UNICEF Maroc : Le millenium marocain lit la presse digitale

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L’Unicef Maroc a dévoilé, ce jeudi 28 février une étude sur les enfants et les médias, intitulée «  Les enfants, les jeunes et médias au Maroc », réalisée en partenariat avec le Comité Parité et diversité 2M.

Le sondage a été effectué auprès d’un échantillon représentatif de milléniaux marocains (15-30 ans).

Il en ressort que la télévision (83%) et la presse digitale (82%) arrivent loin en tête comme les pratiques préférées des jeunes au Maroc, selon le sondage.

Selon cette étude, à l’insuffisance des contenus médiatiques, s'ajoute « l'insatisfaction généralisée » exprimée vis-à-vis des contenus proposés par les médias aux enfants ou sur les enfants.

Elle noté également la faible implication des enfants spécialement dans la presse écrite. Les grilles des programmes de la télévision indiquent un faible volume de productions destinées aux enfants et un déséquilibre entre les missions de divertissement et d'éducation, avec la domination des programmes de bandes dessinées étrangères par rapport aux émissions éducatives.

Il ressort aussi des conclusions de cette étude que la presse écrite se fait l'écho d'une enfance marocaine en situation de vulnérabilité et contribue à l'information sur des sujets sensibles. 

Du côté de la presse «Papier», ces thèmes totalisent 45% des contenus, alors que dans la presse numérique, ce taux progresse de 10% pour atteindre 55% de l'ensemble des contenus réalisés. 

Seuls 46% des jeunes préconisent la radio

Les conclusions de ce sondage révèlent également que la presse écrite continue de résister à la transition vers le numérique. « De manière surprenante », la radio n'a pas beaucoup les faveurs des jeunes interrogés, seuls 46% affirment écouter ce média, ajoute-t-on.

L’analyse montre, en outre, que le millenium type au Maroc (homme ou femme) consacre 30 minutes par jour pour regarder la télévision, surtout en soirée, après 19h00 dans son domicile. Le millenium, relève-t-on, préfère de loin les productions médiatiques étrangères, occidentales ou arabes, (51%) par rapport aux productions audiovisuelles nationales (24%). Ce choix est justifié, selon les auteurs de l’enquête, notamment par la qualité de ces contenus (artistique et technique).

Le millenium au Maroc n'a pas un contact régulier avec la radio. Comme plus de la moitié des jeunes (54%), ce média n'a pas sa préférence. Lorsqu'il l'écoute, il le fait en majorité dans la matinée, via son mobile.

Il a aussi un contact moyen avec la presse écrite papier. Ses pairs sont 58% à déclarer la lire et 36% à lui consacrer moins d'une heure par jour.

Plus d'une heure par jour pour internet

Le millenium marocain se connecte en majorité à internet depuis son mobile. Le temps consacré à internet dans la journée est important : 66% des jeunes se connectent pour une durée de plus d'une heure par jour. Le moment d'accès est majoritairement dans la soirée, après 19h00.

Le premier usage d'internet chez les jeunes est la connexion sur les réseaux sociaux (29%). Globalement « les activités d'échange », Chat et messagerie, totalisent 47% des pratiques. Les « activités d'informations » (recherche d'infos, aller sur des sites et publier sur un blog) arrivent en deuxième position avec 34% des réponses.  

Facebook et WhatsApp en tête des réseaux sociaux les plus utilisés

Ce jeune, fait-on observer, utilise de manière intensive les réseaux sociaux. 28% des jeunes utilisent ces outils pour une durée prolongée entre 1 et 2 heures/jour. Sans surprise, Facebook et WhatsApp arrivent en tête des réseaux sociaux les plus utilisés. Instagram et Snapchat continuent de progresser fortement chez ces jeunes.

Le millenium marocain lit la presse digitale. 72% des jeunes déclarent lire régulièrement ce média. 54% de cette population consacre moins d'une heure par jour à cette pratique médiatique.

Sur les médias web prédomine l'information instantanée (99% des contenus sont de type « informatif ») au détriment de l'analyse ou le journalisme de terrain, relève-t-on. 

Sur la presse écrite numérique, la figure de l'enfant dans les contenus analysés est dominée par l'enfant «victime» ou «bénéficiaire» et de facto invisible dans 97% des contenus.

D’après les auteurs de l’étude, l'absence d'une implication des enfants dans les contenus s'explique par la nature des formats qui sont majoritairement informatifs. L'enfant « source» est majoritairement présent dans les contenus autoproduits (User-content). Ce type de contenus est souvent filmé par les parents sous forme amatrice et repris par les médias, précise-t-on.

Ils notent également l'émergence sur le web d'un contenu diffusé par les internautes notamment par des enfants ou leurs parents. Dans plusieurs cas, les médias étudiés, reprennent ces contenus sans distanciation critique, de mise en contexte ou de protection de la vie privée des enfants.

Ces difficultés à rendre compte et médiatiser l'enfance tel que les textes internationaux le recommandent et les chartes professionnelles le suggèrent informent sur ‘’une crise au sein du système médiatique’’, fait-on observer, estimant que ‘’cette crise est symbolisée par les dérives constatées au niveau de la presse web’’.

Le système médiatique ''donne difficilement une place au jeune public''

L'étude estime, en outre, que le système médiatique tel qu'il opère aujourd'hui ''donne difficilement une place au jeune public''. Pour pallier à ces difficultés, les expériences des meilleurs pratiques internationales en matière d'éducation aux médias et d'engagement des médias pour les droits de l'enfant sont à encourager au Maroc comme moyen de sensibilisation de la population et des professionnels des médias.

Les usages et les rôles des médias sont ''à reformuler'' en prenant cette nouvelle donne, où le numérique joue un rôle déstabilisateur pour le moment, poursuit l'étude. 

Elle fait remarque que cette phase de transition est en train de fixer les orientations à venir des médias vis-à-vis du jeune public. Le volume et la qualité du traitement médiatique de l'enfance dans les années à venir dépendra au Maroc et dans le monde de cette période de négociation en cours, au niveau national et surtout international entre les missions d'informations et de sensibilisation des médias et les enjeux financiers et économiques liés à ces organismes.

Rappelons que cette étude a été présentée lors d’une conférence-débat, initiée en partenariat avec le Comité Parité et diversité de la deuxième chaîne de télévision ''2M'', à laquelle ont pris part des représentants de plusieurs médias nationaux, de la HACA, de l’Unicef et d’ONG spécialisées dans la défense des droits de l’enfant. 

 

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