Matières premières: la ''décommoditisation'', une nouvelle stratégie de valorisation et de différenciation par la qualité (PCNS)

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"Les conséquences de l’organisation d’un marché de matières premières sur la profitabilité des firmes qui l’alimentent, sur le revenu des pays exportateurs, mais également sur le bien-être des populations, doivent en effet faire l’objet de toutes les attentions."(Y. Jégourel)

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Rabat - La "décommoditisation" des marchés mondiaux de matières premières se décline à travers la mise en œuvre par les producteurs de stratégies de différenciation par la qualité visant simultanément à se protéger de la concurrence par les prix et à favoriser la création de valeur, selon un policy brief publié par le Policy Center for The New South (PCNS).

"Indissociable de la valorisation du produit, la qualité pourra soit être matérialisée par une prime ou une décote vis-à-vis d'un prix de référence, soit être l'objet d’une demande spécifique qui protégera, à des degrés divers, la matière première de la concurrence internationale", écrit Yves Jégourel, auteur de ce policy brief intitulé "Vers une décommoditisation des marchés de matières premières ?".

"Si un très grand nombre de matières premières répondent aujourd’hui à cette première situation et que la commoditisation s’est inscrite dans le sens de l’histoire- celle des quatre dernières décennies à tout le moins-, cette évolution n’est assurément pas irréversible", fait observer M. Jégourel.

La propriété d’homogénéité économique qu’ont les commodities, explique-t-il, n’est pas sans contrainte pour les pays ou les groupes producteurs, dans la mesure où elle leur impose, en premier lieu, de compenser leurs marges restreintes liées à la forte concurrence internationale par une stratégie permanente de rationalisation des coûts et d’accroissement des volumes de vente autorisant des économies d’échelle.

Conduisant à une forte instabilité des prix, elle leur demande, en second lieu, de développer des stratégies économiques et financières permettant de s’en protéger, a ajouté M. Jégourel.

"Cette volonté demeure incontournable, soutient Y. Jégourel, mais elle n’empêche pas les entreprises productrices de s’engager, si elles en ont la possibilité, dans une stratégie appelée ici de décommoditisation qui vise à commercialiser des produits définis au plus près des besoins exprimés par l’aval de la filière".

Différents de la demande mondiale associée à toute commodité, ces besoins sont autant d’opportunités commerciales pour le producteur s’il parvient à les satisfaire et un moyen de bénéficier d’un prix de vente beaucoup moins corrélé, voire décorrélé, du cours de la matière première dont ce produit "décommoditisé" est issu, fait remarquer M. Jégourel.

Ce phénomène, peu étudié dans la littérature économique, estime M. Jégourel, doit faire l’objet d’études approfondies pour que sa réalité, ses conditions et ses effets puissent être davantage mesurés.

"Les conséquences de l’organisation d’un marché de matières premières sur la profitabilité des firmes qui l’alimentent, sur le revenu des pays exportateurs, mais également sur le bien-être des populations, doivent en effet faire l’objet de toutes les attentions", conclut M. Jégourel.

 

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