Mobilisation propalestinienne: l'université Columbia annule sa grande cérémonie de remise de diplômes

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Des manifestants pro-palestiniens face à une poignée de provocateurs pro-israéliens sur le campus Lincoln Park de l'université DePaul à Chicago (Illinois), le 5 mai 2024. (Photo by alex wroblewski / AFP)

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L'université Columbia à New York, épicentre du mouvement propalestinien des campus américains, a annoncé lundi renoncer à sa grande cérémonie de remise de diplômes et privilégier des événements modestes et "festifs", après trois semaines de colère violemment réprimée par la police.

L'établissement privé et réputé du nord de Manhattan, où les étudiants ont été délogés le 30 avril par des centaines de policiers anti-émeute, a annulé de fait "la grande cérémonie de l'université prévue le 15 mai".

Ces "graduations" aux Etats-Unis représentent le grand rendez-vous institutionnel de la vie universitaire et scolaire du pays quand, à la fin du printemps, étudiants et élèves en tenue traditionnelle sont mis à l'honneur par le corps enseignant devant leurs familles.

"Toutes les cérémonies scolaires programmées sur la pelouse sud du campus Morningside seront déplacées" de cet immense site ouvert et arboré du nord de Manhattan vers un complexe sportif, a indiqué Columbia, qui accueille 37.000 étudiants et des milliers de professeurs et membres du personnel.

Cette prestigieuse université privée, au budget d'une grande entreprise financée par des donateurs et des investissements financiers, a été secouée depuis le 17 avril par des manifestations et l'occupation d'une pelouse et d'un bâtiment.

Etudiants non violents  

Avant que ces militants et étudiants propalestiniens non violents ne soient délogés par la police de New York, leur "village", un campement de tentes, a aussi été démantelé la semaine dernière, comme dans nombre d'universités de la Californie à la côte est en passant par le sud et le centre des Etats-Unis.

Columbia est un foyer historique de la contestation étudiante depuis la guerre du Vietnam et le mouvement des droits civiques dans les années 1960-1970. L'université a été l'une des premières à se mobiliser au début de la guerre d’extermination que conduit Israël contre les Palestiniens.

A l'autre bout du pays, les cours en présentiel vont reprendre à l'université de Californie à Los Angeles (UCLA), après des affrontements entre des manifestants et la police.

Arabo-musulmans et juifs 

Depuis vendredi, le mouvement national pour la cause palestinienne - qui compte aussi des  jeunes arabo-musulmans mais aussi des juifs de gauche antisionistes - cherche un nouveau souffle aux Etats-Unis.

Nombre de campements ont été démantelés et des milliers de personnes interpellées, parfois arrêtées et poursuivies en justice.

Outre un règlement à la guerre génocidaire, des jeunes américains exigent que les universités rompent leurs relations universitaires avec Israël en se désengageant d'investissements économiques.

Dans une Amérique qui compte des millions de juifs et de musulmans, des étudiants et militants dénoncent l'appui quasiment inconditionnel des Etats-Unis à leur allié militaire et diplomatique israélien engagé dans une guerre d’extermination depuis le 7 octobre sur son sol.

"Vietnam de Biden"

Les manifestations ont ravivé le débat aux Etats-Unis, déjà tendu voire violent depuis le début de cette sale guerre, sur la liberté d'expression, l'antisionisme que l’on cherche à faire passer pour le culpabilisant antisémitisme.

Donald Trump a qualifié les manifestants de "tarés de la gauche radicale", qu'il faut "arrêter maintenant", son Parti dénonçant le "virus de l'antisémitisme" sur les campus.

Pour la gauche, le mouvement "pourrait être le Vietnam de Biden", a averti le sénateur indépendant Bernie Sanders qui redoute qu'il ne perde "non seulement les jeunes, mais aussi une grande partie de la base démocrate". (Quid avec AFP)

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