Charibane Driss, un emblématique écrivain aux cotés de Mohamed Choukri et Mohamed Zefzaf

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‘’Une plume alerte, singulière. Une voix authentique aussi. Celle des petites choses, des petites gens (...) Toute son œuvre est une ode à la liberté […]’’ Karim Boukhari

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Quid avec MAP et AFP 

L'écrivain et journaliste Driss El Khoury, considéré comme l'une des meilleures plumes de la littérature marocaine arabophone, décédé lundi à l'âge de 83 ans à Salé, est une figure qui occupe une place à part, forcément dérangeante, dans la littérature arabe.

Pour l’Union des Ecrivains du Maroc, avec ‘’la disparition de Driss El Khoury, le Maroc perd un homme exceptionnel, un grand écrivain et un créateur talentueux et engagé".

Auteur prolifique et personnage haut en couleur, Driss El Khoury était davantage connu dans le monde arabe que francophone.

"Quant à la classification des auteurs marocains en arabophones et francophones, je trouve qu'elle est toute faite car elle vise à créer un profond abîme entre les écrivains marocains nonobstant leur langue", commentait-il dans son essai "Double Langage" traduit en français en 2017.

Parmi ses nouvelles les plus populaires, figurent "Al-Bidayat" ("Débuts", 1980) et "Al-Ayyam wa Allayali" ("Jours et nuits", 1982).

Aux côtés d'emblématiques écrivains marocains tel que Mohamed Choukri et Mohamed Zefzaf, c’est un "trublion" de la littérature de par ses écrits sans filtres.

Driss El Khoury "est une plume alerte, singulière. Une voix authentique aussi. Celle des petites choses, des petites gens (...) Toute son œuvre est une ode à la liberté. Celle d'écrire, de respirer, d'être ce qu'on est et rien d'autre", résumait Karim Boukhari, rédacteur-en-chef de la revue d'histoire Zamane, en 2019.

Dans un texte en arabe, il a écrit sa propre oraison funèbre. Sans concession à une pudeur hypocrite, il parle de la solitude des souffrances, de lui-même aimé et détesté, de l’infidélité d’une épouse qui l’a abandonné, des amitiés qui dérangent et de la poignée d’amis qui réconfortent, et des effluves du matin. Sans illusion, Bâ Driss scrute sa fin de vie à l’horizon paradoxal qui ne s’éloigne pas au fur et à mesure que l’on s’en approche. S’interroge, avec le doute de l’intelligence, sur le sens de sa vie d’écrivain, de son utilité et de ce qui en restera. Et annonce sa fin imminente qui ‘’peut advenir dans quelques jours ou survenir à l’instant’’.

Né en 1939 à Casablanca, l'écrivain qui fut journaliste dans la presse de gauche jusqu'à sa retraite, sur son lit qu’il savait de mort, trouve l’énergie de se payer pour un coup encore, les nouvelles créatures politiques innommables. Adieu l’ami, ou pas, toi qui a immortalisé charibanes (les soulards), ton legs, comme un dernier ver dans le nez des talibanes.  

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