Avec Attal nouveau premier ministre, un ‘’homosexuel assumé’’, le président français prépare les européennes et esquisserait l'après 2027

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Fin 2018, l'avocat Juan Branco, un ancien camarade de classe de l'Ecole Alsacienne, un établissement privé d'excellence à Paris, dévoile dans un livre, "Crépuscule", l'homosexualité du jeune macroniste, tout juste nommé secrétaire d'État auprès du ministre de l'Éducation nationale. L'avocat révèle la relation de Gabriel Attal, alors avec Stéphane Séjourné, ex-conseiller politique d’Emmanuel Macron, aujourd'hui chef du parti présidentiel Renaissance. (Photo Bertrand GUAY / AFP)

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En nommant Gabriel Attal à Matignon, Emmanuel Macron, président cambrioleur, selon le titre de l’ouvrage de la journaliste Corinne Lhaïk , fait le pari de la jeunesse et du dynamisme, recette de son propre holdup de l’Elysée, et tente d'armer son quinquennat en vue des européennes et peut-être aussi d'esquisser l'après 2027. 

C’est un homosexuel assumé qui arrive ainsi à Matignon, sans être toutefois un militant de la cause. "Pour ce qui est de l'homosexualité, j'ai toujours considéré qu'on pouvait l'assumer sans la revendiquer", affirme M. Attal.

Poursuivant un parcours fulgurant, porte-parole du gouvernement, ministre du Budget puis de l'Education nationale, Gabriel Attal devient à 34 ans le plus jeune Premier ministre de l'histoire de la République.

"Dans la fidélité à l'esprit de 2017 : dépassement et audace", a lancé le chef de l'Etat en saluant sur X son nouveau Premier ministre.

Dès son arrivée rue de Grenelle, Gabriel Attal a imprimé sa marque avec l'interdiction concession à l’extrême droite, de l'abaya et l'expérimentation de l'uniforme à l'école ou encore la lutte contre le harcèlement scolaire, même si beaucoup de ses initiatives restent à concrétiser.

"Il incarne un élan, une dynamique, une audace dont on avait sûrement besoin", estime un cadre de la majorité.

Gabriel Attal c'est le "Master Gold de la comm", il va "prendre toute la lumière", "faire le délice des médias", renchérit Gaspard Gantzer, ex-conseiller du président François Hollande et spécialiste de communication politique, qui prédit une "Attalmania".

"Extrême loyauté"

Emmanuel Macron avait opté jusqu'ici pour des Premiers ministres peu connus, énarques ou polytechniciens, avant tout fins connaisseurs des rouages de l'Etat.

Il choisit cette fois quelqu'un qui "potentiellement va être plus populaire que lui", au risque de lui faire de l'ombre, pointe Gaspard Gantzer.

Au fil des enquêtes d'opinion, Gabriel Attal s'est imposé, à force d’extrême droitisme crânement assumé, comme le plus populaire des ministres et comme une figure politique dominante de la Macronie.

Il représente aussi "l'extrême loyauté jusqu'au bout des ongles", fait valoir l'expert en communication. "Il a été créé de toutes pièces par Macron. C'est la première fois que le président choisit vraiment un si proche", relève pince sans rire une ministre sortante.

Venu de la gauche, Gabriel Attal incarne aussi l'autorité et la fermeté, des valeurs clés aux yeux de la droite comme du président pour répondre aux défis de la "décivilisation" et des émeutes qui ont embrasé la France en 2023.

Le chef de l'Etat entend ainsi mettre toutes les chances de son côté aux élections européennes de juin, face au Rassemblement national lui-même emmené par un trentenaire, Jordan Bardella.

"Coup de vieux" 

"L'objectif c'est la mère des batailles, les européennes. Ça veut dire aussi que majorité, parlement, réformes pour l'instant ce n'est pas une priorité", estime Benjamin Morel, professeur en droit public à l'université Paris 2 Panthéon-Assas.

En l'absence de majorité présidentielle à l'Assemblée, "on attendait quelqu'un qui soit plutôt un négociateur, un constructeur de majorités", relève le constitutionnaliste.

Or, Gabriel Attal n'a guère de réseaux et peu d'expérience en la matière. De ce point de vue, le ministre des Armées Sébastien Lecornu, issu de la droite, paraissait mieux placé.

Dans l'immédiat, tous les candidats potentiels à la succession d'Emmanuel Macron vont "prendre un sacré coup de vieux", anticipe pour sa part Gaspard Gantzer.

Le chef de l'Etat est-il déjà dans une logique de mettre sur orbite Gabriel Attal pour 2027 ? En le propulsant à Matignon, il le propulse sur le devant de la scène, loin devant Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, voire Edouard Philippe, des candidats potentiels.

En le nommant, il "assume une responsabilité de formation et de promotion de cette génération Macron", souligne-t-on dans l'entourage présidentiel tout en se refusant à faire le lien avec la prochaine présidentielle, à laquelle Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter.

"Aprèsn à moyen terme, trois ans c'est quand même très long et personne n'est jamais passé de Matignon à l'Elysée dans la foulée", rappelle Gaspard Gantzer.

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