Académie du Royaume : L’action de la Coalition pour l'autonomie du Sahara - Par Abdul Latif Aidara

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Abdul Latif Aidara, professeur universitaire au Sénégal coordonner en Afrique de l’Ouest de Coalition pour l’Autonomie

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 L’Académie du Royaume du Maroc a abrité mercredi la cérémonie de présentation de deux ouvrages de la Coalition pour l'autonomie du Sahara (AUSACO), intitulés "Rethinking the Sahara Dispute : History and Contemporary Perspectives" et "Le Sahara marocain: Contours polémologiques et perspectives irénologiques". 

Le premier livre, un ouvrage collectif en anglais paru sous la direction du journaliste-essayiste français, Jérôme Besnard, réunit onze contributions thématiques sur tous les aspects de la question du Sahara marocain et s’appuie sur les points de vue d’historiens, de sociologues, de géo-politiciens, de diplomates, de responsables de la sécurité et d’experts en études stratégiques.

Le second ouvrage signé par le chercheur et expert des questions de conflit et médiation de l’Université de Yaoundé (Cameroun), Alphonse Zozime Tamekamta, il se penche sur les enjeux autour du Sahara marocain et leur impact sur le développement du Continent africain.

Le secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume, Abdeljalil Lahjomri, dont Mohamed Kettani, chancelier de l’Académie, s’est félicité des échos favorables suscités par la publication de ces deux ouvrages qui ont été unanimes à souligner que l’initiative marocaine d’autonomie constitue un cadre de référence immuable pour la dynamique menée par le Maroc ainsi qu’une preuve de l’engagement du Royaume pour parvenir à une solution politique consensuelle à ce différend régional artificiel.

Il a, dans ce sens, rappelé que le Roi Mohammed VI avait souligné dans Son discours à l’occasion du 46ème anniversaire de la Marche Verte que "notre Cause nationale s’inscrit désormais dans une dynamique positive imparable" et que "la marocanité du Sahara est une vérité aussi pérenne qu’immuable; elle ne souffre, de ce fait, aucune contestation d’abord, parce que la légitimité de notre Cause est validée par les annales de l’Histoire, ensuite parce que tel est le vœu profond et le souhait ardent de la population sahraouie enfin parce qu’une reconnaissance internationale d’envergure vient l’entériner".

M. Lahjomri a également mis l’accent sur l'importance de ces deux ouvrages qui insistent sur le sérieux et la pertinence de l’initiative marocaine d’autonomie pour mettre fin à ce conflit régional qui n’a que trop duré et ses répercussions politiques, économiques et sécuritaires sur le plan régional et sur le développement du continent africain.

Dans un exposé préliminaire Abdul Latif Aidara, professeur universitaire au Sénégal a retracé au nom de la Coalition pour l’Autonomie du Sahara (AUSACO le processus qui a conduit à l’élaboration de ces deux ouvrages et fait le point sur l’évolution du dossier du Sahara sur le train de développement économique et dans la champ diplomatique international.

Un réseau indépendant

La Coalition pour l’Autonomie du Sahara, que je suis fier de coordonner en Afrique de l’Ouest, est un réseau indépendant de chercheurs, de journalistes, de juristes, de personnalités officielles, et d’acteurs de la société civile unis pour promouvoir l’Initiative d’Autonomie en tant qu’unique solution au différend régional sur le Sahara marocain.

Notre conviction que l’Autonomie est le seul et unique horizon de ce différend est sous-tendue par trois faits essentiels : 

  1. Ce différend régional n’a que trop duré : 

  2. Le Sahara est marocain par l’histoire et les fait juridiques, politiques, géographiques, culturels, humains et socioéconomiques et par la volonté de la population.

  3. L’Initiative Marocaine d’Autonomie est la seule solution porteuse de stabilité et de prospérité pour l’espace méditerranéen et sahélo-saharien, et par là, pour l’Afrique.

L’AUSACO a déjà à son actif nombre de réalisations, dont des webinaires, des campagnes de sensibilisation sur les réseaux sociaux, la publication de policy papers sur les différents aspects de la Question du Sahara marocain.

Par l’organisation de cet évènement, AUSACO inaugure une nouvelle étape de son ouverture sur le monde universitaire. C’est un immense honneur pour la Coalition que d’entamer cette étape au sein de ce haut lieu de savoir et de réflexion. 

La publication des livres de l’AUSACO est une étape phare, car elle vient apporter un stimulus salutaire à la littérature scientifique sur la Question du Sahara marocain, en particulier en langue anglaise. 

Des grilles de lecture dépassées

Pourquoi salutaire ? Parce qu’une très grande partie de la littérature scientifique francophone, et plus encore anglophone, est dominée par des analyses basées sur des grilles de lecture au mieux dépassées, au pire fallacieuses, si ce n’est mensongères, de ce différend. 

Elle est aussi salutaire car elle apporte une perspective africaine sur un problème qui a trop longtemps divisé le Continent et entravé le fonctionnement de l’Union Africaine. 

Ces ouvrages mettent en valeur la perspective universitaire africaine sur le dossier, à la lumière de la nouvelle perception du dossier sur le Continent.

Les contributeurs africains à l’ouvrage collectif et le Prof, Tamekamta ont apporté ainsi une démonstration claire de l’anormalité et de l’illégalité de la présence de la pseudo « rasd » au sein de l’Union Africaine, en violation de son propre Acte Fondateur et du droit international. 

Ils ont également souligné l’importance du développement de la région pour la stabilité et la prospérité de la région sahélo-saharienne, ce point névralgique de la sécurité africaine à l’intersection de tous les défis transfrontaliers. 

L’importance de ces deux ouvrages réside aussi dans le fait qu’ils apportent un éclairage actualisé sur la dynamique que connaît le dossier sur le terrain et au niveau de l’ONU. 

Les développement économiques et diplomatiques

Sur le terrain, la région connaît un développement socioéconomique sans précédent, dans le cadre du Nouveau Modèle de Développement pour le Sahara marocain lancé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, avec une enveloppe budgétaire de 8 milliards de dollars. 

Ses habitants participent pleinement aux politiques de développement de la région en participant aux différentes échéances électorales que connaît le Royaume. 

Les responsables qu’ils élisent, au sein des Conseils régionaux, des Provinces, et des Communes, sont considérés comme les véritables représentants de la population de la région. Preuve en est, le Comité des Vingt-Quatre a dressé une invitation officielle à deux élus locaux de la région pour prendre part aux travaux du Séminaire régional du Comité et à sa session de fonds, en tant que représentants démocratiquement élus de la région du Sahara. 

Sur le plan de l’ONU, le référentiel pour résoudre définitivement la question du Sahara marocain s’articule autour de trois éléments fondamentaux : 

  1. La responsabilité de l’Algérie dans la genèse, l’évolution, et la persistance du différend régional sur le Sahara, et de ce fait, sa responsabilité dans la recherche d’une solution dans le cadre du processus des tables rondes ; 

  2. L’Initiative d’Autonomie comme seul et unique point d’arrivée du processur politique ; 

  3. Une approche fondée sur le réalisme et le compromis, loin des mystifications idéologiques de l’Algérie. 

La convergence entre ces deux dimensions, l’ONU et le terrain, sous-tend la dynamique internationale en cours, qui appuie l’Initiative d’Autonomie en tant que seule et unique solution au différend régional sur le Sahara marocain. 

Comment se matérialise cette dynamique ? Elle est palpable à travers : 

  1. Les 89 appuis officiels de l’Initiative Marocaine d’Autonomie exprimés depuis 2007, année de sa présentation ; 

  2. Bientôt une trentaine de Consulats Généraux ouverts à Laâyoune et à Dakhla ; 

  3. Des documents-cadre, à l’instar de la Déclaration de Laâyoune du 29 février 2020, par laquelle 12 Etats du Pacifique ont exprimé leur appui à la marocanité du Sahara et à l’Initiative d’Autonomie comme seule et unique solution au différend régional sur le Sahara. 

Une stratégie de pourrissement

Cette dynamique vertueuse s’accompagne d’une inertie et une stratégie de pourrissement suivies par l’Algérie sur la question du Sahara marocain. 

Tout en se réfugiant sous un fictif statut d’observateur ou d’Etat voisin, que l’ONU ne lui reconnaît plus, l’Algérie continue d’apporter un appui diplomatique, politique, militaire, logistique et financier au « polisario ».

Elle continue de lui déléguer sa souveraineté, au mépris de ses obligations selon le droit international humanitaire, sur une patrie de son propre territoire. En raison de cette politique, les camps de Tindouf, une zone de non-droit où prolifèrent nombre de phénomènes criminels, sont un véritable abcès qui gangrène tout le Sahel. 

La recherche par l’Algérie du maintien du statut quo à tout prix s’est traduite, paradoxalement, par une bilatéralisation du différend régional. 

L’Algérie s’est lancée dans une série de décisions hostiles au Maroc (rupture des relations diplomatiques, non-renouvellement du gazoduc Maghreb-Europe, fermeture de l’espace aérien) en même temps qu’elle a rigidifié sa position sur le Sahara marocain, démontrant une nouvelle fois qu’elle est la partie principale au différend régional sur le Sahara marocain. 

L’Algérie s’est également lancée dans une campagne de chantage à l’encontre de l’Europe, en usant de l’arme du gaz, devant la dynamique inexorable de l’appui international à l’Initiative Marocaine d’Autonomie. 

La révision des prismes

 Ces dynamiques de fond appellent à une actualisation, voire une révision des prismes théoriques à travers lesquels la communauté universitaire aborde le différend régional sur le Sahara.

S’il m’est permis de caricaturer, on pourrait déceler trois grands clusters dans la recherche scientifique sur le Sahara : 

  1. Le premier cluster est celui de la recherche juridique sur la question du Sahara marocain, dont l’approche est principalement d’évaluer les mérites respectifs de la position du Maroc et de l’Algérie sur le statut juridique du Sahara.  

  2. Les soi-disant chercheurs affidés à l’Algérie ont très tôt investi ce terrain et y ont installé leur lecture sélective du droit à l’autodétermination et de la décolonisation, à coups de références tronquées à la résolution 1514 de l’Assemblée Générale de l’ONU. 

  3. Aujourd’hui, ce débat est dans une impasse, tant les questions posées sont aujourd’hui anachroniques. La décolonisation du Sahara marocain s’est achevée avec l’Accord de Madrid de 1975, dont l’Assemblée Générale de l’ONU a pris note à travers sa résolution 3458B.

  4. Le deuxième cluster est celui de la soi-disant recherche en sciences sociales sur la question du Sahara marocain. Partant de cadres conceptuels anthropologiques ou sociologique, les chercheurs actifs dans ce débat cherchent à comprendre- ou plutôt affectent de chercher à comprendre- la réalité du différend régional sur le Sahara marocain à partir de l’expérience vécue des Sahraouis.

  5. Là encore, il s’agit d’un terrain que de nombreux universitaires pro-algériens ont investi, en y plantant un discours classique de victimisation sans aucun rapport avec la réalité, nourri de références à une disant « occupation » du Sahara marocain. 

  6. Le troisième cluster, qui à mon avis est le plus est le plus prometteur mais encore trop timide, est celui appréhendant sous le prisme géopolitique le différend régional sur le Sahara marocain, mettant en lumière la responsabilité imprescriptible de l’Algérie dans la genèse, la persistance, et le maintien du différend régional sur le Sahara marocain, et l’impact de ce différend sur la paix et la stabilité du Sahel et, au-delà, de la Méditerranée et de l’Europe.

Il est aujourd’hui impératif de renouveler l’étude scientifique sur la Question du Sahara marocain à travers un véritable programme de recherche actualisé, guidé par les grandes problématiques suivantes : 

  1. Comment la Guerre Froide continue-t-elle de façonner la politique de l’Algérie envers le différend régional sur le Sahara marocain ? 

  2. Pourquoi l’Algérie demeure-t-elle attachée au status quo ? 

  3. Quels sont les déterminants domestiques ou géopolitiques de sa stratégie de « spoiling » du processus politique sur le différend régional sur le Sahara marocain ? 

  4. Quel est le véritable impact du maintien du différend sur les perspectives de développement de la région sahélo-saharienne ? 

  5. Comment l’ONU peut-elle contribuer à la transformation l’environnement régional du Maghreb ? 

Les réponses à ces questions façonneront le nouveau paradigme en émergence sur la question du Sahara marocain, dont le fondement est la nature géopolitique de ce différend régional. 

L’AUSACO entend contribuer à ce programme ambitieux, en poursuivant sa production scientifique sur la question du Sahara marocain. A cet égard, l’ouvrage Rethinking the Sahara Dispute sera prochainement traduit en arabe, en français, et en espagnol. 

 

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