Ouafa Hajji réélue présidente de l’ISF ou la dignité des femmes en héritage

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Militante jusqu’au bout de ses ongles manucurés, elle est aux premières lignes pour défendre encore et toujours l’égalité des genres et la citoyenneté effective des femmes dans le processus de construction démocratique. En ces temps troublés, les Marocaines en ont bien besoin… 

Ouafa Hajji ne perd pas son fauteuil de présidente de l’Internationale socialiste des femmes. Bien au contraire, la militante usfpéiste vient d’être réélue à l’unanimité au 21ème congrès de l’ISF qui a tenu ses travaux en Colombie, à Carthagène des Indes. Les socialistes du monde ont ainsi choisi de ne pas changer « une femme qui gagne ». Le bilan « extrêmement positif » de  Madame la présidente a fait campagne pour elle. Les organisations membres de l’internationale socialiste des femmes ont renouvelé leur confiance à Ouafa Hajji, candidate unique.

Mais qui est donc cette ittihadie discrète qui, dans la foulée, retrouve son poste de vice présidente de  l’Internationale socialiste ? Qui est donc cette Marocaine qui vient d’offrir à son pays une belle occasion de s’affirmer dans les cénacles internationaux ?

«Une militante qui a des convictions et non pas des certitudes», disent d’elle les Usfpéistes ayant suivi ses pas en politique. «Une bosseuse qui préfère l’action au bavardage», renchérissent ses collègues de travail. «Une femme qui s’est toujours battue pour les droits des Marocaines, non pas pour en faire un tremplin mais un vrai combat», résument les activistes du mouvement féminin qui l’ont bien connue. Ouafa Hajji, la toujours présidente de l’Internationale socialiste des femmes est bien ce qu’il convient d’appeler une  femme engagée.  En plus d’être une «wonder woman» à la carrière exceptionnelle –quand on est femme, au Maroc et nulle part ailleurs- à Bank Al Maghrib où elle figure parmi la short list des directeurs «qui comptent».  «Mais attention, s’empressent de préciser militants et militantes du parti de la Rose, seul l’engagement politique peut apporter ce supplément d’âme». 

Dans la famille Hajji, demandez la sœur ! Fille et sœur d’Ittihadis, Ouafa Hajji est née, en 1959, dans la potion magique de la politique. Ses souvenirs d’enfance se sont construits entre jeux de gamine et débats sans fin où l’on refaisait sans cesse le monde, un monde forcément meilleur. Dans la famille Hajji, l’héritage usfpéiste se transmet, de père en fils et fille. Celle qui vient d’être élue à la tête de l’Internationale socialiste des femmes – l’aboutissement suprême pour une féministe de gauche- a naturellement fait ses premières armes au sein de l’Union nationale des étudiants du Maroc, l’emblématique syndicat estudiantin de gauche. C’est sur les bancs de l’Université Mohammed V de Rabat où elle est étudiante en économie –après avoir décroché un bac C au lycée Descartes en 1977– que la jeune femme fait son apprentissage  de la lutte et du combat  en même temps que  son baptême du feu. En ces  années de braise, la répression s’abattait sur tous ceux et celles qui rêvaient de démocratie.  Les convictions de Ouafa Hajji n’en finissent pas de se forger.  Un parcours militant commence. Au 16ème congrès de l’UNEM, elle est élue membre de la commission administrative. 

De cette époque, le président de la chambre des députés,  Habib El Malki, qui a été son professeur d’histoire de la pensée économique, garde le souvenir d’une étudiante «toujours assise au premier rang, prenant peu de notes et réussissant toujours à avoir de bonnes notes aux examens». 

«Les traits saillants de la personnalité de Ouafa Hajji que je retiens sont la persévérance, le sens de la méthode et l’intelligence dans le contact. Cette militante a un parcours marqué par la fidélité et le respect des valeurs. Ce qui peut être rare en politique», confie ce membre du Bureau politique de l’USFP et ancien secrétaire général du Conseil national de la jeunesse et de l’avenir, une institution à laquelle Ouafa Hajji apportera son expertise aux côtés de Habib El Malki de 1990 à 1995. 
En même temps qu’elle mène carrière à Bank Al Maghrib –un antre presque hermétique aux femmes il y a quelques années- l’engagement politique de Mme Hajji se fait au plus près des citoyens. Elle choisit la proximité et se présente aux élections municipales «meilleure école de la démocratie locale», dit-elle. Edile d’Agdal-Ryad, à Rabat, durant trois mandats successifs, elle sera également la vice-présidente d’un conseil municipal qui avait porté à sa tête un autre Usfpéiste, Hafid Boutaleb. «Ouafa Hajji et Hafid Boutaleb ont formé un tandem de choc. C’est sous leur mandat que les quartiers de l’Agdal et Ryad se sont métamorphosés. Ils ont fonctionné comme de vrais élus locaux, à l’écoute des citoyens qui leur ont fait confiance», témoigne une habitante qui vit toujours  à l’Agdal, sur l’avenue Fal  Ould Oumeir. 

Celle qui est membre du Conseil national de l’USFP et ancienne présidente fondatrice de l’Association féminine «Jossour» n’a jamais dissocié l’engagement politique du  combat pour les droits des Marocaines. La question féminine, a-t-elle coutume d’expliquer, est  forcément politique car elle est au cœur de tout projet de société. Et de rappeler que ce n’est qu’au début des années 90 que l’élite politique a pris conscience qu’elle ne pouvait pas passer outre ce débat sur la femme. « Dans tous les programmes des partis, la femme a sa place. Il y a encore un autre parcours du combattant, celui de faire en sorte que ce discours se transforme en réalité. C’est justement notre rôle en tant que femmes ; et je ne parle pas des ONG féminines qui le font bien. Il faut que les partis politiques arrivent petit à petit à dépasser cette dichotomie entre le discours et la réalité», déclarait-elle il y a quelques années dans un  entretien accordé à un quotidien de la place. 

Le combat de Ouafa Hajji n’a perdu ni en intensité ni en persévérance. Militante jusqu’au bout de ses ongles manucurés, elle est aux premières lignes pour défendre encore et toujours l’égalité des genres et la citoyenneté effective des femmes dans le processus de construction démocratique. En ces temps troublés, les Marocaines en ont bien besoin…

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