« Moi, Mina Bouchkioua, jugée et condamnée par un tribunal d’inquisition »

5437685854_d630fceaff_b-

1
Partager :
couv-societe? Sur la Toile, l?affaire fait grand bruit. C?est qu?elle est consid?r?e comme des menaces sur les libert?s individuelles. Sur la Toile, l?affaire fait grand bruit. Une professeure de philosophie, Mina Bouchkioua, est sanctionn?e pour avoir partag? des photos et des statuts jug?s immoraux sur son compte Facebook. On la voit avec ce que le directeur a d?cr?t? ?tre un verre de vin ? la main ou encore une cigarette ? la bouche ou en maillot. Des photos d?une extr?me banalit? pour une jeune femme qui ne se cache pas pour fumer, affronte les vagues lors de la saison estivale ou prend un verre. Des photos qui font aussi et surtout du registre priv? et d?une intimit? viol?e par le directeur de l??tablissement scolaire. Pas question qu?une telle femme dans la vie et la modernit? soit dans les murs de son lyc?e?! Cette enseignante du lyc?e Abou Bakr Seddik, un lyc?e de l?enseignement public de Rabat, a ?t? tout simplement suspendue de ses fonctions de prof de philo et r?trograd?e au primaire en tant qu?institutrice d?arabe et de fran?ais, des mati?res qu?elle n?a jamais enseign?es. Mina Bouchkioua ne d?col?re pas. Son profil Facebook est espionn? par le directeur du lyc?e. On la sanctionne apr?s l?avoir jug?e ? l?aune d?une grille morale et religieuse. On sanctionne aussi ses ?l?ves. La prof de philo avait r?ussi ? d?velopper avec ses ?l?ves une relation particuli?re qui n?est pas sans ressembler au film culte ??Le cercle des po?tes disparus??. L?activiste qui a ?t? proche du mouvement 20 f?vrier ?ceci expliquant-il cela??- choisit fort heureusement de rendre publique l?affaire. Son t?moignage donne ? r?fl?chir. Elle est convoqu?e dans le bureau du directeur de son lyc?e. Un repr?sentant de la d?l?gation est de la partie. Et ? l?int?rieur de ce bureau et en un peu moins de deux heures, elle est interrog?e, jug?e, condamn?e. ?Cela ressemble ? un proc?s en sorcellerie dans un tribunal d?inquisition. ??Une telle enqu?te ne devait m?me pas ?tre ouverte. L?enseignante a ?t? sanctionn?e sur la base de l?appr?ciation d?un directeur qui affiche ses id?es religieuses voire islamistes. Le plus grave dans l?histoire, c?est que la d?l?gation et donc le minist?re de l??ducation nationale l?ont suivi?dans cette d?rive?o? l?injustice le dispute ? la b?tise?, commente cette d?fenseure des droits humains. ??Une vie priv?e viol?e et saccag?e?? Quelques jours plus tard, la d?l?gation de l??ducation nationale de Rabat lui apprend la nouvelle via un courrier dat? du 15 d?cembre dernier. La missive officielle lui signifie son renvoi du lyc?e Abou Bakr Seddik et son affectation au poste d?enseignante d?arabe et de fran?ais dans une ?cole primaire. Et depuis une semaine, les r?seaux sociaux n?en finissent pas de commenter l?affaire ??Mina Bouchkioua??. Tous les posts t?moignent d?une indignation collective des internautes. ??Les tribunaux d?inquisition ont ouvert leurs portes. On ne va pas tarder ? ?riger des b?chers??, ??C?est une vie priv?e viol?e et saccag?e??, ??La page FB est du domaine du priv?, elle ne peut nullement ?tre consid?r?e comme une source d'incitation ? la d?bauche??, ???Encore une histoire ahurissante d?arbitraire et de pr?jug?s! Une mobilisation doit s'organiser tant au profit de la prof que pour ses ?tudiants??, les commentaires d?voilent les inqui?tudes des Facebookers.?? Et pour cause. Ce qui est arriv? ? Mina Bouchkioua menace tout simplement l?espace des libert?s individuelles des femmes et des hommes de ce pays, un espace expos? plus que jamais au mode de pens?e islamiste.

lire aussi