Après les obsèques de la mère de Benkirane, la politique reprend ses droits

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Pour ce ministre du gouvernement sortant, « tant que chacun campe sur ses positions, on ne pourra pas avancer et la crise ne pourra que perdurer ». Alors que Abdalilah Benkirane tient à gouverner avec l’Istiqlal, le nouveau patron du RNI, lui, persiste à ne vouloir d’istiqlaliens au gouvernement

La trêve a été de courte durée. En début de semaine,  le temps politique a en effet suspendu son vol le temps des obsèques de la mère de Abdalilah Benkirane, décédée mardi. De la majorité à l’opposition, le personnel politique s’est associé au deuil du chef de gouvernement. Au quartier des Orangers, à Rabat, le domicile de A. Benkirane a vu défiler tous les leaders et responsables, y compris les adversaires les plus irréductibles du Secrétaire général du parti de la lampe. Ils sont venus, tous, présenter leurs condoléances au premier ministre qui était d’abord et avant tout le fils de Hajja Meftaha.

Les séquences photos et vidéos d’hommes politiques donnant l’accolade à Benkirane ou en train de deviser  nonchalamment avec lui dans l’intimité du salon de la demeure familiale ont fait oublier que le  pays est sans gouvernement depuis deux mois et qu’un conseil de gouvernement extraordinaire est convoqué la semaine prochaine pour adopter le  décret permettant d’assurer la continuité des services de l’Etat et ce en l’absence de l’adoption du projet de Loi de Finances 2017.

La politique a donc fini par reprendre ses droits. Nommé le 10 octobre dernier au poste de chef de gouvernement, le leader des islamistes n’a toujours pas constitué de majorité gouvernementale. « M. Benkirane a beau s’accrocher à la logique arithmétique et invoquer les scores électoraux des uns et des autres, il n’a toujours pas réussi à former autour de lui une coalition », résume un politologue.

Il y a manifestement blocage. Pour ce ministre du gouvernement sortant, « tant que chacun campe sur ses positions, on ne pourra pas avancer et la crise ne pourra que perdurer ». Alors que Abdalilah Benkirane tient à gouverner avec l’Istiqlal, le nouveau patron du RNI, lui, ne veut pas d’istiqlaliens au gouvernement. « Je vois mal Akhennouch faire machine arrière. Il y va de sa crédibilité de nouveau leader. De plus, il sait que le bureau politique du RNI n’acceptera pas une telle reculade », croit savoir ce ténor du Rassemblement national des indépendants. Pour l’heure, Aziz Akhennouch poursuit ses tournées à travers le Maroc pour aller à la rencontre des militants. Après Marrakech où il a fait escale mercredi, il est attendu ce jeudi 8 décembre à Dakhla avant de s’envoler pour Laayoune.

Quant au chef de gouvernement, il préfère regarder ailleurs et surtout pas du côté de la crise politique que le Maroc est en train de traverser. « Ce qui lui épargne le fait de faire un constat d’échec. Force est de reconnaître que M. Benkirane ne veut malheureusement pas admettre qu’il a échoué dans la constitution d’une majorité gouvernementale », soupire cette ancienne députée du PAM.

L’issue du blocage  est de l’ordre de l’inconnu. Benkirane passera-t-il la main ? Les cartes seront-elles rebattues ? Le chef de gouvernement finira-t-il par faire toutes les concessions qui lui seront demandées ? Les questions  sans réponse sont de plus en plus nombreuses.

 

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