A l’heure de l’apaisement de la France Les relations entre le Maroc et l’Espagne se renforcent – Par Najib Koumina

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Photo Archive - Le Roi Mohammed VI a offert, mercredi à Rabat, un déjeuner en l’honneur du Président du gouvernement espagnol, M. Pedro Sanchez, et de la délégation l’accompagnant, présidé par le Chef du gouvernement, M. Aziz Akhannouch. Ont notamment été conviés à ce déjeuner, le ministre espagnol des Affaires étrangères, M. José Manuel Albares, et les autres membres de la délégation accompagnant M. Sanchez,

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Le Roi Mohammed VI du Maroc a offert ce mercredi un déjeuner en l’honneur du Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, arrivé plutôt dans la journée à Rabat. L'agenda communiqué par le gouvernement espagnol prévoit une rencontre avec le monarque et un entretien avec le président marocain, Aziz Akhannouch délégué par le Souverain pour présider ce déjeuner auquel ont pris part les autres membres de la délégation accompagnant M. Sanchez et les ministres de souverainetés marocains ainsi que l’ambassadrice du Maroc à Madrid Karima Benyaich.

La visite du Premier ministre Espagnol Pedro Sanchez au Maroc ce mercredi 21 février 2024, est sa première visite après avoir réussi à se succéder, suite aux élections législatives anticipées qu’il a habilement provoquées, mais qui ont toutefois marqué une progression du Parti Populaire et de l’extrême droite.

Pedro Sanchez, qui est accompagné du ministre Espagnol des affaires étrangères José Manuel Albarez, maintient, certes, une tradition des premiers ministres Espagnols, notamment socialistes, mais sa signification dans le contexte actuel dépasse une visite « sans agenda » qui vise à affirmer les bonnes relations entre l’Espagne et le Maroc en évolution positive depuis que l’État Espagnol, ex-colonisateur du Sahara marocain, a exprimé son soutien à l’initiative marocaine d’autonomie et reconnu par conséquent la souveraineté du Maroc sur ces territoires.

La visite du premier ministre Espagnol au Maroc vient juste après de la visite programmée mais avortées de son chef de la diplomatie M. Albares à Alger, en raison du refus espagnol de l’ordre du jour  fixé par Alger, qui persiste obstinément à vouloir faire changer la position de l’État Espagnol sur l’intégrité territoriale et piéger sa diplomatie de manière à nuire aux relations d’amitié, de coopération et de bon voisinage entre les « deux pays verrous » de la Méditerranée occidentale.

Une visite perturbante

Au cours de cette visite, le Premier ministre Espagnol réitèrera sans doute la position inébranlable de l’État Espagnol favorable à l’intégrité territoriale du Maroc. Elle constitue une nouvelle fois, un message clair à destination des généraux algériens sur le caractère stratégique des relations entre les voisins marocains et espagnols. C’est aussi une façon intelligente de signifier à Alger que la pression qu’elle tente de mettre sur l’Espagne par le gaz est une illusion, Madrid ayant réussi à diversifier ses sources d’approvisionnement. Elle est même devenue exportatrice du gaz liquéfié et gazéifié vers l’Europe et le Maroc.

Cette visite est d’autant plus dérangeante pour Alger qu’elle survient à un moment où la France de Macron multiplie les gestes pour une sortie convenable de la crise qui s’est installée dans les relations franco-marocaines à cause des erreurs de calcul et des maladresses de la présidence française, que ce soit au niveau du Maghreb ou au niveau de l’Afrique de l’Ouest, affaiblissant ainsi la position de la France. La réception pour un déjeuner à l’Élysée des trois Princesses marocaines, sœurs du Roi Mohammed VI, par l’épouse du président, Mme Brigitte Macron, juste après les déclarations du nouveau ministre des affaires étrangères français et de l’ambassadeur de la France à Rabat, sont des faits marquants qui préfigurent, selon toute vraisemblance, la fin du flou caractéristique de la position française sur la question nationale.

Certes, La France a soutenu l’initiative d’autonomie marocaine depuis 2007, sans pour autant reconnaître officiellement la souveraineté du Maroc sur ses territoires, alors qu’elle est la mieux placée pour savoir sa responsabilité historique dans le conflit régional qui oppose les voisins en Afrique du Nord sur le l’ex-colonie espagnole aussi bien que sur l’annexion du Sahara oriental à l’Algérie Française contre l’avis des populations qui avaient refusé de participer au référendum concédant « l’indépendance dans l’interdépendance » à l’Algérie et contre la position de l’État marocain qui a toujours affirmé son attachement à ses frontières authentiques.

Dans l’attente de la confirmation

La France s’apprête-t-elle à reconnaître l’intégrité territoriale du Maroc ? Peut-on vraiment interpréter les déclarations françaises comme l’annonce du début de la fin de l’opposition Maroc-Macron ? L’avenir proche nous le dira. Mais l’heure n’est plus à la divination dans les intentions, mais à la levée de toutes les ambiguïtés.

Dans l’attente de la confirmation, il reste à attirer l’attention sur la conjoncture où se déroule la visite du premier ministre Espagnol à Rabat et se produisent les gestes de la France en direction de Rabat qui est marquée des bouleversements politiques et géopolitiques en Afrique s’ouvrant sur de nouvelles perspectives.

Le Maroc est dans ce contexte en meilleure position pour négocier et gérer les situations qui peuvent naître de ces bouleversements. L’Espagne comme la France et bien d’autres puissances en sont conscientes. Comme elles sont conscientes, Washington vient de l’affirmer dans un rapport publié récemment, que le régime d’Alger, isolé, joue un jeu dangereux contre la stabilité régionale et africaine en manipulant les groupes terroristes et en finançant des actions déstabilisatrices dans son voisinage. Même la Russie, alliée historique de l’Algérie, se trouve aujourd’hui en confrontation indirecte avec le terrorisme inspiré par Alger.

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