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Le lancement par le Maroc de son 1er satellite de reconnaissance inquiète Madrid
Le journal espagnol El Pais a annoncé le lancement par le Maroc de son premier satellite de reconnaissance, le 8 novembre prochain, tandis que le deuxième sera lancé en 2018
Citant des experts militaires, El Pais a révélé que Madrid craint que son avantage technologique ne prenne fin à un moment où il y a encore des problèmes litigieux entre le Maroc et l’Espagne et ce malgré les « relations amicales » entre les deux pays. Un stratège militaire a confié au journal que si Madrid considère Rabat comme un allié important dans la lutte contre l'immigration clandestine et le terrorisme, il est important que le royaume ibérique « ne baisse pas la garde ».
Les deux pays ne sont toujours pas d'accord sur le statut des deux enclaves, Sebta et Melilla, ainsi que sur la délimitation des frontières maritimes. Le souvenir de l'incident de l'île de Perejil en 2002, quand une crise a éclaté à la suite de l'arrestation de six soldats marocains par une unité spéciale espagnole, est encore vif dans la mémoire des populations des deux côtés. Pendant des années, l'Espagne a estimé que son avantage technologique était dissuasif dans sa relation avec le Maroc.
Selon Space Skyrocket, le satellite fournira un système de reconnaissance optique à haute résolution. El Pais a indiqué que le Maroc avait signé un accord pour le satellite avec les compagnies européennes Airbus Defence & Space et Thales Alenia Space lors d'une visite de l'ancien président français François Hollande au Maroc en avril 2013. Le contrat n'a pas été rendu public. « La construction du premier satellite d'espionnage marocain a été entourée d'un maximum de secret », a déclaré El Pais. Les sources d'information espagnoles ont déclaré que le coût de construction et de lancement des deux satellites est estimé à environ 500 millions d'euros.
Les deux satellites d'observation et de reconnaissance sont à haute résolution (70 centimètres sur une bande de 800 kilomètres) et ont la capacité de capturer 500 images par jour et de les envoyer à la station au sol toutes les six heures. Le 23 septembre, le satellite marocain qui devait être lancé en novembre est arrivé à la base de Kourou en Guyane française. Une fois lancé, le satellite sera contrôlé par le ministère marocain de la défense dans une base de contrôle non loin de l'aéroport de Salé.
Les satellites renforceront les capacités de sécurité du Maroc. Ces dispositifs sont utilisés pour contrôler les activités criminelles telles que la contrebande et la surveillance des groupes armés comme AQMI.
Il permettra également au Maroc de recueillir des informations sur le Polisario, ainsi que sur les installations militaires de ses voisins, comme l'Algérie et l'Espagne. En acquérant ces satellites, le Maroc « deviendra le troisième pays du continent, après l'Egypte et l'Afrique du Sud, à avoir cette capacité ».