Algérie : Un opposant placé sous mandat de dépôt pour offense au président

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Fethi Ghares coordinateur du Mouvement Démocratique et Social (MDS=

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Alger - Le coordinateur du Mouvement Démocratique et Social (MDS), une formation de l'opposition soutenant le hirak depuis son déclenchement, Fethi Ghares, a été placé jeudi sous mandat de dépôt par le juge d'instruction du tribunal de Bainem (Alger), selon des organisations de défense de droits de l’Homme.

"Après son arrestation par des éléments en civil, il a été embarqué au commissariat puis les policiers l’ont ramené à nouveau chez lui à la maison avec ordre de perquisition", a précisé le Comité National pour la Libération des Détenus (CNLD) dans un communiqué.

Il a ajouté que "sa maison perquisitionnée et fouillée par les éléments qui l’ont embarqué à nouveau vers une destination inconnue".

Selon des avocats, l'opposant algérien est écroué pour "atteinte à la personne du président de la République", "outrage à corps constitué" et "diffusion d'informations pouvant porter atteinte à l'unité nationale" et "à l'ordre public".

"Au rythme de cette escalade dans les arrestations qui cible toutes les voix du hirak pacifique prodémocratie et de l'opposition, le pouvoir fera de l'Algérie un grand goulag (centre de concentration)", a regretté le vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH), Saïd Salhi.

Il a fait savoir que "la dérive autoritaire s'installe, l'escalade de la répression se poursuit".

"Un chef de parti en prison pour ses opinions. NON l'action politique n'est pas un crime", a-t-il affirmé dans un tweet.

Tout en exprimant sa solidarité avec le MDS, la LADDH réitère son appel à l'arrêt de la répression.

Il a relevé que quelque 300 personnes sont actuellement derrière les barreaux en Algérie pour des faits en lien avec le Hirak.

D'après le CNLD, la justice algérienne a inculpé ces détenus d’opinion et prisonniers politiques de divers graves délits comme le classique "atteinte à l’unité nationale" ou la traditionnelle appartenance à "une organisation étrangère complotant contre l’autorité de l’Etat".

Le CNLD a fait savoir que les griefs retenus contre les prévenus, selon les dossiers, concernent également "attroupement non armé", "rébellion", "trouble à l’ordre public" et "violation des dispositions sanitaires relatives à la Covid-19", ainsi que "diffusion de publications pouvant porter atteinte à l’intérêt national".

Dernièrement, Amnesty International a dénoncé l'escalade de répression en Algérie après la vague d’arrestations récente qui a ciblé un nombre de militants et d’activistes.

"Les autorités algériennes se sont livrées à une répression qui s’est traduite par l’arrestation de dizaines de personnes ayant pacifiquement exercé leurs droits à la liberté d’expression et de réunion dans les mois qui ont précédé les élections législatives" du 12 juin, a dénoncé Amnesty International.

D’après Amna Guellali, directrice régionale adjointe pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International, les autorités algériennes ont utilisé tous les moyens à leur disposition pour écraser la dissidence et réduire au silence les protestataires du mouvement du Hirak, arrêtant et poursuivant en justice des dizaines de militants sur la base d’accusations forgées de toutes pièces, uniquement parce que ces personnes ont participé à des manifestations ou exprimé des opinions politiques dissidentes".

"Les mesures prises par les autorités algériennes pour qualifier de terroristes des militant·e·s pacifiques, et leur empressement à inclure une nouvelle définition très large du terrorisme dans leur législation, indiquent qu’elles sont déterminées à intimider les opposant·e·s pacifiques pour les réduire au silence, et à décimer l’opposition politique", a regretté Mme Guellali.

 

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