis à se faire. Je m’y engouffre flanquée de mon fils, bouclier dissuasif on ne sait jamais. Forte de mon statut de maman, je demande une coupe de cheveux. Nous sommes tout de suite pris en charge et je m’installe penaude sur un siège d’attente.

Je sens les hommes.

Pour une fois, les rôles s’inversent et c’est moi qui curieusement mate.

Des coiffeurs s’activent sur des têtes d’adultes, d’enfants et de jeunes. A la caisse, une préposée fait la somme des soins qu’un client venait d’avoir : – Epilation des sourcils, 50 dirhams, soin coup d’éclat 120 dirhams, coupe 80. L’homme négocie : – J’ai un tarif spécial accordé par le proprio. Ils discutent et finalement arrondissent le tout à 230 dirhams. Au fond du salon, les lavoirs à tête et un client qui patiente avec une teinture sur les cheveux. Un autre se fait shampouiner et un troisième semble détendu pendant qu’on lui masse la barbe et le cuir chevelu. Un autre client suit l’esthéticienne derrière, vers des cabines de soin où on va le débarrasser des poils disgracieux du dos et du torse. En passant devant moi, il dit vouloir aussi une manucure.

Mon regard se balade, incrédule, pendant que mon fils se fait couper les cheveux. Juste à sa gauche, un homme gêné, fixe le plancher pendant qu’une jeune coiffeuse lui demande de maintenir la tête droite. Un coton-tige enrobé de cire est planté dans sa narine. La coiffeuse tire d’un coup sec. Le jeune homme avait l’air de tenir le coup, pas question de perdre la face devant moi.

J’ai quitté les lieux satisfaite. La coupe de cheveux de mon fils était réussie et me voilà rassurée de voir que finalement, les hommes et les femmes ont les mêmes doutes face au miroir.

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