Osons !

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Il n’y a presque plus de raisons objectives pour maintenir la prohibition du chanvre indien au Maroc. Ni géopolitiques, ni morales et encore moins économiques. Sur ce sujet, aussi, il faut que le politique se mette au diapason de la réalité notamment internationale.

Mais enfin, voilà une activité informelle — plus ou moins sévèrement combattue —  qui génère des milliards de dirhams qui échappent au fisc et qui peut apporter davantage si elle était structurée, modernisée et gérée d'une manière optimisée sur le plan social et économique. Le chanvre indien interdit au Maroc nourrit tous les trafics, toutes les déviances et toutes les corruptions. Le marché noir du chanvre indien est, d'une manière objective, une atteinte à la sécurité de l'État, à son ascendant et à sa légitimité. Une légalisation mettrait à bas des dizaines, voire des centaines, de baronnies corruptrices et malfaisantes qui, cahin-caha, essaient d'affaiblir l'État et ses démembrements.

Et ce ne sont pas les miettes qui vont dans les poches des pauvres agriculteurs qui vont justifier un statu quo qui maintient tout le monde dans la misère sauf, naturellement, les gros trafiquants. Nous ne pouvons pas dire que le modèle agricole actuel de la production du chanvre indien est un modèle vertueux qui aide à lutter contre la pauvreté et contre la marginalisation de petits agriculteurs. Loin de là.

La tendance mondiale est à la dépénalisation et à la création d'un marché mondial formel dans lequel nous avons un grand rôle à jouer notamment dans le chanvre indien à usage récréatif ou médical. Ça serait une erreur de tourner le dos à cette économie mondiale “émergente” et de rester dans le déni en continuant à faire les gendarmes loyaux pour le compte d'une Europe dans le cadre d'une politique erratique. Le monde légalise et le Maroc se ferme davantage englué dans une politique de réduction des superficies de culture de chanvre  indien qui n’a plus de sens alors que le Canada — ou même la Californie — qui vient de légaliser manque de matière première !

Notre pays est en mesure, en créant une Régie nationale ayant les pleins pouvoirs de la production à la commercialisation, de créer ex nihilo un secteur économique organisé florissant adossé à une industrie pharmacologique dynamique tournée vers l'export.

Ce n'est pas de la science-fiction ! Il faut juste oser et mettre davantage d'audace dans nos projections économiques. Qui aurait cru il y a 30 ans qu'on serait des leaders dans l'aéronautique ou dans l’automobile ?

*Edito du Magazine Bab n°20

 

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