Raids israéliens et bombardements à Rafah, vaines négociations au Caire sur une trêve à Gaza

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Un militant pro-palestinien se produit devant le monument Palestine Walk, inauguré par les ministres des Affaires étrangères indonésien et palestinien le 13 octobre 2018, lors d'une manifestation contre les actions d'Israël à Gaza, à Bandung, le 8 mai 2024. (Photo de Timur MATAHARI / AFP)

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L'armée israélienne a mené mercredi des frappes aériennes et poursuit sa guerre d’extermination à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, à l'heure où se tiennent au Caire les vaines et sempiternelles négociations en vue d'une trêve qu’Israël refuse toujours en essayant d’en imputer la responsabilité au Hamas.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, menace de lancer une offensive terrestre d'ampleur contre la ville de Rafah, qui abrite selon l'ONU 1,4 million de Palestiniens, en majorité déplacés par la guerre, avec le dessein à peine dissimulé d’en finir une fois pour toutes avec les Palestiniens.

Mardi, l'armée avait déployé des chars dans Rafah et pris le contrôle du passage frontalier avec l'Egypte, coupant la principale porte d'entrée pour les convois d'aide humanitaire vers le territoire palestinien assiégé.

Les soldats israéliens ont poursuivi mercredi leurs "opérations du côté gazaoui du point de passage, dans l'est de Rafah, sur la base d'informations faisant état de terroristes opérant dans le secteur", a indiqué l'armée.

Plusieurs Palestiniens ont été éliminés depuis la veille, tandis que les soldats ont découvert et détruit "des ouvertures de tunnels", a-t-elle ajouté.

"Nous avons très peur" 

L'aviation, selon l'armée, a frappé "plus de 100 cibles" de supposés groupes armés à travers le territoire, mais qui curieusement pour plus de deux tiers ne tuent que des enfants et des femmes.

Pendant la nuit, des blessés et des corps ont été retirés à Rafah des décombres d'habitations détruites par les bombardements, devant des habitants en pleurs.

"Nous avons très peur. L'armée d'occupation continue de tirer à l'aveuglette des obus sur des quartiers de l'est de Rafah, en plus d'une intensification des frappes aériennes", a raconté à l'AFP un habitant de la ville de 29 ans, Mouhanad Ahmad Qishta.

"Même les zones présentées comme sûres par l'armée israélienne sont bombardées", a-t-il ajouté.

La guerre d’extermination des Palestiniens par Israël a fait jusqu'à présent près de 35.000 morts essentiellement des enfants (près de 19.000) et de femmes (près de 13.000). Ella également provoqué une catastrophe humanitaire et des destructions colossales à Gaza. Les blessés se comptent par dizaines de milliers. Rien que pour les dernières 24 heures 55 Palestiniens ont été tués.

"Inacceptable-

Sous la pression des Etats-Unis, son principal allié, Israël a annoncé mercredi la réouverture du passage de Kerem Shalom, près de Rafah, fermé depuis.

Des camions en provenance d'Egypte transportant de la nourriture, de l'eau et des médicaments sont arrivés à Kerem Shalom et doivent après inspection entrer dans la bande de Gaza.

Un deuxième passage depuis Israël, celui d'Erez, d'où l'aide est transférée vers le nord de Gaza, continue de fonctionner, à en croire l'armée israélienne.

L'ONU avait affirmé mardi ne plus disposer que d'un jour de réserves de fioul pour les opérations humanitaires à Gaza, et appelé à rouvrir les passages.

Il ne restait mercredi que "trois jours de carburant" aux hôpitaux du sud de Gaza, "ce qui signifie qu'ils pourraient bientôt cesser de fonctionner", a averti le directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Washington a jugé "inacceptable" la fermeture des points de passage, alors que la population de Gaza est menacée de famine, selon l'ONU.

Les Etats-Unis ont aussi "suspendu la livraison d'une cargaison" de bombes à Israël après l'absence de réponse de ce pays face à ses "inquiétudes" concernant une offensive à Rafah, a dit un responsable américain.

"Round décisif" 

Au Caire, les vaines et sempiternelles négociations indirectes ont repris mercredi, selon un média proche des autorités égyptiennes, pour tenter de parvenir à un compromis sur une trêve et éviter un assaut à Rafah, où l'ONU a dit redouter un "bain de sang".

Le Qatar a de son côté appelé la communauté internationale à agir pour empêcher un "génocide" à Rafah.

Des représentants d'Israël et du Hamas, ainsi que des pays médiateurs - Qatar, Egypte et Etats-Unis - sont présents dans la capitale égyptienne.

Selon l'analyste palestinien Mkhaimar Abusada, de l'université Al-Azhar de Gaza, le moment choisi pour la prise de contrôle du passage de Rafah par Israël "pourrait montrer qu'il tente de saboter les pourparlers". "Cette prise de contrôle est aussi un symbole montré au monde du fait que le Hamas n'a plus le contrôle", a-t-il ajouté.

Lundi, quelques heures avant le déploiement de troupes israéliennes à Rafah, le Hamas avait donné son feu vert à une proposition présentée par les médiateurs.

Celle-ci, selon un responsable du mouvement, Khalil al-Hayya, comprend une trêve en trois phases, chacune d'une durée de 42 jours, incluant un retrait israélien du territoire ainsi qu'un échange d'otages retenus à Gaza et de Palestiniens détenus par Israël, dans le but d'un "cessez-le-feu permanent".

Israël a répondu que cette proposition était "loin de ses exigences" et répété son opposition à un cessez-le-feu définitif tant que le Hamas ne serait pas vaincu.

Mercredi, un responsable du Hamas a de nouveau insisté sur "les revendications légitimes" des Palestiniens et parlé d'un "round décisif" au Caire.

Benjamin Netanyahu a indiqué avoir donné pour consigne à sa délégation de "continuer à se montrer ferme sur les conditions nécessaires à la libération" des détenus israéliens à Gaza et "essentielles" à la sécurité d'Israël.

"Cela pourrait être la dernière chance" pour Israël "de récupérer les captifs (...) vivants", selon un responsable du Hamas. (Quid avec AFP)