La trêve à Gaza et la libération des otages repoussées, poursuite des bombardements

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Des pierres contre des chars et bombardiers. Pendant que les regards sont concentrés sur Gaza, l’armée Israélienne et les colons juifs ravagent la Cisjordanie occupée. Sur cette photo des Palestiniens affrontent les forces israéliennes lors d'un raid dans le camp de réfugiés palestiniens de Balata, à l'est de Naplouse, en Cisjordanie occupée, le 23 novembre 2023. (Photo Zain JAAFAR / AFP)

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L'accord de trêve entre Israël et le Hamas sur la libération de 50 otages en échange de 150 prisonniers palestiniens n'entrera pas en vigueur avant ce vendredi, ont annoncé jeudi des responsables israéliens et palestiniens sur fond de poursuite des combats dans la bande de Gaza.

Le Qatar, médiateur clé, avait annoncé mercredi une trêve renouvelable de quatre jours dans les combats, doublée d'un échange d'otages retenus à Gaza et de Palestiniens détenus dans trois prisons israéliennes.

L'accord prévoit un échange "de 10 otages contre 30 prisonniers" au premier jour de la trêve, pour un total de 50 otages civils libérés en quatre jours contre 150 Palestiniens. Israël a diffusé une liste de 300 prisonniers, 33 femmes et 267 jeunes de moins de 19 ans dont 49 membres du Hamas, susceptibles d'être relâchés.

Mais le chef du Conseil national de la sécurité israélien, Tzachi Hanegbi, a déclaré dans la nuit que la libération des otages n'interviendrait "pas avant vendredi", les deux camps se rejetant mutuellement la responsabilité du report.

"Nous espérons que le cadre (de l'accord) prendra effet demain, nous attendons la signature", a indiqué un responsable israélien sous condition d'anonymat, faisant état de "nouvelles requêtes" du Hamas. Mais selon un responsable palestinien ayant aussi requis l'anonymat, les discussions achoppent sur les "noms des otages israéliens et les modalités de leur remise" à une tierce partie.

La France a appelé à la mise en œuvre de l'accord "sans délai supplémentaire", faisant écho aux réactions de la communauté internationale qui y voit un premier pas vers un cessez-le-feu durable. Cette trêve "ne peut pas seulement être une pause", a plaidé mercredi l'ambassadeur palestinien à l'ONU, appelant à l'utiliser pour empêcher la "reprise de l'agression" israélienne.

Frappes sur Khan Younès

L'accord a été annoncé au 47e jour de la guerre, déclenchée par une attaque d'une ampleur et d'une violence inédites dans l'histoire d'Israël menée le 7 octobre par le Hamas sur le sol israélien, laissant ainsi exploser sa révolté contre 75 ans d’occupation, d’assassinats et d’humiliation, et 15 ans de blocus.  Selon les autorités israéliennes, l’attaque aurait fait 1.200 morts, 

Environ 240 personnes ont été enlevées le jour de l'attaque Israël, qui a promis "d'anéantir" le mouvement islamiste palestinien, bombarde sans relâche sans distinction la bande de Gaza, où plus de 14.000 personnes ont été tuées dont près de 6.000 enfants et 4000 femmes.

L »agression s’est poursuivie toute la nuit sur le territoire de quelque 360 km2, assiégé depuis le 9 octobre par Israël, qui y a coupé les approvisionnements en eau, électricité et carburant et y mène une offensive terrestre depuis le 27 octobre.

L'agence de presse palestinienne Wafa a évoqué des "dizaines" de morts dans différents secteurs de Gaza.

Le Jihad islamique palestinien, qui participe aux combats, a fait état d'affrontements au cœur de la ville de Gaza, dans le nord. Dans le sud, les frappes ont visé la région de Khan Younès, d'où s'élevaient d'immenses colonnes de fumée noire, éclairées par les explosions des bombes.

"Je pense qu'il y a encore une vingtaine de personnes sous les décombres", a déclaré à l'AFP un Palestinien à la recherche de survivants dans un bâtiment détruit à Bani Souheila, à l'est de la ville.

Des dizaines de personnes non identifiées, mortes dans des hôpitaux du nord du territoire, ont été enterrées mercredi dans une fosse commune d'un cimetière de Khan Younès.

Dans la ville de Gaza (nord), le directeur de l'hôptal al-Chifa, Mohammed Abou Salmiya a été arrêté avec plusieurs autres cadres, selon un médecin du plus grand établissement de Gaza. L'armée israélienne contrôle l'hôpital où elle fouille des infrastructures militaires souterraines utilisées selon elles par le Hamas.

"Choix difficile" 

Le gouvernement israélien a approuvé l'accord suscitant des dissensions internes.

"Je dois souvent trancher entre un choix difficile et un choix encore plus difficile, et c'est particulièrement le cas avec les otages", a souligné mercredi soir Benjamin Netanyahu.

La principale association de familles d'otages s'est déclarée "heureuse" d'un accord pour une "libération partielle" d'otages, sans savoir pour l'instant "qui sera libéré et quand".

A Jérusalem-Est occupée, la Palestinienne Samira Douayyat a évoqué la possible libération de sa fille Shourouk, 26 ans, qui aura purgé la moitié de sa peine de 16 ans de prison. "Je pleure, je ris, je tremble", dit-elle à l'AFP.

Trêve insuffisante -

Les bombardements ont dévasté le territoire palestinien et provoqué une grave crise humanitaire rappelle l'ONU, avec notamment le déplacement de plus de 1,7 million des 2,4 millions d'habitants de Gaza, où l'aide entre au compte-gouttes.

La trêve permettra l'entrée d'un "plus grand nombre de convois humanitaires et d'aide, y compris du carburant" qu'actuellement, a indiqué le Qatar.

Quelque 200 à 300 camions d'aide entreront dans Gaza, dont huit avec du carburant et du gaz, a précisé un cadre du Hamas, Taher al-Nounou.

Mais cette trêve est "insuffisante" pour faire entrer l'aide nécessaire à Gaza, ont souligné plusieurs ONG internationales, réclamant un véritable cessez-le-feu alors que de nombreux camions attendent le feu vert israélien pour passer le terminal de Rafah.

"Avant la guerre, on travaillait deux, trois jours avant une pause. Aujourd'hui, ça fait sept jours qu'on est au même endroit sans bouger", raconte à l'AFP un chauffeur égyptien, Alaa Moustafa. Avant ces hostilités, la bande de Gaza était soumise à un strict blocus israélien depuis 16 ans.

Malgré l'accord, Israël a affirmé que la guerre se poursuivrait. "Nous n'arrêtons pas la guerre. Nous continuerons jusqu'à la victoire, nous poursuivons (les opérations militaires) dans d'autres secteurs" contrôlés par le Hamas, a affirmé jeudi le chef d'état-major israélien, le général Herzi Halevi lors d'une revue des troupes à Gaza, selon l'armée israélienne.

"Nous confirmons que nos mains resteront sur la gâchette", a averti de son côté le mouvement islamiste, classé organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.

"Ils parlent de trêve ? Une trêve avec des blessés, des morts et des maisons détruites ? Nous ne voulons pas de trêve si nous ne pouvons pas retourner dans nos maisons, nous ne voulons pas de trêve pour un peu de nourriture", a lancé Maysara al-Sabbagh, 42 ans, qui s'est réfugié à Khan Younès.

Hezbollah et Houthis 

La guerre fait craindre une escalade régionale alors que les alliés pro-Iraniens du Hamas, le Hezbollah libanais et les Houthis yéménites, visent le territoire israélien.

Le Hezbollah a revendiqué jeudi au moins une dizaine d'attaques contre différentes positions israéliennes frontalières, assurant avoir fait des victimes. L'armée israélienne a répliqué avec des tirs d'artillerie sur le sud-Liban, selon l'agence officielle libanaise.

En mer Rouge, un navire de guerre américain a intercepté jeudi des drones explosifs lancés du Yémen par les rebelles Houthis, selon les Etats-Unis. (Quid avec AFP)

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