Lahlimi-Elalamy : la bataille des chiffres n’a pas eu lieu

5437685854_d630fceaff_b-

1264
Partager :

« La bataille des chiffres » était annoncée. Son deuxième round devait avoir lieu au siège du Haut-Commissariat au Plan à Rabat. Malheureusement, Ahmed Lahlimi, n’était pas en condition. Fatigué le Haut-commissaire au Plan n’a pu que lire rapidement une déclaration préparée avant de s’éclipser

Ce jeudi 29 mars le Haut-commissaire au Plan a présenté les résultats relatifs aux nouvelles thématiques couvertes par la réforme de l’enquête nationale sur l’emploi.

Une bataille reportée

Une rencontre attendue par tous afin d’avoir l’avis concret d’Ahmed Lahlimi concernant les près de « 300 000 emplois crées dans l’industrie depuis 2014 » selon Moulay Hafid Elalamy. Pour le HCP ce chiffre ne dépasserait pas les 70 000. La différence entre les deux chiffres étant quelque peu significative, on attendait une justification pour ces chiffres, soit anormalement bas du HCP, soit anormalement hauts du Ministère de l’Industrie. Malheureusement, le Haut-Commissaire n’était pas en état de débattre et n’a pu que donner une courte déclaration durant laquelle il a pu répondre indirectement au ministre de l’Industrie.

Pas de critique directe, mais juste une mise en exergue de la méthode de « Comptabilité nationale » qui, selon Lahlimi, ne suit pas des préceptes propres au HCP, mais suit des directives internationales élaborées par les Nations-Unies. La réponse n’est pas directe, mais elle insinue tout de même que la méthode du ministère de l’Industrie est soit erronée, soit irrespectueuse des codes internationaux de comptabilité nationale.

Des nouveaux chiffres sidérants

Même si elle a été éclipsée par « la bataille des chiffres », cette présentation était captivante dans la mesure où elle a présenté de nouveaux thèmes et détails dressant une image plus pertinente de la situation de l’emploi au Maroc.

La situation du marché du travail au niveau régional montre ainsi les fortes disparités régionales en termes d’emploi : les régions de Fès - Meknès, Beni-Mellal, entre autres, souffrant d’un sous-emploi plus accentué.

Une nouvelle catégorie démographique a été aussi analysée : les NEET, les ni étudiant, ni employé, ni stagiaire. Une catégorie représentant 30% des jeunes de 18 à 24 ans. Un chiffre alarmant en soit mais qui devient catastrophique quand on prend uniquement sa composante féminine. Plus de 50% des jeunes femmes sont des NEET.

Cette étude a pu aussi confirmer que les taux de chômage les plus élevés ont été enregistrés parmi les jeunes âgés de 18 à 24 ans, parmi les détenteurs d’un diplôme et parmi les femmes. En effet, ces jeunes représentent la catégorie la plus touchée par le chômage avec un taux de 26.5%, 43% en milieu urbain et 11% en milieu rural.

D’un point de vue régional aussi, on remarque que 6 régions sur 12 abritent la quasi-totalité des chômeurs. En 2017, plus de 8 chômeurs sur dix sont concentrés dans six régions du Royaume. La région Casablanca-Settat (25,1%), suivie de Rabat-Salé-Kénitra (17,5%), l’Oriental (11,3%), Fès-Meknès (11%), Marrakech-Safi (9,4%) et enfin, Tanger-Tétouan-Al Hoceima (8,7%).

Autre catégorie récemment analysée, celle des immigrés. Composée d’un tiers arabe, un tiers subsaharien et un tiers européen, ces immigrés sont pour la plupart des hommes, 60%, et près de 75% d’entre eux possèdent un diplôme. Les immigrés sont ainsi mieux formés que les Marocains (45% seulement sont diplômés).

 

lire aussi