A Gaza, près de 20.000 bébés nés ''en enfer'' depuis le début de la guerre, selon l'Unicef

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Une femme sèche un bébé dans une serviette après lui avoir donné un bain, à l'intérieur d'une tente dans un camp de déplacés palestiniens à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 18 janvier 2024, alors que les combats se poursuivent entre Israël et le mouvement Hamas. (Photo par AFP)

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De la vie au milieu de la mort destinée à mourir. Près de 20.000 bébés sont nés "en enfer" dans la bande de Gaza depuis le début il y a plus de trois mois de l'offensive israélienne contre le territoire palestinien, a rapporté vendredi l'Unicef.

"Cela représente un bébé né toutes les 10 minutes dans cet épouvantable conflit", a souligné lors d'une conférence de presse à Genève Tess Ingram, porte-parole du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef).

De retour de Gaza, cible d'incessants bombardements israéliens après l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre contre Israël, elle a relaté plusieurs cas témoignant de la situation cauchemardesque sur place pour les femmes enceintes, les mères allaitantes et leurs nourrissons.

Une infirmière prénommée Webda lui a confié avoir pratiqué des césariennes d'urgence sur six femmes décédées ces huit dernières semaines, et ne plus compter les fausses couches à cause de l'air vicié et la fumée des bombardements.

Elle a aussi relaté le cas d'une Palestinienne enceinte de six mois, Amal, ensevelie sous les décombres lors d'une attaque. Le bébé n'a pas bougé pendant une semaine avant finalement de naître en bonne santé, la veille de la rencontre avec Mme Ingram. Dans le chaos de la guerre, la jeune maman n'avait cependant d'autre choix que de quitter presque aussitôt l'hôpital avec sa petite Sama pour regagner un abri de fortune dans les rues de Rafah.

"Devenir mère devrait être une fête. A Gaza, cela revient à mettre au monde un enfant en enfer", a résumé Tess Ingram, pour qui cela "dépasse l'entendement".

Elle a appelé à une action internationale immédiate face à une situation que "l'humanité ne peut pas considérer comme normale", rappelant qu'elle n'avait eu accès qu'à la partie sud de la bande de Gaza et qu'au nord la situation est "infiniment pire".

"Voir des nouveau-nés souffrir, tandis que certaines mères se vident de leur sang, devrait nous empêcher de dormir", s'est-elle indignée, ajoutant: "Savoir que deux très jeunes enfants israéliens enlevés le 7 octobre n'ont toujours pas été libérés devrait également nous empêcher de dormir".

Parmi les jeunes parturientes qu'elle a rencontrées, Iman lui a confié comment elle avait couru terrifiée dans les rues bombardées de Gaza, enceinte de 8 mois. "Aujourd'hui, 46 jours après une césarienne, elle est hospitalisée pour une grave infection et est trop faible pour tenir son nouveau-né, Ali, dans ses bras", a détaillé Mme Ingram.

135.000 enfants de moins de deux ans menacés de malnutrition sévère

Après l'accouchement, le calvaire ne fait alors que commencer. Tout fait défaut: alimentation, eau potable, soins médicaux, abri adéquat...

Cela se traduit pour les nourrissons "par des taux plus élevés de dénutrition, des problèmes de développement et d'autres complications de santé", indique l'Unicef.

L'organisation chiffre à "environ 135.000" le nombre d'enfants de moins de deux ans menacés de malnutrition sévère.

Le taux actuel de mortalité infantile à Gaza est impossible à savoir, mais "on peut sans problème dire que les enfants meurent aujourd'hui à la fois à cause de la crise humanitaire sur le terrain et à cause des bombardements et des tirs", a ajouté Mme Ingram. "Les mères et les nouveau-nés ont besoin d'un cessez-le-feu humanitaire".

La guerre, qui a dévasté Gaza et déplacé plus de 80% de la population. Plus de 25.000 Palestiniens ont été tués dont près de 11.000 enfants et près de 9.000 femmes. Gaza compte aussi des dizaines milliers de blessés, victimes de la guerre d’extermination menée par Israël contre les Palestiniens.

L'hôpital Emirati de Rafah accueille désormais la grande majorité des femmes enceintes de la bande de Gaza, selon l'Unicef. Mais le personnel, dépassé par la surpopulation et avec des ressources limitées, est contraint de faire sortir les mères trois heures après une césarienne. (Quid avec AFP)

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