Cinéma, mon amour ! de Driss Chouika - KEN LOACH LE CINÉMA SOCIAL PAR EXCELLENCE

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Dans “Ladybird’’, Ken Loach expose dans toute son humanité une mère très combative « Ce que j’ai toujours essayé de faire, c’est de saisir la vérité de l’instant ». Ken Loach.

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Cinéma mon amour de Driss Chouika : ''LE 41ème'', LE DIFFICILE CHOIX ENTRE  PASSION AMOUREUSE ET CONVICTION PATRIOTIQUE RÉVOLUTIONNAIRE

Dans “Ladybird’’, Ken Loach expose dans toute son humanité une mère très combative   « Ce que j’ai toujours essayé de faire, c’est de saisir la vérité de l’instant ». Ken Loach.

Ayant débuté sa carrière comme comédien de théâtre, rejoignant par la suite le monde de la télévision pour laquelle il réalise une série de docu-fictions et de téléfilms avec une forte connotation sociale, Ken Loach finit par investir le monde du cinéma qu’il a fini par marquer d’une empreinte bien originale, créant au fil des ans une oeuvre cinématographique homogène, axée sur des thématiques sociales en rapport direct avec la vie réelle des classes sociales les plus défavorisées en Angleterre. Adepte convaincu du courant du “Free Cinema” et de l’école classique du documentaire britanniques, il s’est spécialisé surtout dans le traitement de situations sociales difficiles de la classe ouvrière anglaise.

Son cinéma d’inspiration essentiellement sociale a fini par acquérir une notoriété internationale bien originale, permettant aux films de Ken Loach de totaliser une vingtaine de sélections à Cannes dont 15 en compétition officielle, 07 sélections à la Berlinale, 05 à la Mostra de Venise, sans compter d’autres prestigieux festivals internationaux, ayant réussi à gagner une dizaine de prestigieuses récompenses dont 03 Prix du Jury à Cannes (pour “Secret defense“ en 1990, “Raining Stones“ en 1993 et “La part des anges“ en 2012), César du meilleur film étranger pour “Land and Freedom“ en 1996, Palme d’Or à Cannes pour “Le vent se lève“ en 2006 et “Moi, Daniel Blake“ en 2016 ainsi que le César du meilleur film étranger et le BAFA du meilleur film britannique pour le même film...

Le cinéma de Loach s’apparente fortement à un cinéma social “réaliste“, quoiqu’il refuse la connotation de ce terme auquel il préfère celui d’“authenticité“, on voit clairement dans ses films une constante recherche d’une vérité exprimée frontalement par la situation des personnages qui se retrouvent toujours écrasés par le dur environnement économique et social qui les enferme sans leur laisser aucun échappatoire concret. Ce choix amène le réalisateur à s’éloigner de tout romantisme pour s’attacher à peindre, sans fioritures, des personnages à un moment précis et crucial de leur vie, en rapport avec les situations socio-politiques qui prévalent dans le pays ou dans une région précise du pays. Ainsi, pour rendre les images de ses films plus “authentiques“, il tourne souvent dans des décors naturels réels, surtout les anciens lieux mythiques de l’industrie sidérurgique et minière britannique.

Le souci de Loach de tenir à respecter scrupuleusement l’authenticité des histoires sociales qu’il traite, allant jusqu’à chercher des interprètes, même amateurs, ayant vécu des situations similaires, que des comédiens professionnels, va de pair avec son engagement et son soutien socio-politique clairement assumé des causes justes, dont son soutien à l’association BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) ainsi qu’à la pétition pour l'arrêt de l’opération “Bordure Protectrice” d'Israël autour de Gaza, son opposition au Brexit (sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne) et bien d’autres engagements socio-politiques en faveur de causes humanitaires justes. Il est également membre du comité de parrainage du “Tribunal Russel sur la Palestine“, créé le 4 mars 2009. Il a aussi reçu au cours de sa carrière, entre autres, en 2003 un Doctorat Honoris Causa de Lettres de l’Université de Birmingham au Royaume-Uni et un titre de Docteur Honoris Causa de l’Université Libre de Bruxelles. 

UN AUTEUR MAJEUR DANS LE CINÉMA MONDIAL

Outre le fait que le cinéma de Loach représente vraiment le Cinéma Social par excellence, reconnu en tant que tel sur le plan international par les critiques comme par les cinéphiles, il s’est bien imposé comme l’un des auteurs majeurs dans l’Histoire du cinéma mondial. Ses films comportent tous de grands moments de cinéma dont raffolent les cinéphiles, et son œuvre exprime bien une vision bien originale de la vie dans les sociétés modernes, dans un strict respect des conditions réelles des classes les plus défavorisées, surtout la classe ouvrière anglaise, les personnages de ses récits étant toujours inspirés des réalités quotidiennes vécues.

Sur le plan du traitement, il privilégie et met l’accent sur le meilleur choix filmique susceptible d’attirer la sympathie et l’empathie du spectateur pour les personnages représentés. Affirmant bien par ailleurs que « Ce que j’ai toujours essayé de faire, c’est de saisir la vérité de l’instant », il explicite bien sa pensée en disant : « Il y a tant de choses qui nous mettent en colère, qui nous rendent tristes et nous désespèrent, qui nous enragent. Il y en a tant. Alors, si on a la chance de faire entendre même une toute petite voix, de s’exprimer sur ces choses, pourquoi s’en priver ? ». En voici quelques exemples :

Fidèle à ce choix, dans son deuxième long métrage, “Kes“, il raconte l'histoire d'un enfant qui essaie d’oublier son dur vécu quotidien en apprivoisant un faucon ; et au petit écran, sa série “Days of Hope“ s’attache au vécu de la classe ouvrière, son thème de prédilection ; dans “Riff-Raff“ et “Raining Stones“, il se penche avec lucidité sur le difficile quotidien des marginalisés et laissés-pour-compte de l'Angleterre de Margaret Thatcher ; il expose dans toute son humanité une mère très combative dans “Ladybird“ ; dans “My name is Joe“, il suit avec autant d’humanité les déboires d’un ancien alcoolique et une assistante sociale dans les quartiers défavorisés de Glasgow ; dans “The Navigators“, et en tant que marxiste convaincu, il dénonce frontalement la privatisation des chemins de fer en Angleterre ; comme il dénonce les préjugés raciaux et religieux dans “Just a kiss“ ainsi que l’exploitation, à Los Angeles, des travailleurs immigrés pauvres dans le domaine de l'entretien qui luttent pour de meilleures conditions de travail et la reconnaissance d'un droit syndical dans “Bread and Roses“...

D’une manière générale, tous les films de Ken Loach sont à voir et à revoir.

FILMOGRAPHIE SÉLECTIVE DE KEN LOACH (LM)

« Pas de larmes pour Joy » (1967) ; « Kes » (1969) ; « Family Life » (1971) ; « Black Jack » (1979) ; « Regards et sourires » (1981) ; « Fatherland » (1986) ; « Riff-Raff » (1990) ; « Secret défense » (1990) ; « Raining Stones » (1993) ; « Ladybird » (1994) ; « Land and Freedom » (1995) ; « Carla’s Song » (1996) ; « My Name is Joe » (1998) ; « Bread and Roses » (2000) ; « The Navigators » (2001) ; « Sweet Sixteen » (2002) ; « Just a Kiss » (2004) ; « Le vent se lève » (2006) ; « It’s a Free World ! » (2007) ; « Looking for Eric » (2009) ; « Route Irish » (2010) ; « La part des anges » (2012) ; « Jimmy’s Hall » (2014) ; « Moi, Daniel Blake » (2016) ; « Sorry We Missed You » (2019) ; « The Old Oak » (2023).

DRISS CHOUIKA

 

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