Une publication de l'IRES : ''LE LIVRE BLANC DU SAHARA MAROCAIN'' - Par Mustapha SEHIMI

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Le Roi Mohammed VI inaugurant en 2016 au site Phosboucraâ à Laâyoune, la réalisation du complexe industriel intégré de production d'engrais

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L'Institut Royal des Études Stratégiques (IRES) vient de publier "Le Livre blanc du Sahara marocain"+ Un travail utile, synthétique aussi, qui s'articule autour de plusieurs axes. Le premier a trait au démantèlement colonial de l'Empire chérifien au 19ème et au 20ème siècle. C'est que la souveraineté de cet Empire était reconnue par les puissances coloniales, sous différentes formes. Elle a été violée, par étapes, et a conduit à ce qu'il faut bien appeler un dépeçage. Pour autant, malgré ces vicissitudes historiques, le Maroc a constamment revendiqué sa souveraineté sur le Sahara. En particulier, l'on avait assisté à une "fabrication" du Sahara espagnol par les puissances coloniales européennes. L'Espagne a été historiquement la première avec entre autres, après l'occupation de Mellia et de Sebta au 15ème- 16ème siècle, la guerre de 1856-59 sanctionnée  par le traité de Tétouan du 26 avril 1860.

Occupation coloniale et ... résistance

S'ouvrait alors la voie à la colonisation du Sahara atlantique marocain... Puis la Conférence de Madrid en juillet 1880, sous le règne du Sultan Moulay Hassan 1er établissant un "droit de protection" pour les ressortissants européens. Paris et Madrid, signataires de la Convention de Madrid de 1880 ont ainsi créé la colonie du "Sahara espagnol", devenue ensuite "Sahara occidental" à partir de territoires sous souveraineté du Maroc. Elles réglaient le différend sur leurs zones d'influence respectives et ce en violation de ce traité. A la fin décembre 1884, 1'Espagne va plus loin : elle signifie aux puissances européennes le contrôle de la côte atlantique entre le cap Bojador et le cap Blanc. 

L'occupation espagnole ne sera pas effective : tant s'en faut. C'est qu'en effet la résistance marocaine va durer quatre décennies. Ce n'est qu’au milieu des années trente que Samara et Laâyoune sont occupées. Avec l'indépendance, la revendication marocaine de ses provinces méridionales se mobilise : discours historique du Sultan  Mohammed V, à Mhamid El Ghizlane, le 25 février 1958 : " le retour de notre Sahara dans le cadre du respect de nos droits historiques et selon la volonté de ses habitants", bataille diplomatique aux Nations-Unies dès le début des années soixante pour la décolonisation du "Sahara espagnol" ; rétrocession de Sidi Ifni au Maroc en janvier 1969... Avec la Marche Verte, en novembre 1975, le Maroc récupère son Sahara, suite à l'avis consultatif de la CIJ un mois auparavant, le 16 octobre. Les accords de Madrid du 14 novembre scellent cet acte de recouvrement territorial. 

La population du Sahara retrouve sa place intégrante dans la population du Maroc. Elle est homogène au plan ethnique, issue sans doute de multiples groupes tribaux, mais tous réunis autour de la bay'a du Sultan. C'est cela au total, par-delà le pluralisme culturel et linguistique, l'identité du Maroc, sauvegardée à travers le legs des siècles et qui a été consacrée dans le Préambule de la nouvelle Constitution de 2011. 

La CIJ a reconnu les liens d'allégeance entre les tribus sahariennes et le Sultan. Elle participe de l'institution de la Commanderie des Croyants ; elle est un contrat lui confiant les affaires religieuses et séculières pour la défense de l'unité nationale et de l'intégrité territoriale ; elle est l'un des fondements historiques du droit public musulman. 

Pour ce qui est, par ailleurs, de l'internationalisation de la question nationale, le livre rappelle les conditions dans lesquelles le mouvement séparatiste a été créé en 1973, son instrumentalisation par la Libye  puis surtout par l'Algérie et les étapes du processus onusien: la création de la MINURSO en 1991, 1'impossibilité d'organiser un référendum par suite des obstructions d'Alger et des séparatistes, enfin l'Initiative marocaine d'autonomie présentée au Conseil de sécurité le 11 avril 2007. Ce plan a été qualifié de "sérieux, crédible et réaliste" depuis seize ans dans toutes les résolutions de cette haute instance onusienne. La grande majorité de la communauté internationale le soutient confortant les avancées de la cause nationale et la dynamique qui les accompagne (États-Unis, Espagne, Allemagne, Belgique, Hongrie, Pays-Bas, Portugal, Roumanie, Serbie,...) avec son prolongement territorial marqué par une trentaine de consulats généraux à Dakhla et Laâyoune. 

Vision Royale de développement

Un autre axe regarde "la situation actuelle dans le Sahara marocain".  La vision Royale ? Le Sahara est partie intégrante du Royaume, "une vérité aussi pérenne qu'immuable"; "grâce à de grands projets, les régions du Sahara sont devenues, désormais, un espace ouvert aux opportunités de développement et une plate forme propose à l'investissement national et étranger" (Discours Royal du 6 novembre 2021). La primauté est accordée au développement décentralisé avec le Sahara marocain qui regroupe 3 régions (Guelmim-Oued- Noun, Laâyoune /Sakia El Hamra et Eddakhla /Oued Eddahab)/, soit une population de 1.100.000 habitants. Un nouveau modèle de développement a été défini et mis en œuvre dans les Provinces du Sud (développement humain inclusif et durable, participation des acteurs représentatifs et de la population locale, respect et effectivité des droits fondamentaux des citoyens). En 2013, le Souverain a lancé un vaste programme pour une enveloppe budgétaire de 77 milliards de DH financement de projets structurants : voie expresse Tiznit- Dakhla, connexion au réseau électrique national, stations d'énergie solaire et éolienne, grand port Dakhla Atlantique,... Le taux de croissance annuel moyen est pratiquement le double du taux national. Le PIB annuel est le plus élevé par habitant dans la région Eddakha -Oued-Eddahab élevé au Maroc. L'économie nationale s'est élargie, outre 1'exploitation des richesses naturelles traditionnelles à des activités tertiaires, créant ainsi 64 % de la richesse régionale. Se poursuit également avec une grande ampleur la valorisation des ressources naturelles au profit des populations. Les investissements projetés par le groupe OCP pour la période 2011-2026 sont de l'ordre de 1,8 milliard de dollars. 

C'est l'homme qui, en dernière analyse, est au cœur des stratégies de développement national et régional. Les habitants sahraouis sont attachés à leur marocanité ; ils se distinguent, lors des scrutins, par le taux le plus élevé de participation électorale. La promotion et la consolidation des droits de l'homme se vérifient avec deux commissions régionales dans les provinces du Sud. Le taux de développement humain est supérieur à celui de la moyenne nationale (scolarisation santé, habitat,...). 

Enfin, le livre traite de la situation dans les camps de Tindouf. Une zone de non-droit en territoire Algérie- le verrouillage, la répression, le refus opposé à l'identification et au recensement des réfugiés en violation des conventions internationales, le détournement de l'aide alimentaire. Une situation dont est responsable l'Algérie qui encadre, arme et finance le mouvement séparatiste. Elle est partie prenante, comptable et responsable d'un conflit artificiel entretenu depuis un demi-siècle... 

+ IRES, 2023, disponible en ligne: Web: www.ires.ma 

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