Mondiaux d'athlétisme: Sha'Carri Richardson, la clivante nouvelle reine des pistes

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L'Américaine Sha'Carri Richardson réagit après les séries du 100 m féminin lors des Championnats du monde d'athlétisme au Centre national d'athlétisme de Budapest, le 20 août 2023. (Photo par Ferenc ISZA / AFP)

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Pas de quartier sur la piste, ou en dehors : l'Américaine Sha'Carri Richardson, sacrée sur 100 m aux Mondiaux de Budapest lundi après avoir touché le fond en 2022, ne laisse personne indifférent.

En 10 sec 65, un temps canon, record des championnats, Richardson a mis fin à la domination jamaïcaine et relégué les expérimentées Shericka Jackson et Shelly-Ann Fraser-Pryce aux autres places du podium.

La jeune américaine (23 ans), qui a conquis un premier titre international pour ses premiers grands championnats, se nourrit de la confrontation et pas seulement sur la piste, indiquant avec fougue que les "rageux" l'avaient autant motivée que son cercle proche.

Ces "haters", ce sont notamment ceux qui l'avaient fustigé après un contrôle positif au cannabis en 2021 qui l'avait privé des Jeux olympiques de Tokyo, alors qu'elle était en pleine ascension.

Traitement différent 

"Il ne faut jamais abandonner", a-t-elle dit en conférence de presse, où elle a multiplié les pics à l'attention des journalistes.

"Il ne faut pas laisser les médias ou les autres vous définir. J'ai envie de dire qu'il faut se battre, toujours se battre", a-t-elle répété.

En 2021, elle avait présenté ses excuses et expliqué avoir fumé de la marijuana après avoir appris le décès de sa mère biologique. Elle avait reçu le soutien de personnalités comme la footballeuse Megan Rapinoe, le basketteur Chris Paul, ou le président des Etats-Unis Joe Biden.

La Texane s'était ensuite plaint d'un traitement différent par rapport à la jeune patineuse russe Kamila Valieva, présente aux Jeux d'hiver de Pékin début 2022 malgré un contrôlé positif à une substance interdite (trimetazidine), à cause de la différence de leur couleur de peau.

"Peut-on avoir une réponse crédible sur la différence (entre les deux situations)?, écrivait-elle en février 2022 sur Twitter, devenu X. La seule que je vois est que je suis une jeune femme noire."

Le Comité international olympique (CIO) avait sèchement répondu que les deux affaires n'avaient "rien à voir".

"Personnalité unique" 

Adepte des phrases choc au début de sa carrière, la flamboyante sprinteuse aux tresses colorées et aux cils et ongles interminables s'est muée dans un silence médiatique total en 2023, jusqu'à sa victoire lundi.

Admiratrice de sa compatriote décédée Florence Griffith-Joyner, recordwoman du monde controversée des 100 et 200 m (10.49 et 21.34 en 1988), Richardson s'entraîne en Floride avec l'ex-mentor de Justin Gatlin, Dennis Mitchell. Vedette du sprint américain, il a été plusieurs fois contrôlé positif en carrière et , devenu coach, a été piégé par une caméra cachée où il assurait pouvoir fournir des produits interdits.

L'attitude de Richardson, très présente sur Instagram (2,5 millions d'abonnés), lui vaut de nombreux détracteurs mais aussi de fervents supporters, comma la légende américaine Michael Johnson, multiple champion olympique du 200 et 400 m, et consultant vedette de la BBC.

"C'est génial pour ce sport parce qu'elle a une personnalité unique, authentique, a-t-il dit. Ce sport en a besoin, pour attirer des gens en dehors du cercle des fans d'athlétisme."

"On peut l'aimer, comme c'est le cas de milliers de fans, ou la rejeter, comme c'est sans doute le cas de certains," estime l'ancien athlète devenu directeur sportif du meeting de Chorzow, Piotr Malachowski. "Sha'Carri ne laisse personne indifférent, c'est l'un ou l'autre. Elle est connue comme une figure controversée. Sur le marché du sport actuel, ça a de la valeur."

"Sombres pensées" 

Elle tire force et faiblesse d'une enfance difficile passée avec sa grand-mère et une tante, sa mère l'ayant abandonnée. "Ma famille m'a gardée dans le droit chemin", explique-t-elle dans une vidéo postée cette année, regrettant l'absence de "lien avec (sa) mère maternelle en grandissant".

"Ça m'a fait du mal. Elle devait être tout pour moi, mais elle était absente, je me demandais: +pourquoi suis-je là?+"

"Cela m'a emmené dans de sombres pensées. Au lycée, j'ai fait une tentative de suicide."

En 2022, Richardson s'était séparée avec fracas de sa petite amie, la sprinteuse jamaïcaine Janeek Brown, en rendant publique leur relation "toxique", selon l'aveu des deux jeunes femmes. Les deux ex se renvoyant ensuite des accusations de harcèlement "physique, moral et verbal".

Au plus mal à l'époque, l'Américaine s'était montrée très affectée sur la piste en ratant totalement sa saison et les sélections pour les Championnats du monde de Eugene (Oregon, Etats-Unis), grande fête et triomphe de l'athlétisme américain.

De quoi repousser son sacre d'une année seulement. (AFP)

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