Cinéma, mon amour de Driss Chouika: ZORBA LE GREC, UNE ODE À LA VIE, LA PASSION ET LA LIBERTÉ

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Les personnages de ce film sont bien représentatifs d’une pure tragédie grecque. Le personnage de Zorba est au cœur de l’histoire. Il est l'incarnation même de la vie débordante, de la spontanéité et de la sagesse populaires. Sa danse exubérante, créée pour le besoin du film et depuis considérée de facto comme une danse folklorique crète, symbolise sa philosophie de vie : danser au rythme de l'existence

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« La vie est pleine de luttes et de triomphes, de tristesse et de joie, de déceptions et de satisfactions. Mais le plus important est de continuer à danser ». Zorba (réplique du film).

Adapté du roman éponyme de Nikos Kazantzakis, tourné en Crète, dans les décors naturels de la région d’Apokóronas et la péninsule Akritori, sorti le 14 décembre 1964 en Grèce et le 17 décembre aux Etats-Unis, ayant eu plusieurs récompenses dans des festivals prestigieux dont les Oscars des meilleurs décors et de la meilleure photographie, le huitième long métrage de Michael Cacoyannis, “Zorba le grec“, demeure le film qui incarne, aux yeux des cinéphiles, le cinéma grec, même s’il est une production internationale.

Pure tragédie grecque, on entend d’ailleurs Zorba dire « Il n'y a qu'une seule tragédie dans la vie : de ne pas réaliser son plein potentiel », exprimant l’oppression, la souffrance, la frustration et l’hypocrisie des hommes, et malgré la grande violence de certaines de ses scènes, comme celle de la lapidation de la veuve, ce film n’en demeure pas moins une ode à la vie, la passion et la liberté. Ce chef-d'œuvre intemporel du cinéma, plonge les spectateurs dans les paysages envoûtants de la Grèce et dans les profondeurs de l'âme humaine. À travers une histoire poignante et des personnages mémorables, "Zorba le Grec" explore les thèmes de la liberté, de la passion, de la vie et de la mort.

L'histoire se déroule en Crète, où un écrivain anglais, Basil, interprété par Alan Bates, rencontre Alexis Zorba, un Grec exubérant, incarné par le charismatique Anthony Quinn. Basil, à la recherche de sens dans sa vie, engage Zorba en tant que contremaître pour l'aider à exploiter une mine de lignite qu'il a héritée. Les deux hommes, aux antipodes l'un de l'autre, développent une relation complexe et profonde tout au long du film. Au fil des péripéties, Zorba incarne la liberté et la joie de vivre. Il enseigne à Basil à embrasser pleinement chaque moment, à vivre avec passion et à se libérer des entraves de la société. Malgré les difficultés rencontrées dans l'exploitation de la mine, Zorba reste résolument optimiste et démontre une force de caractère indomptable. Paraissant rude et grossier, il n’en demeure pas moins profondément philosophe. Dans un échange avec l’anglais, il lui demande “Pourquoi tout le monde meurt ? Que te disent tes livres ?“, qui lui répond “Mes livres me parlent de l’angoisse du monde, parce qu’ils ne peuvent pas répondre à ce que tu demandes“.

DES PERSONNAGES D’UNE PURE TRAGÉDIE GRECQUE

Les personnages de ce film sont bien représentatifs d’une pure tragédie grecque. Le personnage de Zorba est au cœur de l’histoire. Il est l'incarnation même de la vie débordante, de la spontanéité et de la sagesse populaires. Sa danse exubérante, créée pour le besoin du film et depuis considérée de facto comme une danse folklorique crète, symbolise sa philosophie de vie : danser au rythme de l'existence, même dans les moments les plus sombres. Anthony Quinn donne vie à ce personnage de manière magistrale, lui conférant une présence mémorable.

Basil, en revanche, représente le contraire de Zorba. Il est réservé, intellectuel, et souvent en proie au doute et à l'angoisse existentielle. Sa rencontre avec Zorba le pousse à remettre en question ses convictions et ses priorités, l'amenant à une transformation personnelle profonde. Les autres personnages, tels que la veuve solitaire, interprétée par Irène Papas, Mme Hortense, campée par Lilia Kerova ou le jeune homme amoureux, Mimithos, joué par Sotiris Moustakas, apportent des dimensions supplémentaires à l'histoire, reflétant différentes facettes de l'expérience humaine. 

DES THÈMES ET UNE SYMBOLIQUE À PORTÉE UNIVERSELLE

Ainsi, "Zorba le Grec" aborde de nombreux thèmes universels, notamment celui de la liberté individuelle. Zorba incarne la liberté dans sa forme la plus pure, rejetant les conventions sociales archaïques et vivant selon ses propres règles. Sa relation avec Basil met en lumière le conflit entre la vie contemplative et la vie active, entre l'intellect et l'instinct. Et le fameux sirtaki, la danse de Zorba, devient un symbole puissant de cette liberté et de cette joie de vivre. À travers la musique et la danse, les personnages trouvent un moyen d'exprimer leurs émotions les plus profondes et de transcender les limites imposées par la société.

Les fabuleux paysages de la Crète jouent aussi un rôle important dans le film, symbolisant à la fois la beauté et la cruauté de la nature, ainsi que la force et la résilience du peuple grec.

"Zorba le Grec" a laissé une empreinte indélébile dans l'histoire du cinéma. Son impact s'étend bien au-delà de sa sortie initiale, inspirant des générations de cinéastes et de spectateurs. Et c’est à juste titre que le film a été hautement salué, à la fois par la critique et le public, pour sa mise en scène magistrale, sa photographie époustouflante et ses mémorables performances d’interprétation.

FILMOGRAPHIE DE MICHAEL CACOYANNIS (LM)

« Le réveil du dimanche » (1954) ; « Stella » (1955) ; « La fille en noir » (1956) ; « Fin de crédit » (1957) ; « Notre dernier printemps » (1960) ; « L’épave » (1961) ; « Electre » (1962) ; « Zorba le grec » (1964) ; « Le jour ou les poissons sont sortis de l’eau » (1967) ; « Les troyennes » (1971) ; « Iphigénie » (1977) ; « Sweet Country » (1986) ; « Sens dessus-dessous » (1993) ;  « La cerisaie » (1999).

DRISS CHOUIKA