Un festival américain de musique ''indé'' fait la part belle aux femmes et aux personnes ''queer''

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Le groupe indie pop américain Muna se produit sur scène lors du festival de musique All Things Go au Merriweather Post Pavilion à Columbia, dans le Maryland, le 1er octobre 2023. (Photo par ANGELA WEISS / AFP)

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Tête d'affiche le week-end dernier du festival de musique indépendante et alternative  "All Things Go", dans l'est des Etats-Unis, la chanteuse de pop Maggie Rogers a fondu en larmes de joie devant des milliers de fans extatiques.

"C'est tellement dingue qu'il y ait autant de gens avec des utérus qui jouent sur cette scène aujourd'hui", s'est exclamée cette artiste de 29 ans, fière d'être enfin "visible" en tant que femme autrice, compositrice et interprète de pop et folk, dont son tube "Alaska".

(NDLR : Le terme "musique indé" est une abréviation de "musique indépendante". Il désigne la musique produite indépendamment des grands labels discographiques. Cependant, avec le temps, le terme est devenu plus un genre musical qu'une indication de la méthode de production.

La musique indé couvre un large éventail de genres, mais elle est souvent associée à un son plus alternatif ou underground, éloigné de la musique mainstream. Elle est caractérisée par son approche souvent innovante, expérimentale et non conventionnelle.)

Comme d'autres festivals de musique "indé", "All Things Go", qui s'est tenu à Columbia -- dans l'Etat du Maryland entre Washington et Baltimore -- fait la part belle aux femmes et aux "queers", les personnes dont l'orientation ou l'identité sexuelle ne correspondent pas au modèle social hétéro-normé.

Les cofondateurs de l'événement, Stephen Vallimarescu et Will Suter, ont expliqué à l'AFP que Maggie Rogers les avait approchés il y a plusieurs années parce que les festivals dans lesquels elle se produisait étaient, selon elle, dominés par des artistes masculins.

Du coup, leur festival se devait d'être plus "féminin en termes de programmation". Une décision courageuse dans une industrie musicale où les femmes demeurent sous-représentées.

Mais le choix s'est avéré payant.

20.000 places 

"All Things Go", qui s'est déroulé pour la première fois sur deux jours, a rempli ses 20.000 places et vibré grâce à l'énergie de nombre de femmes sur scène, comme le duo canadien Tegan and Sara, deux soeurs jumelles Tegan Rain Quin et Sara Keirsten Quin.

"Nous jouions déjà dans des festivals bien avant que la plupart d'entre vous soient nés, et bon sang, c'est à cela que j'aurais aimé que cela ressemble à l'époque", ont-elles proclamé sur scène en ajoutant: "Les festivals devraient ressembler à ça".

En 2022, à peine 30% des artistes du palmarès Hot Songs de Billboard étaient des femmes, selon une étude de l'université de Californie du Sud, financée par la plateforme Spotify.

C'est mieux que les 23% en 2021 et c'est un bond par rapport à il y a dix ans, mais on est encore loin de l'équité et de la parité.

"Il reste beaucoup de travail avant de pouvoir affirmer que les femmes ont des chances égales dans l'industrie musicale", a mis en garde Stacy Smith, coauteur de l'étude.

De fait, il suffit de jeter un oeil aux programmations de festivals, cérémonies de récompenses du secteur et plateformes musicales.

Pour Bel Aztiria, fondatrice du programme "Equal" chez Spotify, censé faire émerger davantage de femmes sur les playlists, l’inégalité hommes-femmes est une "question de société" qui dépasse largement l'industrie musicale.

Plus de femmes dans l'industrie musicale 

Elle a toutefois confié à l'AFP trouver encourageant qu'un festival comme "All Things Go" programme autant d'artistes femmes et accueille "tant de femmes dans le public". Et voir plus de femmes et d’artistes "queer" sur scène peut motiver des gens à se lancer dans une carrière dans le secteur de la musique.

Dans le public, les sœurs Chloe et Sianna Richards, 22 et 21 ans, ont confié ne s'être jamais senties aussi "à l'aise" lors d'un festival de musique. "Je ne me suis jamais préoccupée de ce que je portais ou de ce que je montrais", a ainsi proclamé Sianna.

Pour Lexi Karaivanova, 20 ans, le week-end de musique a rassemblé "l'une des foules les plus sympas" jamais vues.

"J'aime qu'il y ait peu d'hommes", sourit cette personne qui se présente comme non binaire et qui aime "pouvoir échapper à tout ce qu'on traverse et ressentir cette liberté sans devoir s'excuser d'être queer, trans ou femme".

Lexi Karaivanova était particulièrement enthousiaste de vibrer sous la pop alternative d'Ethel Cain, autrice compositrice et interprète américaine trans, et du groupe californien MUNA dont la musique "indie" et les hymnes à la joie "queer" ont de plus en plus de succès à travers le monde. (AFP)

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