Israël s’attaque à des Etats faillis et cherche l’embrasement générale, soutenue par la passivité complice de la ''communauté internationale’’

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Une boule de feu provenant d'une explosion éclate lors d'un bombardement israélien sur Khan Yunis depuis Rafah dans le sud de la bande de Gaza tôt le 3 janvier 2024, dans le cadre du conflit actuel entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. (Photo par AFP)

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L'armée israélienne, qui prend toutes ses libertés à moindre cout militaire dans les territoires d’Etats faillis, le Liban et la Syrie en l’occurrence avec l’appui des armées et du renseignement occidentaux, particulièrement américains, cherche l’escalade et se dit prête à faire face à "tout scénario" au 

lendemain d'une frappe sur Beyrouth où elle a assassiné le numéro 2 de  Hamas qui a été contraint par Tel-Aviv à l’exil après plus de 20 ans de détention dans les geôles israéliennes. 

Tout se déroule selon un plan de généralisation du conflit dans toute la région avec le dessein à peine dissimulé ‘’d’en finir une fois pour toute’’ avec tout ce qui s’oppose ou pourrait s’opposer à son hégémonie et à celle de ses protecteurs sur l’ensemble de cette région stratégique, avec en ligne de mire, l’objectif de Washington, non pas d’affaiblir l’Iran, mais d’encercler militairement et auparavant économique la Chine.

Bien que n'ayant pas revendiqué l'élimination à Beyrouth mardi soir de Saleh al-Arouri, 57 ans, numéro deux politique du Hamas, Israël est largement considéré comme responsable de la frappe fatale au fondateur de la branche militaire du mouvement.

Désormais, "les forces israéliennes sont dans un état de préparation très élevé dans toutes les arènes, en défense et en attaque. Nous sommes hautement préparés pour tout scénario", a déclaré le porte-parole de l'armée, Daniel Hagari.

Il s'est exprimé mardi soir, peu après l'onde de choc provoquée au Liban par la frappe attribuée à Israël dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, qui a partiellement détruit un bâtiment dans lequel se trouvaient le numéro deux de la branche politique du Hamas et au moins six autres de ses cadres tous tués.

"Un mouvement dont les leaders et les fondateurs tombent en martyrs pour la dignité de notre peuple et de notre nation ne sera jamais vaincu", a réagi Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas, dénonçant "une violation de la souveraineté du Liban" et une "expansion" de la guerre en cours dans la bande de Gaza.

"Risque important" 

Le Hezbollah libanais a prévenu dès mardi soir que "l'assassinat de Saleh al-Arouri" était non seulement une "grave agression contre le Liban" mais aussi "un sérieux développement dans la guerre entre l'ennemi et l'axe de la résistance", expression désignant l'Iran et ses alliés régionaux hostiles à Israël.

"Ce crime ne restera pas sans riposte ou impuni", a ajouté le Hezbollah dont le secrétaire général, Hassan Nasrallah, devait prononcer mercredi soir un discours très attendu. Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a lui accusé Israël de "vouloir entraîner le Liban dans une nouvelle phase de confrontation".

Pour l'analyste Maha Yahya, directrice du Carnegie Middle East Center basé à Beyrouth, "le risque d'escalade est important, mais le Hezbollah s'efforce d'éviter d'être entraîné dans un conflit", a-t-elle dit à l'AFP.

Depuis le début de la guerre d’Israël contre les Palestiniens le 7 octobre, les tensions se multiplient à la frontière israélo-libanaise, en Syrie et en Irak où des bases américaines, engagées aux cotés d’Israël, sont prises pour cible, et en mer Rouge avec des attaques des rebelles Houthis, à nouveau mardi soir selon l'armée américaine, pour freiner le trafic maritime en "soutien" aux Palestiniesn.

Le président français, Emmanuel Macron, a appelé Israël à "éviter toute attitude escalatoire notamment au Liban" lors d'un échange téléphonique, non pas avec Netanyahu, mais avec le ministre israélien Benny Gantz, membre du cabinet de guerre de Benjamin Netanyahu.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a pour sa part qualifié la frappe "d'opération terroriste lâche".

La guerre qui dure depuis près de trois mois a coûté la vie à 22.313 personnes à Gaza, dont près de 7000 femmes et près de 10.000 enfants. La campagne d’extermination menée par Israël contre le peuple palestinien a également fait quelque 70.000 blessé, plus de 1,5 million de déplacés et réduit à 80% Gaza en ruines.

" Il ne vaut pas plus que les autres" 

Saleh al-Arouri, chef en exil du Hamas pour la Cisjordanie occupée, est le plus haut responsable du Hamas tué depuis le 7 octobre. Peu après l'annonce de sa mort, de nombreux Palestiniens se sont rassemblés dans les rues de Ramallah, en Cisjordanie occupée.

"La nouvelle du martyre de (Saleh al-Arouri) est très difficile pour nous, mais il ne vaut pas plus que ceux qui sont morts en martyrs à Gaza et sont plus de 20.000", a dit à l'AFP Diya Zaloum, un jeune manifestant.

Mercredi, les villes de Naplouse et Ramallah notamment se sont arrêtées de vivre, répondant à l'appel de l'Autorité palestinienne demandant aux habitants d'observer une grève générale. Des photos AFP montrent des rues vides et des commerces fermés.

A Arura, petit village au nord de Ramallah, d'où était originaire Saleh al-Arouri, le drapeau vert du Hamas flottait mercredi au-dessus de la maison familiale.

Malgré quelques demandes timorées de cessez-le-feu de la communauté internationale, l'armée israélienne déclare se préparer à des "combats prolongés", qui devraient durer "tout au long de l'année" dans la bande de Gaza.

"Taillés en pièces" 

Dans la nuit de mardi à mercredi, le chef de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a "déploré" des frappes "inadmissibles" sur un hôpital de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, qui ont notamment endommagé des installations locales du Croissant-Rouge palestinien.

Mercredi matin, un journaliste de l'AFP a fait état de frappes sur Khan Younès où le ministère de la santé du Hamas a dénombré de "nombreux" morts.

Les 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza sont confrontés à de graves pénuries de nourriture, d'eau, de carburant et de médicaments. Malgré une résolution de l'ONU, l'aide humanitaire entre au compte-gouttes.

"Cela fait sept jours que je suis ici, je dors sous la pluie, sans tente (...) nous avons dû quémander des couvertures dans des appartements autour", soupire Wojoud Kamal al-Shinbary, qui a trouvé refuge à Rafah, ville jouxtant l'Egypte.

A Jabaliya, dans le nord de Gaza, Sajda Maarouf témoigne aussi de son enfer après des frappes locales: "les bombes s'abattaient sur nous, des gens étaient taillés en pièces (...) nous voulons une trêve, s'il vous plaît, nous sommes épuisés". (Quid avec AFP)

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