300 mille festivaliers ont fêté Gnaoua et Musiques du Monde

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Le Festival Gnaoua et Musiques du Monde a fêté ses 20 printemps du 29 juin au 1er juillet de la plus belle des manières : entouré par tous ceux qui lui sont chers. Moments d’émotion, de partage, de fusions et d’effusions, l’édition anniversaire du festival a su marquer tous les esprits

20 ans d’amour célébré dans l’amour, c’est ce qu’a proposé la 20ème édition du festival Gnaoua et Musiques du Monde du 29 juin jusqu’au 1er juillet à Essaouira. Entre concerts grandioses à la place Moulay Hassan, à la scène de la Plage et les concerts intimistes de Borj Bab Marrakech, Dar Loubane et Zaouia Issaoua, 300 000 festivaliers en ont eu pour tous les goûts en trois jours de festival. 

Ce sont aussi près de 300 journalistes du monde entier : Maroc, Espagne, Chine, Royaume Uni, France, Turquie, Allemagne, Russie, USA, Italie, Portugal et Danemark, qui sont venus couvrir l’événement.

Après une parade d’ouverture sublimée par trois jours de festivités dans la ville, le festival Gnaoua et Musiques du Monde a proposé une ouverture sous le thème du Brésil à la rencontre de la musique Gnaoua, avec un Carlinhos Brown charismatique et plein de talent. Un spectacle bluffant né d’une résidence entre le musicien brésilien et les talentueux mâalems Saïd et Mohamed Kouyou qui permis la rencontre joyeuse et tant attendue du Maracatu avec son ancêtre le Karacatu. S’en est suivi une leçon de tagnaouite avec le charismatique Abdelkebir Merchane et ses musiciens avant d’être pris dans le tourbillon de folie et de nostalgie de Band of Gnawa, réunis sur la même scène qui les a vus naître après 10 ans. Le groupe a fait danser le public sur des morceaux rock-gnaoua fougueux qui rappellent les belles années Woodstock !

Pendant ce temps-là, sur la scène de la Plage, le maâlem Said Oughassal a ensorcelé avec sa subtilité rythmique en donnant un spectacle digne de la tradition ancestrale avant que Ribab Fusion du magnétique Foulane ne s’empare de la scène pour faire bouger le public sur les airs amazigh-country aux sons du ribab.

Deuxième soir à la place Moulay Hassan, la soirée du vendredi a commencé par les notes incroyables du pianiste Bill Laurance. L’homme aux 3 albums solo et aux multiples collaborations, qui lui ont valu un Grammy Award, a donné une belle leçon de jazz expérimentale pleine d’humilité, avant de proposer une fusion pleine de fraîcheur avec le jeune Khalid Sansi. Le concert suivant prend un autre tournant, à la fois spirituellement bluesy et profondément ancrée en Afrique, avec le grand Ismaël Lô qui a fait raisonner «Africa» depuis son berceau de l’Afrique. Cette soirée s’est terminée sur les notes du plus international des Gnaoui, celui qui a fait voyager la Tagnaouite dans le monde entier : Hamid El Kasri. Il a ramené un bout du monde avec lui pour une fusion explosive avec Karim Ziad.

Un vendredi à la place Moulay Hassan qui n’a rien eu à envier à la scène de la Plage : une soirée 100% souirie avec la fusion du Maâlem Mokhtar Guinea et de Mogador Band. Un autre moment fort de cette nuit métissée et de fusion a été le voyage proposé par la résidence de Hassan Boussou et des Hmadcha, avant de laisser la place à un concert habité et engagé de plus de deux heures du poète fou : Amazigh Kateb et son Gnawa Diffusion. Le chanteur a donné un spectacle humble et plein de cœur à un public multi- générationnel qui a dansé, pleuré et vibré aux tubes du groupe franco-algérien.

Autre moment d’émotion, celui de la scène pleine de charme du Borj Bab Marrakech, qui a proposé un concert plein de grâce avec la sulfureuse Hindi Zahra. Bravant le froid, le public a communié avec la chanteuse jazz, indie, folk-berbère, sur les airs de ses succès.

La soirée clôture, ce samedi, a tenu toutes les promesses du 20e anniversaire ! Avec une résidence aux couleurs de la Méditerranée, de l’Afrique et de l’Inde, proposée par Titi Robin et Mehdi Nassouli, le public incroyable de la scène Moulay Hassan a voyagé à travers l’exploration intelligente des genres musicaux, grâce au mariage heureux du soufisme indo-pakistanais et de la tagnaouite.

La légende du blues Lucky Peterson a pris ensuite les commandes pour livrer un concert à la fois jazzy, funky et groovy. Guitariste et pianiste, il a usé du charme de sa voix profonde pour captiver le public avant de proposer la fusion du Blues et de la Tagnaouite, si évidente mais toujours troublante, sublimée par le talent et la grande maîtrise technique du Maa?lem Mustapha Baqbou.

Le dernier concert de la scène Moulay Hassan s’est achevé comme à son ouverture : Depuis le Brésil et des origines tagnaouite de la musique du pays du Carnaval, avec l’incroyable Carlinhos Brown qui a transformé la Place en piste de danse géante. Le percussionniste chanteur a offert un concert époustouflant, en dansant avec le public et en partageant la scène avec les photographes afin de mieux capter la magie des festivaliers, avant d’appeler sur scène le mâalem Mohamed Kouyou qui avait partagé le concert d’ouverture avec lui.

Pendant ce temps-là, la clôture se faisait dans le bonheur intense à la scène de la Plage avec les enfants de la ville Marsa Band qui ont offert à Mogador un mélange subtil arabo-andalous, reggae, funk, jazz et latino. Houssam Guinea a livré ensuite un concert émouvant et a prouvé que l’héritage du grand maître Feu Mahmoud Guinea était intact. Le spectacle a continué ensuite avec la formation charismatique et pleine d’énergie : Speed Caravan. Le groupe a fait danser le public sur des rythmes rock, musique andalouse, chaâbi et électronique. S’en suivi le spectacle de clôture, proposé par Maâlem Akilane et le pianiste, guitariste et compositeur congolais Ray Lema, un voyage incroyable, quête et rencontre de l’autre qui puise sa force dans la beauté de l’Afrique. Avec trois heures de concert et quatre rappels, le public a assisté à une clôture en beauté.

«20 ans après, la magie continue d'opérer pour le bonheur du plus grand nombre. Que ce soit sur scène ou dans le public, la jeunesse prend la relève, ce festival est une fierté pour nous tous, une belle histoire marocaine à raconter » confie la fondatrice du Festival, Neïla Tazi.

Les matinées n’étaient pas en reste avec l’ouverture du bal du rendez-vous matinal du festival : le Forum des droits de l’Homme du Festival d’Essaouira, organisé conjointement avec le Conseil national des droits de l’Homme. La question de la culture à l’heure du digital était au cœur des débats qui ont connu la participation d’intervenants nationaux et internationaux. La Palestinienne Reem Fadda, les Marocains Youness Atbane, Nawal Saloui, Nour-Eddine Lakhmari, Mohamed Nedali ou encore le Sénégalais Fodé Sylla sont venus réagir sur ces problématiques actuelles essentielles de nos sociétés. Cette année, le forum du Festival a abordé la thématique plus que contemporaine «Créativité et politiques culturelles à l’ère du numérique» avec pour conclusion que « L’art n’est pas élitiste, c’est l’accès à l’art qui peut l’être ».

Un anniversaire qui a rappelé la force du Festival Gnaoua et son parcours incroyable au fil des années et qui a œuvré à la réhabilitation d’un grand patrimoine de notre culture nationale : la culture Gnaoua, tout en participant au développement économique de la ville.

«Hier encore, j’avais 20 ans» résonnait déjà à la fin de la nuit, ce samedi de clôture à Essaouira, qui promet au Festival Gnaoua beaucoup de moments intenses, d’émotion, de musique et de partage, pour les années à venir… Rendez-vous pour la 21e édition du 21 au 24 juin 2018.

 

 

 

 

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