Sexualité : « la zone grise »

5437685854_d630fceaff_b-

1060
Partager :

Tout le monde a une histoire de violence sexuelle. C’était le thème de l’émission Infrarouge du mardi 6 mars sur France 2. «  Sexe sans consentement », réflexion sur « la zone grise » en était le titre

En ce qui concerne le consentement sexuel, la zone grise est donc un « non ». En fait, pour définir ce qu’est la zone grise dans la sexualité, il faut comprendre que la zone grise, c’est la zone où on ne dit pas « non », mais où on ne dit pas « oui » non plus. L’autre profite alors de ce flou, de ce doute, pour se satisfaire.

Beaucoup de femmes ne se rendent pas compte de l’existence de cette zone grise, de cette limite à ne pas dépasser. Pour elles, si monsieur veut, alors elles aussi. C’est donc autour du consentement que le rapport sexuel devrait se discuter, se construire. Est-ce un « oui » clair ou un « non » ? Si cela n’est pas un « oui » clair, alors il faut savoir que c’est un « non ».

Il s’agit donc de réussir à s’exprimer, à se faire entendre, puisque souvent, la sexualité de la zone grise est dénuée de violence, mais reste néanmoins que c’est un moment où le « partenaire » n’a pas pu réussir à le dire assez fort : « non je ne veux pas aujourd’hui », « non, je suis fatiguée, j’ai trop bu » etc.

Sous l’emprise de l’alcool, de la drogue, de médicaments, dans un état de fatigue ou dans un état de somnolence à cause de l’alcool par exemple, certaines personnes ont eu des relations sexuelles et ça n’a pas toujours été en compagnie de la personne avec qui elles désiraient vraiment être, ce n’était pas ce qu’elles voulaient vraiment à ce moment là.

« Céder » aux avances de quelqu’un comprend bien donc le risque d’accorder quelque chose qu’on ne voulait pas vraiment donner. «  Céder » dans un état d’ébriété par exemple peut signifier qu’on n’a pas vraiment été conscient de ce qu’on voulait vraiment, et avoir été par conséquent victime d’une agression sexuelle. C’est ce qu’on appelle la zone grise.

La zone grise c’est donc lorsque la relation sexuelle n’est ni un viol ni une relation consentie. Voilà, ça a le don d’être clair comme cela. Mais ne faut-il pas là nuancer le propos. Certaines parleront d’une forme de viol passé sous silence, car elles voulaient, comme c’est le cas de cette jeune fille, vite faire la chose et comme ça c’est réglé, sans se débattre, sans risquer de réellement se faire violer.

La jeune fille qui raconte cette histoire dit qu’elle était soule et qu’elle n’était pas vraiment en état de savoir si elle voulait vraiment cette relation sexuelle, tout ce qu’elle voulait en fait c’est être tranquille, dormir un peu et surtout, ne pas subir de violences. Alors elle n’a pas vraiment participé à l’acte sexuel, mais elle n’a pas non plus détesté puisqu’en début de soirée c’était avec ce garçon qu’elle voulait être. Elle était un peu dégoutée quand même, car ce qu’elle voulait, c’était plutôt se reposer.

Certaines auraient même convoqué le partenaire le lendemain pour en parler, elles sont allées vers lui. Celui-ci répond alors, « je pensais vraiment que tu voulais, d’ailleurs, tu ne t’es pas débattue, je n’ai rien fait de mal, je n’ai rien à me reprocher », d’autres diront «  je ne m’en souviens pas, j’avais beaucoup bu ».

Bon là, il s’agirait clairement donc de parler plus de cette zone grise, de ce non dit dans la société, et d’agir en conséquence.

Mais ne faut-il pas rappeler que dans d’autres cas, pour certaines jeunes femmes, majeures donc, adultes même, il s’agit plus d’une argumentation qui a marché : « il a insisté pendant un long moment et ça a marché, moi tout ce que je voulais c’est qu’il arrête de parler, je n’en n’avais pas envie ».

Ici ne faudrait-il pas rappeler qu’être femme n’est pas égal à avoir un pois chiche à la place du cerveau. Certes, parfois nous sommes faibles, comme tout être humain dans ce monde, mais il faut assumer ses décisions.

Il faut que la femme d’aujourd’hui puisse se réconcilier avec sa féminité et avec sa sexualité. Ce n’est pas pace qu’elle a cédé à un long argumentaire que cela veut dire que son « non » n’en était pas vraiment un, et que la relation n’est pas consentie. Réveillez-vous, nous ne sommes plus au XVIème siècle. La femme d’aujourd’hui a des atouts qui font envie, mais elle possède désormais également des armes intellectuelles pour faire face aux prédateurs.

L’effort doit résider et être réalisé toujours dans la nuance, car en 2018, nous femmes, nous ne sommes pas une proie facile, c’est ce qu’il faut se dire en toute logique.

La zone grise est une faille, il faut arriver donc à être vigilant, qu’on soit une femme ou un homme d’ailleurs. Mais parfois aussi, il faut savoir dédramatiser et faire la paix avec son corps.

Ou sinon, les hommes demanderont tout simplement aux femmes d’être clairement partantes, d’être même entreprenantes avant que rien ne puisse se passer entre les deux. Il faudrait alors que ce soit si « clair » qu’aucun jeu de séduction ne serait licite ni même légitime.

 

lire aussi