Quand Loubna Abidar fâche ses défenseurs

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Samedi 21 mai 2016, l?actrice marocaine Mme Loubna Abidar a ?t? invit?e sur le plateau de la c?l?bre ?mission fran?aise ? On n?est pas couch? ?. Interrog?e avec une certaine complaisance par l?animateur principal de l??mission, ?Laurent Ruquier, et ses deux chroniqueurs, L?a Salam? et ?Yann Moix, l?invit?e Mme Abidar a eu des propos caricaturaux, et ? certains ?gards, insultants ? l??gard du Maroc et des Marocains. Salah El Ouadie et Mohamed Benmoussa, deux militants associatifs qui comptaient parmi ses soutiens, ont jug? n?cessaire d?exercer une sorte de droit de r?ponse en adressant une lettre de mise au point Ruquier, ainsi qu?? la productrice de l??mission Catherine Barma. Sans suite. Le Quid livre ce droit de r?ponse.

??Cher Monsieur Ruquier,

Vous n'?tes pas sans savoir que votre ?mission ONPC est suivie au Maroc par un large public assidu. Cette exposition m?diatique ? l'international dans les pays francophones est certainement pour vous une source de satisfaction, mais elle vous expose en m?me temps ? un surcro?t de responsabilit?. Beaucoup de vos t?l?spectateurs marocains ont eu la possibilit? de voir le passage r?serv? ? Madame Loubna Abidar le 21 mai dernier qui a suscit?, si ce n'est un m?contentent, du moins un grand ?tonnement de leur part.

Tout en reconnaissant ? Madame Abidar le droit ? la libre opinion et ? la libre expression publique, nous avons consid?r? que certaines de ses d?clarations ?taient outranci?res et n?cessitent, en cons?quence, quelques mises au point.

Nul doute qu'il serait vain d'exiger de Madame Abidar, com?dienne de son ?tat dans un style de cin?ma r?serv? ? un public averti, la rigueur scientifique des chercheurs en sociologie ou l'engagement citoyen des d?fenseurs des droits de l'Homme. Mais par del? les outrances et les caricatures, nous avons trouv? que certaines de ses d?clarations ?taient plut?t choquantes, sinon tendancieuses, et heurtaient frontalement les sentiments des Marocains. Pass?es sur antenne ? une heure de grande ?coute ? travers votre ?mission, elles ne peuvent que prendre une ampleur inconsid?r?e, dont r?sulteraient une image totalement travestie de la r?alit? du Maroc d'aujourd'hui et une information totalement erron?e de vos t?l?spectateurs.

Nous tenons ? pr?ciser que notre volont? n'est nullement de pol?miquer au sujet de ces d?clarations, ni d'accabler son auteure. Nous avons ?t? parmi les premiers au Maroc, ? nous ?lever contre la violente cabale dont votre invit?e a ?t? l'objet ? l'annonce du film "Much Loved" o? elle incarne l'un des r?les principaux. Le Mouvement Damir (Conscience)

dans lequel nous militons, a pris l'initiative de lancer une p?tition dans ce sens, qui a connu un succ?s incontestable. Elle fut sign?e par plusieurs centaines de Marocains, d?sireux d'affirmer leur solidarit? avec l'int?ress?e et anim?s par la volont? de d?fendre la libert? de cr?ation artistique, sans tabou et sans restriction. Pour notre association, comme pour tous les p?titionnaires pr?cit?s, aucune sanction ? une ?uvre d'art ne doit ?tre tol?r?e, si ce n'est celle du bon go?t et du talent, dont l'appr?ciation ne rel?ve d'aucune autorit? administrative mais du seul choix du public. Nous nous sommes ?lev?s ?galement pour les m?mes raisons de libert? d'opinion et de cr?ation contre l'interdiction de la diffusion au Maroc du hors-s?rie de janvier f?vrier 2016 du magazine ??Sciences et Avenir?? consacr? ?? la th?matique ??Dieu et la Science??.

Qu'il nous soit permis de dire aussi que vos chroniqueurs, Madame L?a Salam? et Monsieur Yann Moix, ont interview? Madame Abidar avec une mansu?tude qu'on ne leur connaissait pas, anim?s certainement par une indulgence tout ? fait compr?hensible, tout en essayant de nuancer les propos de celle-ci et de souligner le risque de discr?dit inh?rent ? toute g?n?ralisation et toute caricature. Cet effort, que nous souhaitons relever ici et saluer,

nous a sembl? malgr? tout largement insuffisant pour donner aux t?l?spectateurs de votre ?mission un ?clairage r?ellement pertinent de la situation du Maroc contemporain. Nous proposons donc de le faire en quelques lignes ? travers ce courrier, que nous esp?rons vous voir lire en antenne pour que vos t?l?spectateurs soient mieux inform?s. Si l'opportunit? se pr?sente ? nous de le faire de vive voix sur votre plateau, elle sera la bienvenue.

Mais revenons ? l'essentiel. Nous pensons qu'un certain nombre de jugements et de qualifications ? l'emporte-pi?ce de Madame Abidar n?cessitent une clarification et, ? certains ?gards, une rectification totale. A entendre votre invit?e, et tout en compatissant ? sa trajectoire de vie marqu?e par des blessures familiales dont les traces restent forc?ment ind?l?biles, il est tr?s difficile d'accepter des jugements aussi sommaires et st?r?otyp?s

que ceux qui sont les siens concernant la p?dophilie, le mariage pr?coce, la violence faite aux femmes, l'homosexualit?, la prostitution ou la pornographie. Pire encore, le tableau dress? ? cette occasion est non seulement d'une noirceur absolue, mais il laisse entrevoir une soci?t? ? la d?rive, sans ?lites, sans valeurs, sans combat pour la d?mocratie et sans qu?te de modernit?. Cette approche nous semble aussi sommaire et aussi injuste que celle qui consisterait ? juger les m?urs des fran?aises et des fran?ais ? travers des cas isol?s de certains d'entre eux, aussi illustres soient-ils, qu'ils se trouvent ? la t?te d'organisations financi?res internationales ou au sommet d'instances politiques ?lectives, repr?sentatives et gouvernementales. Nous avons not? ?galement, ici au Maroc, que 17 anciennes ministres ont jug? la situation de la classe politique fran?aise suffisamment grave pour lancer un appel collectif et clamer haut et fort qu'elles "ne se tairont plus" face aux "remarques sexistes", aux "gestes d?plac?s" et aux "comportements inappropri?s".? Et si l'on veut inviter l'histoire, cette d?marche est aussi sommaire que de jeter l'opprobre sur une partie de la pens?e des Lumi?res en rejetant toute l'?uvre de Voltaire, parce qu'il ne condamnait pas l'esclavagisme, peut-?tre m?me le trouvait-il b?n?fique pour la soci?t? humaine ! Qu'il nous soit permis de nous inscrire totalement en faux contre cette logique nihiliste.

Oui, la p?dophilie existe au Maroc, comme partout ailleurs dans le monde, y compris dans les ?glises, notamment fran?aises, pourtant suppos?es remettre les ?gar?s dans le droit chemin et prot?ger les plus faibles, aux premiers rangs desquels se trouvent les enfants.

Au Maroc, les d?mocrates, les mouvements de femmes, les associations de familles et la soci?t? civile d?ploient tous leurs efforts pour prot?ger l'enfance et contraindre les autorit?s ? le faire en durcissant la loi et en la rendant plus effective, comme c'est le cas actuellement pour interdire le travail des mineures dites "petites bonnes" ou pour renforcer les sanctions en mati?re de p?dophilie.

Oui, la prostitution existe au Maroc, mais elle prosp?re ? cause de la persistance de la pauvret?, du d?ficit de scolarisation, de l'acc?s insuffisant des jeunes au travail et de certaines mentalit?s r?trogrades encore ancr?es dans les esprits de certains milieux. Mais c'est ?galement un domaine o? les mouvements pour le droit des femmes et les droits humains ne cessent d'aiguillonner les pouvoirs publics et d'agir sur le terrain pour apporter des solutions aux citoyens fragilis?s, renforcer leur protection et favoriser leur insertion sociale.

Oui, ces ph?nom?nes existent au Maroc, comme existe la pornographie, mais ils sont une expression marginale des f?lures d'une soci?t?, comme ils sont pr?sents avec la m?me acuit? sous d'autres cieux en Afrique, en Europe, en Am?rique ou en Asie.

Oui, la pauvret? existe au Maroc, mais elle est combattue et elle recule. La violence faite aux femmes existe au Maroc, mais des associations dynamiques accueillent les femmes battues et les aident ? recouvrer leurs droits. Elles se mobilisent pour faire adopter des lois audacieuses qui les prot?gent contre toutes formes de violences, qu'elles soient physiques, psychologiques ou ?conomiques. Le monde entier connait cette plaie et aucun pays ne peut y ?chapper, y compris la France o? l'on d?nombre chaque ann?e pr?s de 220 000 femmes battues.

Oui, la polygamie et le mariage des filles mineures existent au Maroc, mais ces pratiques sont de moins en moins tol?r?es par la soci?t? marocaine et sont rendues de plus en plus difficiles par les restrictions l?gales en vigueur et le travail de sensibilisation et d'alerte des ONG.

Le droit ? l'avortement, le droit des femmes de disposer librement de leur corps et le droit des adultes consentants ? avoir des rapports sexuels en dehors du mariage, ne sont pas encore acquis au Maroc, mais des associations courageuses se battent chaque jour pour inscrire ces principes quasi universels dans la loi marocaine et veiller ? leur effectivit?.

Oui, le Maroc n'est pas totalement immunis? contre la radicalit? islamiste, mais il v?hicule au plus haut niveau de l'Etat avec conviction des valeurs de tol?rance et de concorde sociale entre les croyances et les cultures. Il apporte sa contribution ? la lutte contre le terrorisme dit "islamiste", non seulement parce que son mod?le politique et soci?tal bas? sur un Islam ouvert et tol?rant est une cible privil?gi?e, mais aussi parce qu'il accepte avec courage et sens de la responsabilit? d'assumer un r?le de premier plan dans la coop?ration internationale en mati?re de renseignement et de d?mant?lement des cellules terroristes au Maghreb, en Afrique et en Europe.

Oui, l'?conomie marocaine est encore fragile mais elle connait des bouleversements sans pr?c?dent. Le Maroc est un pays ?mergent qui a sign? des accords de libre ?change avec l'Union europ?enne et les Etats-Unis, b?n?ficie du statut avanc? de l'UE et se bat dans le mouvement de mondialisation avec le peu de ressources naturelles dont il dispose, afin d'accro?tre sa production de richesses et d'en am?liorer la redistribution. Il d?veloppe une strat?gie industrielle novatrice qui a vocation ? lui conf?rer des facteurs de comp?titivit? dans les secteurs de l'automobile, l'a?ronautique et les ?nergies renouvelables. Il soutient ses agriculteurs et ses p?cheurs ? travers des plans d?di?s, "Maroc Vert" et "Halieutis". Il renforce tous les petits m?tiers qui vivent autour du tourisme. Il affecte des budgets publics importants aux investissements d'infrastructures, notamment autorouti?res, d'?ducation et de sant?. Conscient du d?ficit qualitatif de l?enseignement public, il consacre chaque ann?e 5 milliards d'euros ? l'?ducation nationale, l'enseignement sup?rieur, la recherche scientifique et la formation professionnelle, faisant de ces domaines le premier poste budg?taire de l'Etat. Il met en ?uvre un plan de lutte contre la pauvret? et l'exclusion sociale en milieu urbain et dans le monde rural, d?nomm? INDH (Initiative Nationale pour le D?veloppement Humain). En l'espace d'une d?cennie, de 2005 ? 2015, l'INDH a permis de mobiliser pr?s de 3 milliards d'euros au profit de 10 millions de marocains environ.

Nous n'avons nullement l'intention de proposer une carte touristique de notre pays, mais nous souhaitons livrer ? vos t?l?spectateurs la v?rit? sur la situation du Maroc telle qu'elle se pr?sente. Nous ne pouvons passer sous silence les avanc?es enregistr?es dans notre pays pas ? pas, dans un environnement r?gional et international difficile sinon hostile. Nous nous interdisons d'?carter de notre m?moire collective la pens?e politique d?mocratique laiss?e en h?ritage aux enfants de notre pays par d'illustres Hommes d'Etat qui se sont sacrifi?s pour leur nation, parfois au prix de leur propre vie, comme feu Mehdi Benbarka que toute la France connait, bien s?r, mais aussi feu Allal El Fassi, feu Mohamed Belhassan Ouazzani, feu Abderrahim Bouabid ou Abderrahmane El Youssoufi. Le gouvernement d'alternance ? la veille du nouveau r?gne, l'Instance Equit? et R?conciliation (IER), mod?le du genre en mati?re de justice transitionnelle, la nouvelle Constitution de 2011, les nouveaux droits des femmes inscrits dans la Moudouana, le plan d'autonomie au Sahara, les nouvelles instances de bonne gouvernance publique ... , sont autant d?avanc?es d?mocratiques, d?acquis politiques et de pistes ouvertes sur un avenir prometteur gr?ce au travail infatigable des d?mocrates de notre pays qui agissent en synergie mais avec exigence avec nos institutions.

L'action de la soci?t? civile marocaine n'est pas ?trang?re ? cette marche vers la d?mocratie et la modernit?. S'inscrivant r?solument dans cette dynamique, Le Mouvement Damir auquel nous appartenons, est tr?s engag? en mati?re de d?fense des libert?s publiques individuelles et collectives. Son action de sensibilisation et de mobilisation, qui se d?ploie en direction des citoyens, de la classe politique et des pouvoirs publics, vise notamment ? inscrire dans le marbre du droit positif marocain le droit des citoyens ? la libert? de conscience, de croyance religieuse ou d'orientation sexuelle. Il ?uvre pour parfaire l'?galit? genre dans tous les domaines de la vie des citoyens, en particulier en mati?re d'acc?s aux hautes fonctions de responsabilit? politique ou ?conomique et de droit d'h?ritage. Il s'?vertue, enfin, ? exercer un droit de regard exigeant sur la gouvernance publique, ? ?largir les droits ?conomiques, sociaux et culturels des Marocains et ? leur garantir une ?galit? des chances dans l'acc?s aux revenus, aux richesses et aux savoirs. Forts de cette contribution et t?moins des avanc?es r?alis?es par le Maroc, comme de ses manquements et de ses insucc?s dans les domaines pr?cit?s, il nous a paru n?cessaire d'apporter ces clarifications.

Le Maroc avance, mais le chemin qui lui reste ? parcourir est encore consid?rable et sans doute que le rythme des r?formes est insuffisant, parce que ralenti par les conservatismes qui continuent de traverser l'Etat et la soci?t?. Nier cette r?alit? serait le desservir. Tous les d?mocrates sont conscients des enjeux d'avenir. Beaucoup reste ? faire pour mettre un terme aux souffrances que vit une partie de nos concitoyens : l'isolement spatial, la pr?carit? sociale, le ch?mage, les m?faits de la corruption, les manquements de la justice et l'arbitraire administratif. Beaucoup d'?nergies sont mobilis?es pour faire du Maroc d'aujourd'hui un pays o? il fait bon vivre, ou du moins un pays o? l'on vit mieux qu'il y a 10 ans et o? l'on vivra mieux dans 10 ans. Ces ?nergies sont incarn?es par le roi du Maroc, les dirigeants politiques r?solument modernistes, les ONG, les intellectuels, les universitaires, les artistes, les po?tes, les journalistes, les sportifs, les entrepreneurs, les ?conomistes ...

Les femmes du Maroc jouent un r?le central dans cette marche vers la prosp?rit? : elles sont militantes associatives et politiques, ministres, d?put?es, professeurs de m?decine, enseignantes universitaires, magistrates, romanci?res, po?tesses, journalistes, sportives de haut niveau, ouvri?res, femmes au foyer ... Le Maroc contemporain est aussi incarn? par des personnalit?s fortes, c?l?bres ou moins connues, qui apportent ou ont apport? de leur vivant leur contribution ? l'?difice commun, comme Abdellatif Laabi, Tahar Benjelloun, feu Mehdi Menjra, feu Driss Benzekri, feu Aziz Belal, feue Saida Menebhi, feue Zoulikha Nasri, feue Assia El Ouadie, Ma?tre Abderrahim Berrada, feu Abraham Serfaty, feu Ali Yata, feue Fatima Mernissi, feu Ahmed Ta?eb El Alj, feu Tayeb Saddiki, Latifa Jbabdi, Abdallah Taiaa, Saphia Azzeddine, Abdallah Laroui, Ahmed Assid, Mohamed Chafik, Fouad Laroui, A?cha Ech-Chenna, Hakima Himmich, Latifa Ibn Ziaten, Najat Vallaud Belkacem, Audrey Azoulal, feu Larbi Benmbarek, Youness El Aynaoui, Nawal El Moutawakel, Said Aouita, Mehdi Benatia, Soufiane Boufal, feu Ahmed Cherkaoui, feu Jilali Gharbaoui, feue Cha?bia Talal, feue Le?la Alaoui, Samira Said, Abdelwahab Doukkali, Jamel Debbouze, Gad El Maleh, Arthur, Said Taghmaoui, feu Amidou, Farida Benlyazid, Nabil Ayouch, Noureddine Sa?l, Nadia Far?s, Lahcen Zinoun, RedOne, Mustapha El Atrassi, French Montana, La Fouine, feu Moulay Ali Kettani, feu Miloud Chaabi, Othmane Benjelloun, Richard Attias et bien d'autres, dont le nombre impressionnant ne peut ?tre contenu dans une liste limitative.

Nier ou r?duire la port?e de tout le chemin parcouru par le Maroc depuis des d?cennies, c'est faire injure ? toutes ces personnes, connues ou anonymes, ? ce qu'elles sont, ? ce qu'elles ont fait, font ou feront pour leur pays.??

*Po?te ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ??

Ancien d?tenu politique & militant associatif ???????????

???????????Ex membre de l?IER et du CSCA ??????????????????????????????????

**Ancien dirigeant de Banque

Economiste - Militant politique & associatif ? ?

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