Radia Bent Lhoucine d’Edmond Amran El Maleh

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‘’[…] Poussez la porte et entrez en son jardin qu’elle cultive avec amour, sans perdre de vue, que dans l’imaginaire populaire, le boustane, le jardin, est l’image même du paradis entouré d’une aura de mystère fascinant’’ (Edmond Amran El Maleh)

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Une irritation envahit Abdejlil Lahjomri, ce sont ses mots, ‘’chaque fois qu’en [se] documentant sur ce peintre [Miloud Labied]’’, il rencontre, ‘’utilisé d’une manière intempestive et injuste le concernant ainsi que concernant ses pairs, le terme de naïf et de primitif’’. Le Secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume impute ‘’ce jugement de valeur’’ à ‘’l’appréciation négative’’ de la revue Souffles, condamnant ce courant de la peinture marocaine à « l’éphémèreité » et donc à la disparition.  Depuis des lustres, Souffles n’est plus et c’est avec un  bonheur non dissimulé qu’il constate ‘’que cette peinture, [elle], n’a pas décliné et les œuvres de ces peintres dits « primitifs » figurent souvent aux côtés de ceux qui s’en méfiaient dans les galeries et les musées les plus « académiques »’’.

L’analyse que fait Abdejlil Lahjomri de ce courant qu’il préfère qualifier de ‘’premier’’  ou d’« Art Autre » ou encore d’« Art indiscipliné » dont il a entrepris depuis longtemps la réhabilitation, le lecteur la trouvera en préface de l’ouvrage Radia Bent Lhoucine d’Edmond Amran El Maleh*, qui, grâce à l’Académie du Royaume, voit le jour pour la première fois. Dans son avant-propos, Mikhael Toumi précise, presque à regret, que Radia est ‘’le dernier texte inédit sur l’art qu’Edmond Amran El Maleh  a pu achever de son vivant’’.

‘’Longtemps souhaité, le projet a pris corps. L’œuvre que Radia aura laissée ne doit plus être vouée à l’oubli et au silence […]’’. Par ces mots aux allures convenues commence le récit d’E. A. El Maleh narrant sur une soixantaine de pages ornées de gouaches marouflées sur toile, l’intimité artistique d’une peintre qui ne s’est pas contentée de l’être, mais en a accouché d’un autre, Miloud Labied, son fils. Et qui se termine presque par ces mots, eux, d’émerveillement : ‘’Comment voir Radia, son œuvre en [cet an] 2000 déjà entamé et pas elle seulement, mais toute cette galaxie où elle s’inscrit. Je ne voudrais pas parler de convictions, mais de certitudes senties ou mieux, vécues.  Parler de merveilleux n’est pas lettre morte.’’   

Radia Bent El Houssine, elle, est ‘’morte dans la solitude et le dénuement’’ rappelle à l’encre des yeux Abdejlil Lahjomri qui a rendu cette édition possible en coopération avec la Fondation d’Edmond Amran El Maleh, la Galerie 38 et Mohamed Labied, petit-fils qui veille à la mémoire.  NK

* Radia Bent Lhoucine d’Edmond Amran El Maleh, 77 pages, Académie du Royaume du Maroc et La Pensée Sauvage Editions 

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