Israël-Palestine : Quand Trump met son grain de sel

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Véritable pavé dans la mare du dossier Israélo-Palestinien, la déclaration de Trump a ravivé les passions autour du conflit

Israéliens et Palestiniens déclarant la ville comme capital politique, historique et religieuse, un pacte de paix doit englober le statut de la ville, cela est inévitable.

Le statut de la ville a toujours été l’objet de disputes officielles et officieuses depuis la guerre de 1948. Avant cela, Les nations unis avaient statué sur la question en désignant la ville comme zone internationale spéciale. La guerre de 48 a vu le camp israélien saisir la partie Ouest de Jérusalem, la partie Est, elle, sera annexée lors de la guerre de 1967.

Pour une négociation réussie, il est obligatoire que les deux camps partagent la ville.

Le rôle des Etats-Unis dans l’établissement d’un statut à Jérusalem a toujours été neutre officiellement, officieusement un peu moins.

La Trump Touch

Trump vient juste de mettre un terme à cette neutralité. Le processus de paix semble être plus enlisé que jamais, ce geste impliquant le soutien des Etats-Unis pour l’annexion totale de Jérusalem par Israël. Autant dire que cette décision ne fait pas l’unanimité chez les peuples arabes et palestiniens.

Le négociateur historique du dossier palestinien fut toujours les Etats-Unis. Le semblant de neutralité leur octroyait une certaine crédibilité qui permettait de négocier avec les deux partis. Pour quelle raison Trump l’a-t-il abandonné ?

Surement à cause de la base de son mouvement politique. Les supporters de trump comptent parmi eux une part importante de Chrétiens Évangélistes. Ils sont ouvertement pour une position pro-israélienne des U.S et s’estiment alliés des juifs américains et donc d’Israël. Pour contenter la base de son vote, Trump a choisi ce geste fort.

Allégresse en Israël

Jérusalem en tant que Capitale a toujours été un débat houleux au sein d’Israël. Les enjeux sont historiques et symboliques, et une annexion totale de Jérusalem serait une victoire sans précédent pour le mouvement sioniste. En tout cas cette déclaration, Netanyahu s’en frotte les mains, en plein marasme dû a des affaires de corruption, il pourra déclarer être le premier ministre ayant permis ce « miracle ».

Des ultra-orthodoxe aux mouvements de gauche, tous étaient favorables à cette décision et heureux quant à la déclaration de Trump et ses implications. Cependant d’un point de vue diplomatique, les Etats-Unis sont maintenant totalement isolés sauf par Israël bien sûr, Netanyahou étant le seul à avoir salué ce « jour historique ». Sous-jacent à tout cela, les opérations de rapprochement d’Israël avec différents pays du golfe, rendues obsolètes. L’Arabie saoudite et l’Egypte se retrouvent sous le feu des projecteurs, leurs réactions scrutées et leurs sympathies envers les US, et Israël indirectement, pointées du doigt.

Maroc et Pays arabes, indignation passive

L’Egypte de Sissi, ne peut que garder le silence, vu le soutien apporté par les Etats-Unis. Il en est de même pour l’Arabie saoudite allié historique des américains, leurs garants et protecteurs.

Pour tous les autres pays arabes, on constate un rejet de masse de cette proposition. Cependant qui est en mesure d’apporter plus que de l’indignation, tous les autres pays sont dans une position de faiblesse et montrent leur « mécontentement » par obligation. Les peuples arabes sont outrés, les gouvernements, eux, savent qu’ils n’ont aucune ou très peu de marge de manœuvre.

Nasser Bourritta a appelé au calme et une reprise d’un processus de négociation. Que pouvons-nous faire d’autre à part être spectateur ? Notre camp est déjà choisi depuis Hassan II, il est difficile à assumer mais la diplomatie marocaine se doit de préserver ce secret de polichinellOpposants véhéments

La Turquie a connu récemment un éloignement politique des Etats-Unis (et un rapprochement avec la Russie) et a elle aussi condamné avec véhémence cette déclaration, "J'invite les pays qui défendent le droit international et la justice à reconnaître Jérusalem occupée comme capitale de la Palestine", a déclaré Erdogan. Lors de l’OIC, il a même ajouté que « Jérusalem est sous occupation […] Israël est un état d’occupation et un état terroriste », attaquant de front Israël. Ne laissant pas de côté les Etats-Unis, les accusant d’avoir pris « cette décision tous seuls ».  

La seule nation inscrite dans une opposition directe à Israël, est l’Iran. Force majeure dans la région, elle a bien sûr montré tout son désaccord et prévient que la décision de Trump provoquera une "nouvelle Intifada". L’Iran dénonce aussi la politique saoudienne amicale aux intérêts américains et sionistes, encline à se rapprocher d'Israël. Le prince héritier Mohammed ben Salmane aurait même conseillé à Mahmoud Abbas de renoncer à faire de Jérusalem-Est la capitale du futur État palestinien.

Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah, force politique massive dans la zone, a exhorté « les gouvernements musulmans et arabes à bâtir ensemble la riposte ».

Profitant de la perche tendue par Trump. Hassan Nasrallah à décider de repositionner la priorité politique dans sa lutte historique, celle pour la Palestine, contre Israël « La priorité de  “l’axe de la résistance” », a-t-il déclaré

« L’autorité » Palestinienne

Mahmoud Abbas a réagi avec ardeur, déclarant que Trump avait "offert Jérusalem comme cadeau" au "mouvement sioniste", "comme s'il lui offrait une des villes américaines

Il réfute désormais tout rôle de médiation des U.S : "nous n'acceptons aucun rôle des Etats-Unis" dans le processus de paix, a poursuivi le président palestinien, estimant que Washington était "partial".

"Jérusalem est et restera éternellement la capitale de l'Etat de Palestine (...) Et il n'y aura ni paix, ni stabilité sans cela", a ajouté M. Abbas.

Les déclarations sont fortes, mais trop tardives, 70% des palestiniens en Cisjordanie et à Gaza souhaitent la démission du dirigeant. Et plus de 60 % des palestiniens sont insatisfaits.

Le Futur de la Palestine

Signe d’un changement futur profond, cette déclaration vient enterrer la neutralité américaine. L’influence américaine vient d’en prendre un coup, et le fameux « processus de paix » avançant déjà avec une lenteur exaspérante, vient de ralentir encore plus

Néanmoins les US ont toujours des pions dans l’échiquier

Du côté Israélien, ils sont les garants de leur sécurité et leur fournisseur principal de matériel militaire.

Les US restent une superpuissance à laquelle il est difficile, voire dangereux, de dire non. L’autorité palestinienne est financée par les US. Cependant cette autorité commence à perdre en crédibilité et voit son support s’effriter et s’effondrer au profit des mouvements plus radicaux prônant une confrontation direct, nommément le Hamas, qui semble plus que jamais proche de prendre le pouvoir.

La solution des deux états, semble s’éloigner, et se transforme en fantasme. Les Israéliens sont tiraillés entre deux propositions politiques. Une étant l’acceptation de deux états démocratiques, ce que semble reprouver Netanyahu, l’autre étant un apartheid pur et simple, une subjugation des palestiniens.

Jérusalem étant au cœur de cette négociation, cette déclaration semble avoir précipité Israël vers la deuxième solution. La voie du conflit semble inévitable et l’odeur du sang commence à effleurer les narines.

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